militants, écologie et œuvres en musées....
Il semble que les récents actes militants contre des œuvres d’art soient mal compris et mal explicités, aussi je vous propose de résumer la situation.
L’art devenu marchandise au service de quelques-uns
Dans nos musées, c’est un peu l’humanité qui se regarde le nombril et d’auto-glorifie pendant que tout s’effondre. Arrivé à un certain seuil, cela relève de l’indécence.
Ce patrimoine commun est d’ailleurs le secteur de tous les excès en termes de spéculation, mais aussi et surtout d’abus des dispositifs publics via le mécénat, soit pour des montages permettant au privé de se faire financer plus de projets sur les deniers publics, soit pour des marques pour redorer leur blason à moindre frais.
Les sommes en jeu, combinées à une pratique mondiale absolutiste de la préservation à tout prix des œuvres entrées au patrimoine, selon des critères de sélection édictés par une bourgeoisie mondiale et le marché plus que part les historiens de l’art ou le public, est en contraste totale avec l’inaction climatique.
Un patrimoine universel, le culturel, soumis à la propriété privée d’un côté, est préservé, vs un patrimoine naturel qui relève du commun (atmosphère, biodiversité) est surexploité et détruit par les mêmes personnes privées, morales ou publiques. Le contraste est saisissant.
Le sentiment d’injustice, voire d’absurdité, que la situation génère, entraine nécessairement un sentiment de rejet et de révolte.
Au final les actions sont encore sages ! On pourrait craindre des actions plus virulentes qui entraînent la destruction des œuvres ou l’incendie des musées.
Bravo aux militants pour leur calme et leurs actions raisonnables.
Le cœur du message : soyez aussi exigent avec la nature
Pourtant il serait bon de rappeler, et en particulier en France, que les premières lois de préservation du patrimoine ne faisaient pas le distinguo entre patrimoine culturel et naturel. Ce n’est que parallèlement à la globalisation d’une économie de marché que les législateurs développeront un traitement différencié entre les 2.
Aussi, ce que demandent les militants, au-delà de l’expression de la colère face à l’absurdité de la situation, c’est de nous redonner le même niveau d’exigence face au patrimoine naturel et culturel.
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Toucher des œuvres c’est nier leur dimension sacrée, comme nous le faisons pour la nature.
Ne pouvant faire immédiatement que nous traitions le patrimoine naturel avec la même déférence que l’art, les militants sont contraints de faire l’inverse.
C’est un message sensé et puissant, mais nous devons aller plus loin au risque de nous enfermer dans une vision seulement occidentale, et l’art n’est qu’une mince composante d’une certaine culture.
Dépasser la vision occidentale pour réussir la transition écologique et solidaire
En effet ce distinguo nature VS culture structure une pensée occidentale qui explique d’ailleurs pourquoi les rhétoriques économiques sont hors sol en ne considérant que l’économie elle-même, sans tenir compte du contexte naturel, ce que les normes ESG tentent de pallier.
Si on dézoome la corrélation entre destruction culturelle et naturelle est parfaite. L’érosion de la biodiversité suit strictement la disparition des langues locales et des pratiques culturelles diverses au bénéfice d’une standardisation occidentalisée.
Ainsi on comprendra que certaines œuvrent puissent être spécifiquement ciblée comme dernièrement Andy Warhol. Personnellement j’aurais commencé par lui ! Symbole s’il en est de la standardisation et du consumérisme.
Ce que demandent ainsi les militants, ce n’est pas seulement de hisser nos standard et notre mobilisation de moyen au même niveau pour les patrimoines naturels et culturels, mais bien plutôt de refonder notre culture commune dans ses échelles de valeurs, sa vision du monde et sa capacité à intégrer la diversité, le multi local, et le vivant. L’objectif est de faire du vivant une valeur en soit, intrinsèque et sacrée, comme nous avons su le faire pour l’art.
Car ces valeurs, pour les sociétés humaines autant que pour les écosystèmes, sont la clé de leur adaptabilité aux changements en cours, de leur résilience sur la durée, et in fine de leur survie….
Et quand certains utilisent le mot « terroristes », je crois bon de rappeler que c’est ainsi que le régime de Vichy appelait les résistants durant l’occupation….
Alors oui, je soutiens sans réserve ces actions.
illustration : https://www.cnap.fr/art-oriente-objet-lalalie
🔷Responsable Administrative
2 ansL'art est la meilleure passoire pour faire entendre raison sur les problèmes écologiques qui prennent de plus en plus d'ampleur dans le monde d'aujourd'hui. Quiconque nie la puissance des œuvres d'arts dans la campagne de la préservation écologique n'a juste pas compris le message que veut faire entendre les artistes. D'ailleurs le prix COAL semble bien comprendre ces messages écologiques que divulguent les artistes écologistes. En récompensant les meilleurs œuvres d'arts, ce prix promouvoit un engagement écologique et une durabilité des richesses naturelles. Merci pour ce beau poste et ce beau rappel pour un engagement esthétique de la nature. Mes respects M. Fel.