Mise à nu d'une veste, les coulisses d'une fabrication
Il est communément admis que c’est la qualité du tissu qui fait la qualité de la veste et sa durabilité. C’est bien souvent le premier élément souligné par nos clients. L’industrie de la confection et le marketing insistent particulièrement sur ce point, auquel le sujet de cette présente chronique a pour objet de nuancer.
Avertissement : attention ! Nous parlons de confection traditionnelle, artisanale, faite en grande mesure uniquement... La façon de travailler entre l'artisanal et l'industriel est fondamentalement différente. De même, "travailler à la main" pour les tailleurs, c'est l'utiliser la main comme outil, et non la main qui actionne une machine... Notre conseil en ce domaine est de demander à visiter l'atelier attenant, afin de se rassurer sur cette question.
L’utilisation d’une toile thermocollante ou pas, la qualité des cotons, et en général toutes les fournitures utilisées pour l’architecture de la veste sont aussi d’une certaine importance dans la confection. Mais ce qui fait à notre sens la qualité d’une veste est le soin apporté à sa confection, c’est-à-dire l’assemblage des éléments de celle-ci et la qualité de la réalisation des éléments la constituant. Pratiquant quotidiennement la confection traditionnelle nous vous en exposons les grandes étapes.
Incidemment, à chaque étape, l’apiéceur et l’ouvrier tailleur effectuent des étapes de préparation de l’élément de la veste, de l’assemblage puis de fixation.
Après la coupe, des points dits « de bouclette » sont posés sur le tissu plié en double épaisseur : Cela permet pour les éléments gauche et droit de la veste d’avoir un calque parfait des deux côtés de la forme de la veste. En cas de motifs ou de carreaux, ils doivent être ajustés parfaitement.
Avant d’assembler le petit côté à côté de la pince (sic), celle-ci est à faire : le raccord des motifs est encore aussi délicat. Ces éléments combinés à la mise sur toile, sont des détails dont seules les imperfections sont visibles par les yeux initiés.
Cette dernière étape consiste à poser la laine de la veste sur une toile piquée et formée au niveau de la poitrine. La pose du bâti (fil de coton) les fixant ensemble doit se faire dans le respect du « droit fil », avec, à certains endroits un petit peu de souplesse entre la laine et la toile, permettant entre autres d’avoir un bas de veste qui tourne vers l’intérieur : Si cette souplesse particulière n’existait pas, la veste s’ouvrirait vers l’extérieur…
Après la réalisation des poches extérieures et la préparation de la « garniture » (intérieur des devants de veste), cette dernière est posée, piquée, retournée et fixée. Ces étapes, dont la piqure que vous voyez sur le bord du revers de votre veste doit se faire méticuleusement avec toujours à certains endroits la répartition d’une souplesse. Des points de fixation, par exemple piqués au bord du revers à une distance précise, doivent être délicatement posés, ce que seules les mains du tailleur peuvent réaliser, en fonction du poids et du toucher du tissu.
Parallèlement, les manches et les cols sont préparés. L’utilisation du fer tailleur forme les tissus et toiles utilisées. Comme pour le dos où le tissu est formé pour les omoplates, les manches sont formées au fer et à l’eau au niveau du coude. De son côté, la toile intérieure du col et la « couverture » de celui-ci (le lainage de la veste) sont formés en fonction de la courbure du col du sujet.
Le montage des devants et du dos, leur fixation puis le montage du col et des manches ouvrent la voie aux travaux de finition où, parmi d’autres opérations, le boutonniériste intervient : Ouvrant puis surfilant manuellement les boutonnières de l’avant et des manches, cette étape ne souffre d’aucune défaillance. Une boutonnière de devant réalisée à la main doit être aussi régulière qu’une boutonnière machine, mais plus belle. Dans le cas contraire, le devant ou la manche ratée doit être refaite…
Cet aperçu, forcément rapide, du montage de la veste laisse apparaître plusieurs enseignements : L’intégralité des points de couture ont une fonction utilitaire et non principalement décorative. Travaillant à plat pour un résultat « en relief », les assemblages doivent alternativement être posés selon des pressions différentes, pour des résultats précis. Et enfin, l’essentiel des opérations de préparation nécessitent un soin méticuleux afin que l’assemblage et la fixation des éléments soit les plus précis et beaux possibles. Derrière la technique, le Beau demeure l’objectif !
Benoit Aguelon
Article initialement paru dans les publications du Groupe Le Petit Versaillais
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Responsable de production PAP Maille & Jersey chez BALMAIN
6 ansMarine Harduin
Responsable du développement commercial, Communication digitale, Marketing, Press and Public Relations, promo, event, management d'artistes
6 ansMerci pour la visite !