Mon déclic écologique
J’ai grandi dans une ferme dans l’Aveyron et à cette époque là, je n’avais pas conscience de toutes les valeurs qui m’étaient transmises.
Mon père était dans une agriculture raisonnée, il élevait 20 vaches et avait des équipements modestes pour travailler la terre. Il a toujours fait le choix de ne pas emprunter de l'argent pour avoir un plus gros tracteur ou des machines plus performantes afin de rester libre et de ne pas rentrer dans un système de devoir produire plus, travailler plus, gagner plus et rembourser un crédit.
Après les journées à l’école et pendant les vacances, avec ma sœur, nous donnions un coup de main à mes parents pour : aller chercher les vaches dans le pré, sortir ou rentrer les oies, donner à manger aux animaux : oies, poules, lapins, chiens, chats, cochons.
Ou encore soutenir mes parents lors du vêlage des vaches, aider les nouveau-nés à téter. Les vaches avaient chacune leur prénom, ainsi que les chiens et les chats. Cela passait aussi par prodiguer des soins aux animaux. En passant du temps avec eux, je tissais une relation proche, cela m’arrivait de leur parler et de me confier à eux, j’avais l’impression qu’ils me comprenaient mieux que personne.
Je contribuais aux travaux dans les champs : ramasser le maïs, planter les pommes de terre, enlever les gros cailloux de la terre et de mai à juillet, c’était la fenaison et la période de récoltes au jardin. Et puis j’assistais mon père pour fendre le bois et faire les réserves pour l’année et pour l’entretien des machines agricoles en aidant au graissage de celles-ci.
J’ai appris à identifier les champignons, les plantes et les arbres.
Nous collaborions avec la nature et avancions au rythme des saisons, c’est tout cela que ma sœur et moi avons reçu grâce à mes parents et mes grands-parents.
Et puis j’ai quitté la ferme pour continuer mes études à Toulouse en 2000 et pendant 10 ans, j’ai vécu au rythme de la consommation.
Premier studio, premières grandes sorties toulousaines by night, premier job, premiers salaires, je me construisais une identité avec ce que je gagnais et ce que je faisais et au fur et à mesure je me déconnectais de tout ce qui m’avait été transmis, pour me connecter au temple de la consommation.
Mon premier déclic de la crise écologique a été en 2010, lorsque j’ai fait un burnout, j’ai pris conscience que ma vie n’avait plus de sens.
Une crise existentielle avait pris place et celle-ci m’a ramené à ma nature, m’a permis de me relier à mes choix et non ce que je pensais devoir faire ou être pour évoluer dans la société, pour rentrer dans le moule, je suis donc sortie du moule.
Et c’est en me reconnectant à ma nature que j’ai redécouvert le vivant à l’intérieur de moi et autour de moi.
J’étais émerveillée d’entendre le chant des oiseaux, d’observer le vent tournoyer dans les arbres, d’admirer le ciel et contempler la terre, comme si je découvrais tout cela pour la première fois.
Mon deuxième déclic s'est fait lorsque j’ai visionné un reportage sur les pesticides à la télévision de mémoire en 2017 et que je me suis posée la question : Qu’est-ce que je peux faire en tant que citoyenne pour contribuer à un monde meilleur ?
Alors j’ai commencé à me documenter sur l’état de notre planète et avec mon compagnon nous avons modifié certains comportements au niveau de notre habitat et de notre façon de consommer.
Au fur et à mesure, nous avons remplacé le liquide vaisselle par du savon de Marseille, nous avons arrêté d’acheter du papier essuie-tout et avons opté pour des serviettes en tissu. Nous avons réintroduit les savons à la place du gel douche et du shampooing, ainsi que les gants au lieu des éponges plastiques pour se laver le corps. Nous réutilisons les sacs de congélation, stockons l’eau qui coule dans la douche le temps que celle-ci soit chaude et la réinjectons dans nos toilettes. Nous avons diminué notre consommation de viande et portons une attention particulière aux produits que nous achetons en privilégiant les producteurs locaux et le bio. Nous bannissons notamment l’huile de palme, le thon, avons réduit considérablement l’achat de saumon et continuons chaque jour d’inverser la tendance à notre échelle.
Dès qu’une occasion nous est donnée de changer une habitude de consommation, nous mettons cela en pratique.
En janvier 2018, suite à un film « L’intelligence des arbres » que nous étions allés voir à plusieurs, un dimanche, j’ai lancé un groupe Facebook « Opération nature ».
En effet, nous avions été capables de nous réunir autour d’un film, alors pourquoi n’en serions-nous pas capables pour servir une cause et nourrir des aspirations pour certains, en étant plus proche de la nature.
Une activité qui permettait de nourrir nos besoins : pour certains se reconnecter à la nature, pour d’autres se mettre en mouvement, marcher, s’ancrer à la terre, respirer l’air de la nature, se retrouver ensemble avec des valeurs communes, se rencontrer, à raison d’une fois par mois, le dimanche matin et en même temps servir une cause plus grande, la nature, en ramassant les déchets qui la jonchaient.
Nous avons réalisé cela jusqu’en 2020 et ensuite avec le Covid, nous avons arrêté.
Mon troisième déclic a eu lieu lorsque j’ai entendu une représentante du peuple Diné (Navajo) lors d’une conférence au Festival de Chamanisme à Genac en 2019 qui expliquait que nos comportements, notre façon de consommer avaient des conséquences graves sur leur peuple et l’ensemble des peuples premiers de la planète. Cela a résonné en moi durant des semaines jusqu’à ce que l’idée de réaliser des interviews naisse, cependant cela restait encore flou.
Je suis allée voir une exposition sur l’Amazonie au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse en 2019 et j’ai découvert plus en détails le chef Raoni et son peuple qui se battaient contre la déforestation, la construction de barrages et mes larmes n’arrêtaient pas de couler en voyant leur combat.
J’ai continué à me renseigner sur le climat en participant à des conférences, des fresques (Fresque du Climat, Atelier 2 Tonnes, Fresque des nouveaux récits, Fresque du Facteur Humain, Fresque de l’alimentation et j’en ai d’autres en vue), en étant bénévole sur des festivals (Festival FREDD notamment), en participant à Expérience d'un groupe d'action climatique | The Week, en lisant des livres et en voyant des documentaires et chaque occasion d’apprendre, de modifier un comportement et de passer à l’action, je la saisis.
Le slam me permet de transmettre des messages sur le vivant dès que j’en ai l’opportunité. Je me suis engagée en tant qu’artiviste au sein d’un collectif le bruit qui court en 2022 afin d’utiliser l’art pour faire bouger les lignes.
Cette même année, nous avons alerté, sensibilisé par l’art à Arles sur l’état du vivant et avons créé une déambulation artistique pour informer et interpeller les citoyens quant à un projet de contournement autoroutier à Arles qui allait détruire une partie de la biodiversité en Camargue.
Et en 2021, j’ai repris le projet d’interviews auquel j’ai su donner une direction en créant une web-série Agit-a(c)teurs pour sensibiliser, inspirer et passer à l’action.
Mettre en lumière des personnes qui agissent dans leur quotidien pour un monde plus respectueux du vivant et qu’ainsi à travers leur témoignage cela inspire à passer à l’action.
Le premier tournage a eu lieu sur Paris en novembre 2022 et le premier épisode est sorti en mars 2023. Aujourd’hui le 6ème épisode est en cours de montage et va bientôt paraitre.
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Je vous invite à découvrir les différents épisodes sur YouTube : Agitacteurs - YouTube
Dans cette période critique dans laquelle nous sommes, où nous sommes arrivés à un essoufflement, un épuisement global à différents stades, à une destruction de notre planète et du vivant qui nous entoure et auquel j’appartiens, j’ai décidé d’agir.
Dans cette période qui peut faire peur, qui est incertaine, c’est dans cette même période que je me sens la plus utile et la plus vivante.
Certains diront que c’est à l’Etat, à nos politiques de bouger, aux grosses industries à prendre des mesures conséquentes, alors oui et je crois aussi en notre pouvoir personnel en tant que citoyen faisant partie de la cité qui a la capacité de faire bouger les lignes.
Le changement à un niveau sociétal pour un monde plus respectueux du vivant ne peut se faire qu'en changeant nos comportements, nos habitudes de consommation, de déplacements et de pensées, de manière groupée.
Avec une prise de conscience du vivant à remettre au cœur de nos vies et de notre quotidien afin d’avoir un impact positif sur notre devenir.
Je crois en l'Humain, en son potentiel, en sa capacité de résilience, et en sa force et je crois aussi à la force du collectif, à la puissance d'une seule et même énergie tournée vers un même but et une même direction, orientée vers un futur commun plus respectueux du vivant et de la planète.
Et cette même énergie, elle commence à l’intérieur de nous, en nous reconnectant à ce qui vit à l’intérieur de nous et qui ne demande qu’à jaillir.
En nous reliant à notre lumière, notre essence, notre nature, ce pour quoi nous sommes sur Terre, ce pourquoi nous sommes sur Terre, la lumière se fera, l’essentiel de la vie apparaîtra sous nos yeux.
Nous sommes tous reliés et chacune de nos actions a un impact sur l’autre, les autres, la planète. Aussi cela nous emmène à nous questionner sur nos comportements et nos actions au quotidien.
Certains diront que la nature se régénérera d’elle-même et qu’elle n’a pas besoin de nous, oui je suis d’accord qu’elle ne nous a pas attendu et qu’elle ne nous attendra pas pour le faire.
Toutefois lorsque je regarde la nature, les espèces qui disparaissent, j’ai mal quant à ce que nous lui faisons subir.
Cette Terre-Mère qui nous accueille, nous abrite et que nous ne respectons pas.
N’entendez-vous pas ses cris, ses pleurs, sa colère ?
Dans mes croyances la planète a un cœur, elle respire, ressent.
Avec cette biodiversité qui est touchée, les océans pollués, des arbres décimés, une extraction et une consommation à outrance, des températures insoutenables dans certaines parties du monde, notre planète nous révèle son état de santé.
Chaque fois que j’inflige un coup à la nature, c’est à moi-même que j’inflige cette même meurtrissure.
Certains penseront que c’est pour « sauver ma peau » que je suis dans l’action, oui c’est possible aussi, mais au-delà de cela, je pense à ces générations qui sont arrivées après moi et qui arriveront encore après.
Est-ce que j’ai envie de leur léguer une poubelle ? Une planète appauvrie à tous les niveaux ?
Ou est-ce que j’ai envie de leur transmettre le meilleur pour que ces nouvelles générations évoluent paisiblement et dans de bonnes conditions ?
Le choix est vite fait.
Nous sommes des agit-a(c)teurs, ensemble agissons pour un avenir, à venir plus respectueux du vivant.
Ce que j’ai reçu de la part de mes parents et grands-parents est précieux et j’ai à cœur de contribuer à un avenir et devenir plus respectueux du vivant et j’axe de plus en plus l’ensemble de mes activités vers cela.
Le vivant est l’affaire de tous.
#COP29 #GreenerTogether #LinkedInActualités
Crédit photo : Sonia SUAU
Consultante Produit Numérique Responsable | Product ownership et Design Sprint pour des projets à impact 🍃| Fondatrice de Product for Good | Rédactrice
2 moisTrès beau, merci Sonia
Dirigeants de TPE-PME : je vous aide à rendre vos équipes plus motivées, autonomes et engagées dans l’atteinte des objectifs 👉 Consultante – Coach de dirigeants et managers – Experte en management RH
2 moisBravo Sonia pour ton engagement en faveur de l'environnement et de la sensibilisation du plus grand nombre 🤩
Consultante Fonctionnelle SIRH / ERP / AMOA / Support Clients
2 moisSonia SUAU merci pour ce partage de ton parcours de vie et de tes engagements. Personnellement, mon 1er déclic a eu lieu en 2003, l'année de la canicule et de la naissance de mon fils puis en mai 2022 lors d'une conversation avec ma fille lors d'une période de fortes chaleurs en région toulousaine. J'ai modifié certains de mes comportements mais pour être honnête, j'ai parfois le sentiment que c'est une goutte d'eau dans l'océan. Qu'ont fait les gouvernements en France et dans le monde depuis 30 ans ? Je suis inquiète pour le futur des générations nées au XXI ème siècle.
Merci pour ce témoignage important. Qu'il puisse ouvrir les consciences