Mon enfant, l'école et moi
- « Et l’école ça va ? »
- « Plus que un mois avant les examens, il est temps de s’y mettre, tu ne crois pas ? »
- « Et qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? »
Voici trois questions que vous pouvez rayer de votre liste, que vous pourriez avoir intérêt à ne plus jamais prononcer.
Pourquoi ?
Parce que ce sont des questions qui révèlent votre angoisse de parents, votre désir de voir votre enfant avancer dans la vie, votre peur qu’il n’y arrive pas.
Ca ne fonctionne pas. On ne fait pas pousser une fleur en tirant dessus. Au contraire, ces questions ne font que transmettre votre angoisse, figer votre enfant dans la peur et la paralysie. Dans les familles qui fonctionnent bien, ces questions ne sont jamais posées, sauf par une lointaine cousine à l’occasion d’une fête de famille.
Les questions qui fonctionnent en éducation, ce ne sont pas des questions qui révèlent notre angoisse, mais des questions qui montrent notre curiosité, qui transmettent notre passion pour la vie, notre amour des êtres et des choses.
- « As-tu vu la peinture en trompe-l'œil à l’arrière de ce camion ? »
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- « Tu entends le basson, c’est très différent du son de la clarinette qu’on entend juste avant ! »
- « Tu as vu comme les gens ont rit à force d’entendre Scapin répéter : ’Mais que diable allaients ils faire dans cette galère !’ ? »
Ces questions possèdent trois caractéristiques. Elles sont :
1. Plus factuelles, donc moins abstraites, moins vagues, moins orientées sur le très long terme. Autrement dit orientées vers l’observation de ce qui nous entoure ici et maintenant.
2. Articulées à notre plaisir de sentir, de percevoir, d’observer le monde, les choses, les situations et les êtres. Elles révèlent l’acuité de notre sensibilité. Par elles, nous tentons de partir à la rencontre de la sensibilité de notre enfant.
3. Détachées d’un objectif de résultat. Ce ne sont pas des questions qui révèlent une attente, mais des questions purement contemplatives, gratuites, sans intention cachée. Elles peuvent découler d’une simple observation des objets, de l’écoute d’une musique, du visionnage d’un film ou d’une pièce de théâtre. Mais, de manière générale, elles engagent la dimension esthétique et artistique de notre existence, le plaisir de la sensation, l’expérience de la sensibilité, notre ouverture au monde.
Heureux les enfants qui baignent dans une athmosphère remplie de questions de cet ordre. Leur éducation, leur croissance, leur capacité à s’émerveiller, leur envie de chercher à comprendre, à se pencher sur la grammaire, les mathématiques, la biologie ne peut qu’augmenter avec le temps.
Pour réussir à l’école, vos enfants n’ont pas besoin que vous leur parliez de l’école, mais simplement que vous vous serviez de tout ce qui survient dans votre expérience quotidienne pour vous connecter, pour les connecter aux sujetss qui, indirectement se rapportent aux contenus de l’enseignement: le miracle de la vie (chimie, biologie, théologie...), la beauté des œuvres d’art (géométrie, techniques, stylisme…), les infinies nuances de la communication orale et écrite (littérature, grammaire, logique, mathématiques…).