Monsieur Anctil, avez-vous un truc contre les mains moites?

Monsieur Anctil, avez-vous un truc contre les mains moites?

C’était il y a quelques années. Il est 20 h 30, je suis au bureau. Quand on fait ce qu’on aime, on ne voit pas le temps passer. La sonnerie du téléphone me confirme que j’ai eu raison de m’y attarder. Au bout du fil, Jean-Pierre, homme d’affaires en panique. « Monsieur Anctil, à la fin de la semaine, je dois présenter le premier ministre devant 500 personnes lors d’un banquet. Beaucoup de dirigeants d’entreprises seront présents. Juste à y penser, j’ai les mains moites. Avez-vous un truc pour ça? » Ma réponse, aussi rapide que sa question, l’a tout de suite rassuré. « Bien sûr que j’ai un truc. Après une ou deux rencontres de 60 minutes, vous n’aurez plus du tout ce problème ».

Quelques jours plus tard, Jean-Pierre se présente chez Communication Jean Malo, sûr de recevoir la potion magique qui lui permettra d’assécher ses mains au moment de prendre la parole devant 501 personnes (il ne faudrait quand même pas oublier le premier ministre). Il a apporté son discours. J’installe le lutrin, le micro, la caméra et lui demande de s’exécuter. Certains passages accrochent dans sa présentation. Nous retravaillons le texte. Il aime les modifications apportées, ça le rend plus à l’aise, plus confiant. Puis, nous visionnons sa présentation. Je lui fais remarquer qu’il est trop collé à son texte, qu’il ne regarde pas assez l’auditoire. De plus, il a tendance à s’appuyer sur le lutrin, comme si c’était une béquille. Il quitte également le champ du micro, ce qui constitue un irritant pour l’auditoire qui risque de perdre des portions du discours.

Finalement, je dessine un bonhomme sourire en haut de la première page de son discours. Une sorte d’aide-mémoire au moment de s’adresser aux gens. Le fait de sourire d’entrée de jeu à son auditoire chasse presque toute la tension que nous ressentons lorsque vient le temps de prendre la parole en public. Jean-Pierre me refait son discours une dernière fois. Sa présentation est maintenant impeccable. Lors du dernier visionnement, je vois ses yeux briller de satisfaction. Il sait à présent qu’il est l’homme de la situation. Avant de nous quitter, je lui rappelle l’importance de faire ses exercices faciaux et ses vocalises. On ne demande pas à un athlète de courir le 100 mètres sans se réchauffer. Le principe est le même en communication orale. Je lui suggère également de prendre un moment de la visualisation chaque jour. Les yeux fermés, il doit se voir debout devant son auditoire. Les gens lui sourient, l’applaudissent, le premier ministre lui serre chaleureusement la main avec un sourire de satisfaction à la fin de sa présentation, etc. « Mais, on n’a pas parlé des mains moites » me fait remarquer Jean-Pierre. « Les gens préparés n’ont pas ce problème. Et comme tu es maintenant prêt… »

Au lendemain de sa présentation, c’est à un conquérant aux mains sèches que je me suis adressé. Tout s’est très bien passé. Quelques mois plus tard, j’ai croisé le premier ministre dans les studios de radio où je travaillais. Il m’a confirmé avoir été très bien présenté. La préparation est vraiment la clé du succès en communication orale. N’hésitez pas à demander un coup de main.

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