NÉGOCIER SON SALAIRE À L'EMBAUCHE Comment aborder la question du salaire pendant un entretien de recrutement ?

Bien que ce ne soit pas la majeure préoccupation quand on est à la recherche de son premier emploi, c'est une considération qui doit être prise en compte. Ne perdez jamais de vue que l'attitude fondamentale à tenir est celle d'un « prestataire de services ». Le salaire fait donc partie des questions à aborder si les indications ne vous ont pas été fournies.

La période la plus adéquate se situe à la fin de l'entretien, avant la  conclusion. Il vous suffit d'aborder la question sous une forme etun ton très naturels :

« Vous ne m'avez pas encore informé sur la rémunération... »« Maintenant que nous avons traité l'essentiel des questions poste, pourriez-vous me donner un aperçu du niveau de salaire prévu ? »

- N'attendez pas des informations trop précises lors d'un premier entretien. Même quand il s'agit de quelqu'un qui débute, il est fréquentque l'employeur veuille en connaître suffisamment sur lapersonne qu'il engage pour arrêter définitivement le niveau derémunération. Il n'y a guère que dans les grandes entreprises, où leschoses sont codifiées en fonction d'un niveau d'études et desconventions internes, que les choses sont arrêtées à l'avance etintangibles.

- Dans bien des cas, cependant, la question aura été anticipée par lerecruteur si cette information ne figure pas sur l'annonce :

« Quel niveau de rémunération recherchez-vous ? »Il se peut même que votre interlocuteur réagisse ainsi lorque vouslui demanderez quel est le salaire prévu pour le poste.Ce type de question est toujours un piège pour quelqu'un qui n'apas encore un salaire personnel de référence.Pour la traiter correctement, il faut y avoir réfléchi auparavant.

- Quoi qu'il en soit, l'attitude à tenir sur le sujet est de situer unniveau de départ :

« Je souhaite un salaire minimum de... pour débuter ».Le plus important est d'avoir des informations sur vos perspectivesraisonnables d'évolution en fonction de votre profil et de la politiquede l'entreprise à ce propos. Les employeurs sont plus ouvertsà des évolutions de rémunérations sensibles quand un collaborateura fait ses preuves qu'à un salaire de départ supérieur à ce qu'ilsont prévu.

 Sachez parler d'argent

Lorsque vous voulez indiquer un niveau de rémunération, ne donnezpas un chiffre précis. Exprimez votre estimation sous forme d'une fourchette relativement serrée (80 à 83 000 CHF par an, par ex.). Si vous donnez une fourchette à CHF10 000 près, vous ne serez pas crédible dans le cadre d'un poste de début de carrière.

- Retenez que...

La rémunération doit être formulée en total annuel et non par mois.Certaines entreprises paient leur personnel avec un 13e, voire un14e mois. La rémunération mensuelle ne veut rien dire dans ce cas. La rémunération s'exprime sous une forme globale, toutes primes, congés payés et mois supplémentaires confondus. Annoncez 80 à 83 KCHF /an (1 KCHF = 1 000 francs..) ou 23 à24 000 CHF par an.Le chiffre à annoncer est un chiffre brut, c'est-à-dire avant déductiondes charges sociales du salarié. Ne parlez surtout pas d'un salaire net,c'est un langage que l'entreprise ne comprend pas. Elle ne parle qu'en montant brut.

Les réponses à éviter

- Ne rien dire. Certains candidats hésitent à donner leur salaire actuel, une attitude risquée  : « Le recruteur en déduira qu’aucune relation de confiance n’est possible ». En effet, lors d’un entretien d’embauche, la confidentialité est le maître mot. Dès lors, ne soyez pas gêné et parlez avec franchise. De plus, sachez que vous pourrez toujours négocier pour obtenir davantage si votre profil intéresse le recruteur.

- Restez factuel. De même, à la question « quel salaire espérez-vous ? »,je vous conseille de ne pas répondre par « Et vous, que me proposez-vous ? », car cela passerait pour un manque d’assurance. A bannir également les expressions telles que « Ah, j’aimerais bien un peu plus que mon salaire actuel… » ou encore « Vous savez, le pouvoir d’achat en ce moment… ». « Les salaires, ce sont des chiffres, pas des mots », conclut-il.

- Jouez le jeu de la négociation. Quoiqu’il en soit, attendez-vous à devoir ensuite négocier : rares seront en effet les recruteurs qui accepteront d’emblée votre proposition. Armez-vous dès lors d’arguments pertinents, jusqu’à une certaine limite cependant : l’employeur a lui aussi un budget salaire à respecter et ne peut aller au-delà. Tout l’art étant de sentir dans quel camp est la balle, si vous êtes en position de force ou non.  

L’aménagement des horaires, la mise à disposition de matériel informatique, une formation diplômante ou encore l’octroi d’une mutuelle avantageuse sont autant d’éléments à prendre en compte dans un package global de rémunération. Des bonus a priori "annexes" qui tendent pourtant à prendre une importance croissante.

Les rapports et études qui se succèdent dressent tous le même constat: S'il est possible de voir son salaire augmenter, la conjoncture n'est cependant pas favorable à des augmentations salariales. Mieux vaut donc se pencher sur ce qui touche à la rémunération indirecte. « Lorsqu’il n’est pas possible pour une entreprise d’envisager une augmentation salariale, celle-ci peut opter pour l’octroi d’avantages aussi divers que la voiture de fonction, les bons d’essence, la mutuelle, une flexibilité plus grande en termes d’horaires de travail », Autre piste : les formations

- Plus que de politiques salariales, on parle désormais de véritable stratégie de rémunération au sein de l’entreprise. La rémunération n’est plus seulement synonyme de salaire fixe ou variable, elle s’est enrichie de nombreuses composantes, notamment en ce qui concerne le développement des compétences des salariés. « Dynamiser l’entreprise et le capital humain par l’octroi d’un budget de formation professionnelle individualisé est profitable aussi bien pour l’employeur que pour l’employé ».

Des avantages qui coûtent chers...

- Tous ces avantages restent toutefois assujettis à la taille et aux moyens de l’entreprise, car ils peuvent représenter une charge financière importante pour l’employeur. La mise en place et la gestion de certains dispositifs ont un coût que seules les grandes structures peuvent supporter. « Une petite PME, par exemple, touche rarement aux salaires mais mise sur la mutuelle, les tickets-restaurants ou la voiture de fonction, qui sont de vrais vecteurs de motivation, ainsi que sur un système d’intéressement avantageux en termes de fiscalité ».

A défaut d'argent... plus de temps ?

- Le temps, c'est de l'argent.... Introduire une notion de souplesse dans l’organisation du temps de travail en proposant, par exemple, une part de télétravail, est aussi une manière, pour l'employeur, de montrer son implication dans la qualité des conditions de travail de ses salariés. La conciliation travail-vie privée est un concept qui reste d’actualité pour les cadres qui ne comptent souvent pas leurs heures, et apprécient d'autant plus d'en disposer davantage pour leur famille.

Témoignage : « Un échange de bons procédés »

Actuellement en poste à Villeurbanne, Stéphane Calissan, ingénieur systèmes et réseaux, était en recherche d'emploi en septembre dernier. Il revient sur le déroulement des négociations salariales lors de ses entretiens d’embauche.

Lors de vos entretiens d’embauche, avez-vous négocié votre rémunération ?

Étant donné la conjoncture, j’avais bien conscience que négocier sur le salaire fixe serait un peu délicat et, n’étant pas commercial, la part de mon salaire variable reste peu élevée. J’ai donc dû négocier sur d’autres aspects.

Quels avantages avez-vous négociés ?

En tant qu’ingénieur en informatique, je me suis plus axé sur des avantages tels que le matériel informatique, l’acquisition de logiciels récents ou l’abonnement à des revues spécialisées.

Et qu’avez-vous obtenu ?

Le DRH m’a donné son feu vert quant à l’octroi de quelques heures par mois afin de tester de nouveaux logiciels achetés par l’entreprise sur mes conseils. Sous condition de rédiger des rapports détaillés sur l’apport de ces logiciels pour la société, il m’a même proposé de le faire à mon domicile, ce que j’ai bien entendu accepté. Et pour mes abonnements, il a accepté sans discuter.

En somme, cela reste un échange de bons procédés ?

Complètement, cela va dans le sens de l’entreprise et du salarié. Personnellement, cela me permet de mettre à jour mes connaissances techniques et d’avoir une plus grande souplesse horaire. Mais c’est aussi un bénéfice indéniable pour une SSII novatrice qui se doit de s’adapter constamment aux évolutions de l’univers informatique en ayant des collaborateurs bien formés.