Naissance d'une vocation
"On ne naît pas femme, on le devient", ce qui est formidable avec cette citation, c'est qu'elle s'applique à tout ce qui nous définit, tout ce que nous sommes aujourd'hui est la suite d'un cheminement et il est souvent très intéressant de se remémorer le chemin et comprendre quelles choses souvent insignifiantes, nous ont amené là où nous sommes.
Je suis designer spécialisé en lunetterie depuis maintenant 13 ans et, non, je l'avoue, la lunette n'a pas bercé mon enfance. S'il y avait une chose à choisir comme élément déterminant à cette carrière, je dirais que c'est une chaise qui a tout déclenché.
"Une volonté de direction"
Mon enfance se résume à très peu de chose, dessin, dessin et encore un peu de dessin. J'adorais dessiner et non, le dessin n'est pas un don du ciel qui s'inscrit dans nos gènes à la naissance, c'est le goût de la pratique qui mène à la dextérité. (mais c'est un autre débat.) En tout cas, cette pratique assidue avait fait naître ma vocation: à 10 ans je savais que je serai "dessinateur". J'ai pris soin de laisser une large place aux arts-plastiques dans ma scolarité et c'est à 15 ans que j'ai rencontré pour la première fois un designer.
Il m'a expliqué que le dessin était une étape prépondérante de son métier et que savoir illustrer graphiquement une idée, un concept est la qualité première du designer. À cette époque, j'écoutais vaguement les mérites de ce métier qui me paraissait tout de même bien technique et surtout bien moins créatif que les artistes peintre du XXème siècle que j'admirais. Mondrian lui, m'inspirait beaucoup, l'abstraction géométrique et structurée de ses toiles, le minimalisme dans la représentation, tout cet univers quadrillé dans ces lignes noires… J'adorai.
Je me suis quand même penché sur la question du design, ce métier tout neuf que l'on venait de me faire découvrir valait peut-être la peine de s'y intéresser. C'est ainsi au hasard des pages d'un bouquin traitant du sujet que je tombe sur la "chaise rouge et bleue" de Rietveld. C'est à ce moment précis qu'une connexion s'est faite, un déclic comme un choc intérieur. Toute l'émotion que me procuraient les tableaux de Mondrian, toute la géométrie, tout son univers était là, non plus sur une toile, mais dans une chaise ! Un objet concret et utile, l'architecture même de l'objet était devenu le tableau. Le design avait donc ce pouvoir de déclencher des émotions.
Plus tard, je découvris encore d'autres créateurs inspirés de Mondrian (Yves Saint-Laurent entre autres) ou même des marques comme l'Oréal qui reprenait l'univers graphique du peintre à leur compte. Je découvris aussi les nombreuses facettes de ce métier, mais c'est bien ici que ma vocation est née. J'allai être designer moi aussi et à 15 ans, quand l'on a une idée en tête…
Il suffit parfois de pas-grand-chose pour trouver sa voie, deux images, deux univers qui se télescopent et la foudre qui jaillit ouvre le chemin. Cet événement pourrait sembler anecdotique et il le serait si je n'avais pas compris qu'il était à l'intersection de tout ce qui m'anime aujourd'hui. Bien sûr, ce chemin n'est pas toujours simple même encore aujourd'hui. Je pourrai encore évoquer d'autres rencontres, d'autres événements qui m'ont amené sur le chemin de la lunetterie, mais j'en traiterai probablement dans un prochain article où il sera question de la spécialisation.
Le "why" comme moteur de son activité
Vous aussi, vous avez certainement un souvenir déterminant qui vous a amené là où vous êtes, en prendre conscience pour continuer à avancer dans nos activités est très important, c'est ce que beaucoup appelle notre "why". Il constitue une brique maîtresse de nous-même dont il faut prendre soin. Cette brique à, pour moi, plus de vingt ans, mais les fondations d'une maison sont toujours les plus anciennes parties de l'édifice.
Quand le quotidien commence à peser et que l'on ne sait plus très bien où l'on va, se connecter à cette brique nous renseigne si nous sommes toujours sur le bon chemin. Si j'ai moi-même une décision difficile à prendre, je sais que cette chaise pourra m'aider. Rien qu'à la regarder, je sais si je vais dans le sens qu'elle m'a inspiré le jour où je l'ai vu pour la première fois.
Et au-delà de tout ce qu'elle a pu m'apporter et m'inspirer, c'est toujours bon d'avoir une chaise sur laquelle se reposer.
Gerrit Rietveld, chaise rouge et bleue (1923)
📚 Directrice artistique et militante du print
3 ansBel article Mickael, c'est toujours intéressant d'en savoir plus sur la genèse et le parcours d'un passionné 😉 Et j'aime beaucoup la dimension universelle de ton histoire !
"Originals", épanouissez-vous ✨ | Reconversion | Salariat | Entrepreneuriat
3 ansLe fameux déclencheur ! J'adhère à l'idée que la compétence soit acquise par passion et travail plutôt que par un don. Merci pour la découverte de ton univers
Stratégie de communication & Rédaction | 📌J'accompagne les entrepreneuses à porter leurs voix et leurs valeurs grâce à la communication digitale avec fun & sérénité
3 ansTrès bel article. J'adore les histoires. Celle ci est belle (et bien racontée au passage 😉). Le passé n'existera plus jamais mais il fonde tellement le présent ! Bravo Mickael.
Directrice Artistique freelance, Identité visuelle, Packaging, Édition, Digital | Callligraphie | Graphisme pour le cinéma
3 ansSuperbe article ! J'aime beaucoup le fait que cette chaise reste un élément repère, comme une boussole, encore aujourd'hui 👏👏👏