Neuromythes et cie

Un bon nombre de neuromythes (capacités supposées de notre cerveau) ont vu le jour ces dernières décennies à la faveur de l’engouement pour les neurosciences et avec l’envie de se dépasser. La faute à qui ? Probablement à la nécessité pour les chercheures de produire de plus en plus d’articles au prix d’un défaut parfois de qualité. Cela est dû aussi à la communication en générale, car aujourd’hui tout va vite et l’information est parfois divulguée voir amplifiée sans que les chercheurs n’aient eu le temps de valider ou d’invalider les résultats des confrères, comme cela se fait dans le domaine de la recherche.

Voici donc quelques neuromythes, au risque de vous décevoir !

L’effet Mozart : En 1993, trois chercheurs américains ont mis en évidence que grâce à l’écoute de cette musique il serait possible de gagner 8 points de QI, donc d'accroître instantanément les capacités intellectuelles. Cette étude invitait donc les parents à baigner leurs enfants dans l’environnement musical du compositeur. Toutefois, comme cela se fait en recherche, les études postérieures portant sur le sujet n'ont pas pu reproduire les mêmes résultats.

Le multitâche : L’idée développée serait que nous sommes capables de réaliser plusieurs tâches en même temps, comme par ex écouter de la musique en travaillant ou en apprenant quelque chose. Bien sûr, nous réalisons certaines tâches en même temps comme par ex marcher et tenir une discussion. Mais si par ex, vous devez vous orienter dans une ville et pour cela consulter un plan, vous observerez que vous allez stopper votre marche et demander un minimum de silence afin d’analyser ledit plan. En fait, le multi tâche ne peut être fait uniquement que si les tâches sont automatisées. Si tel n’est pas le cas, le cerveau va devoir jongler d’une tâche à l’autre, ce qui va entrainer une fatigue supplémentaire et une qualité moindre ; il donnera la sensation de pouvoir plusieurs choses à la fois mais ce sera faux.

Nous n’utilisons que 10% de notre cerveau : Lorsque nous regardons l'imagerie cérébrale lors d’actions, certaines zones sont plus colorées, signe d’une activité plus intense. Toutefois, l’activité se réalise dans la globalité du cerveau et non uniquement dans les zones les plus actives. Nos mouvements, pensées, calculs … font appel à tous les zones du cerveau, mais s’il convient de restituer le résultat en parole alors cette zone sera effectivement plus intense car elle sera l’aboutissement du processus global qui est en train de se faire. 

Etes-vous plus cerveau droit ou cerveau gauche ? Un des neuromythes est de dire que nos compétences (logique, créative …) seraient localisées dans des régions précises de l'un ou l'autre de nos hémisphères. Pour être plus précis, il s’agit d’une organisation dans un souci d’optimisation et de spécialisation. Rappelez-vous, le cerveau utilise la totalité des aires (et non 10% !). Ainsi, si l’un des hémisphères est endommagé, la personne ne perd pas sa compétence, car l’autre hémisphère va alors développer ces compétences localisées à l’origine dans l’autre hémisphère. 

Tout se joue avant 6 ans : C’est le titre d’un (vieux) livre qui a fait des dégâts, cela laissait entendre que passé cet âge-là, l’individu ne pouvait pas développer de nouvelles compétences (juste améliorer celles existantes). Aujourd’hui, nous savons que le cerveau apprend tous les jours, donc qu’il se modifie. Ainsi, grâce à la plasticité cérébrale, il nous est possible après par ex un AVC de créer de nouveaux neurones, de nouvelles connexions qui permettront d’apprendre ou de réapprendre à mobiliser physiquement ou intellectuellement des capacités. Et c’est une bonne nouvelle, l’apprentissage n’est pas une question d’âge, il peut se faire tout au long de la vie. 

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