Nous étions çà. Ce désir. Ce délire.
C’était fou entre nous. Entre nous, c’était fou et flou. Quasiment que du sexe. Encore et encore et toujours. On se levait pour manger, regarder dehors et marcher. On rentrait. La fatigue aidant, on se recouchait. On aurait pu vite s’endormir. Dormir l’un à côté de l’autre. Attendre ça. Le désir. Encore le délire. Comme deux demeurés. Tout le temps ensemble. Comme deux jumeaux ou plus exactement, deux personnes jumelées. On disait couple, par commodité, et aussi pour souligner qu’on copulait. On se trompait peut-être, mais encore aurait-il fallu s’entendre à ce sujet. Qui ne se trompe pas ? On se léchait pas mal la poire. Quelquefois. Tout le temps. A s’en foutre plein le lampion. Les amants fous ne savent pas ce qu’ils font et le refont sans même s’en rendre compte. Dans nos corps défaits. Dans la façon de faire et refaire. Dans le désir. Dans nos corps malappris qui se donnaient l’un à l’autre comme si quelque chose les avait poussés à l’origine en ce sens. On devenait incapables de s’en passer. Et on s’en passait. On se séparait. Plus rien. Plus un son. Plus d’acte. Plus de sens. Plus d’odeurs. Plus d’élans. Plus que le vide des jours qui file. Nous étions çà. Ce désir. Ce délire. On ne savait plus. On vivait de cette manière. Sans pouvoir dire à quiconque ce que nous faisions. JET16.9©PN