Nous avons besoin des engrais pour garantir notre souveraineté alimentaire !

Nous avons besoin des engrais pour garantir notre souveraineté alimentaire !

Par Florence Nys, déléguée Générale de l’UNIFA, les entreprises de la nutrition des plantes et des sols.

Après la crise Covid, c’est la guerre en Ukraine qui nous interroge aujourd’hui sur notre souveraineté alimentaire. Un questionnement légitime, mais autour duquel on voit malheureusement se multiplier des assertions et des analyses qui ne nous permettront pas d’assurer l’avenir de notre alimentation.

On entend notamment dire que l’agriculture serait dépendante des engrais… et les engrais seraient dépendants des matières premières étrangères avec derrière un questionnement récurrent : serait-il temps de passer à autre chose, de revenir à cette belle image d’Épinal, du « c’était mieux avant ? ».

Mais quand on dit « avant », de quoi parle-t-on exactement ? De substituer les engrais minéraux – souvent appelés engrais chimiques ou engrais de synthèse - par des engrais organiques comme le fumier ? Voire, se passer totalement des engrais ? Revenir à l’agriculture de subsistance ?

Cette conjecture, bien que séduisante de prime abord, soulève un certain nombre de problématiques plus sérieuses qui sont rarement évoquées.

L’agriculture est en effet vue comme une masse informe de « paysans » tendant vers un choix de modèle très binaire, soit le bio, soit le conventionnel. Cet idéal agricole oublie un principe fondamental : l’agriculture est vivante, diverse et a besoin de faire co-exister ses différents modèles de productions pour apporter une réponse plurielle à un problème singulier : proposer à tous une alimentation sûre et durable. Aujourd’hui, nous ne savons pas le faire sans les engrais, qu’ils soient organiques ou minéraux !

C’est donc la question du rendement agricole qui se pose, induite par l’utilisation des engrais.  Beaucoup expliquant que nous avons suffisamment pour nourrir les hommes et que la question de la sécurité alimentaire est secondaire. Alors, comment expliquer que 7 millions de personnes en France côtoient tous les jours la précarité alimentaire[1] ? Et 750 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans le monde[2] ?

La réalité de l’agriculture est trop souvent tamisée à travers un prisme simplifié où tout processus de production est réduit à sa plus simple expression : un modèle, le conventionnel, serait ainsi substituable à l’infini par un autre, le bio, et cela ne serait qu’une affaire de conviction personnelle… Mais qu’en est-il des réalités climatiques, géopolitiques, économiques, sociales ? Quand on sait que « la consommation de fruits et légumes bio a diminué de 11% en 2021 »[3], quelle est la marge de manœuvre pour pouvoir continuer à nourrir les Français correctement et faire vivre les ruralités ?

Opposer deux visions de l’agriculture, performance d’un côté et respect de l’environnement de l’autre, apparait comme réducteur et se heurte clairement aux contraintes d’un monde ouvert, qui doit jouer sa partition avec des ressources limitées, toutes matières premières confondues.

Toute cette dialectique a un prix, celui de l’entre-soi et de la dépendance, non pas aux engrais, mais aux idéaux d’antan. Il y a bien une notion de dépendance entre l’agriculture et les engrais, mais pas celle que l’on croit. Si on y ajoute le préfixe -inter, qui exprime la réciprocité ou l'action mutuelle, nous changeons de paradigme : l’interdépendance souligne l’égalité des acteurs entre eux et la relation de confiance, qui tisse la pluralité, la richesse de l’agriculture française.

Il nous faut bien sûr résoudre la question de notre dépendance aux importations. Pour cela, il faut déjà remettre de l’objectivité dans le débat : la plupart des engrais sont produits en France, au plus proche des territoires. Pour le reste, les matières premières étant peu présentes dans nos sols et les plantes ayant besoin d’apports diversifiés, nous devrons importer. Charge à nos politiques de soutenir la multiplication des sources d’importations pour ne jamais dépendre que d’un seul acteur.

Envisager l’avenir c’est bien évidemment trouver un équilibre de la terre agricole, proposer des solutions réalistes et complémentaires, avec une évolution des modèles agricoles dans lequel les engrais minéraux et organiques puissent cohabiter, toujours dans un souci de préserver la planète. Il ne faut pas opposer les modes de production, mais bien favoriser les interdépendances et les co-constructions innovantes pour éviter de retomber dans la ritournelle du « c’était mieux avant ». 


[1] Cocolupa, 2020

[2] FAO, 2019

[3] https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/baisse-de-la-consommation-de-produits-bio-comment-les-maraichers-bio-peuvent-ils-s-en-sortir-2495859.html

Philippe Bonnin

Directeur Achats et Logistique

2 ans

Mais bien sur, Allez-y lobbyistez. Après avoir détruit les sols avec les pesticides, les engrais sont indispensables pour stimuler la pousse des plantes et augmenter les rendements mais les utiliser systématiquement et constamment déstabilisent les sols à long terme, polluent les rivières, les nappes phreatiques,etc.... A ce rytme, dans 100 ans il n'y aura plus aucune surface naturellement cultivable et l'eau sera impropre à la consommation.Remarquez, on se fout de laisser une planète sterile à nos descendants du moment que les profits sont immédiats pour les sociétés productrices d'engrais et les distributeurs. Un con....sommateur affligé.

Les #biostimulants font partie intégrante de la nutrition des plantes et participent activement à la souveraineté alimentaire ! EBIC (European Biostimulants Industry Council)

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets