#n’ytouchezpas#
Puisqu’arrive un jour où un mensonge a grandi si haut, si fort, qu’il est devenu vain d’espérer lui opposer une quelconque grande vérité décisive, au risque d’épuiser nos forces comptées contre la puissance sans limite d’une vague scélérate : pour le démentir, il nous reste pour seule ressource de faire connaître tous ensemble nos mille petites vérités familières, les modestes paradis que nous avons agencés autour de nous et qui sont autant de petites merveilles nichées au creux de nos vies (personnelles, familiales, amicales, professionnelles) et auxquelles nous tenons plus que tout. Elles restent hélas tapies dans l’ombre, loin des aveuglants projecteurs bolloréens…
Il ne nous reste qu’une poignée de jours, mais quelques jours c’est déjà ça, pour faire connaître tout autour de nous toutes ces merveilles et dire bien fort : n’y touchez pas !! Ce sont nos vies, nos œuvres, nos credo, nos vérités.
Alors : notre pays serait submergé par une avalanche de fléaux tous plus ou moins imputables à la présence sur notre sol de hordes étrangères barbares, coûteuses, inassimilables ?
Depuis 3 décennies, contre vents et marées, s’élève à Saint-Denis au cœur des quartiers populaires un petit établissement, un centre de formation ouvrière, que j’ai l’honneur de diriger depuis 15 ans et que je connais mieux que quiconque. Chaque année, il accueille, parmi d’autres, deux cent à trois cent jeunes de nationalités extra-européenne, des « migrants », des « immigrés ».
Les immigrés nous coûtent cher et ne nous rapportent rien ? Ici et maintenant c’est faux : les apprentis étrangers que nous accueillons se soignent peu, ont fréquenté les établissements scolaires les moins bien dotés, recourent peu aux services publics ; mais maçons, carreleurs, plombiers, climaticiens, peintres, électriciens, conducteurs de travaux, ils travaillent sur tous les chantiers de la région, autant ou plus que les autres, souvent pour un salaire modeste, ils apportent leur talent et leur énergie à leurs entreprises, leur font très vite gagner de l’argent. Leurs employeurs qui ont du mal à recruter misent sur eux, veulent les conserver, les accompagner. Le fruit de leur travail contribue aux impôts et à la richesse nationale.
Les immigrés sont responsables de la délinquance et de l’insécurité ? Ici et maintenant c’est faux. Loin des clichés, l’établissement est vrai havre de paix dans un quartier difficile : pas d’agression, extrêmement peu de bagarres, très peu de vols, des ateliers calmes où on transpire. A tel point que les moyens éducatifs qui nous sont affectés peuvent sans dommage être plus réduits que dans d’autres établissements !
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Les cultures étrangères sont inassimilables à la nôtre ? Ici et maintenant c’est faux. Tous les jeunes que nous formons vivent et travaillent ensemble, en harmonie, couleurs et peaux mêlées. Ils apprennent la langue avec avidité lorsqu’ils la parlent mal, lisent autant qu’ils peuvent et fièrement la littérature française tout en aimant partager la leur. Comment oublier ces représentations théâtrales mêlant dans une belle cacophonie poèmes de Paul Eluard, chants afghans, scènes d’Ionesco ?
Les immigrés présents en France n’aiment pas la France ? Ici et maintenant c’est faux. Meilleurs apprentis, Olympiades… les jeunes de Saint-Denis se distinguent dans les concours professionnels et rêvent de participer aux équipes de France des Métiers, sous le drapeau tricolore.
Sachez-le. Pensez-y, avant d’aller voter. Diffusez autour de vous.
A votre tour : partagez également vos merveilles, les petits paradis auxquels vous tenez et qu’il s’agit de défendre avec acharnement d’ici au 7 juillet – avant qu’il ne soit trop tard.
Et vous là-bas : #n’ytouchezpas#
Cheffe de projet / Consultante
6 moisMerci Matthieu, tes mots sont précieux et je m'y associe pleinement. J'ai eu la chance pendant 3 ans de piloter un beau projet (#EDNA) sur toute la France pour permettre à des étrangers régularisés en France de trouver un emploi stable. J'ai, comme toi et ton équipe, rencontré des hommes et des femmes qui travaillent et apprennent à travailler dans des conditions parfois difficiles (et que souvent d'autres qu'eux refusent). J'ai rencontré des employeurs et des entreprises qui demandaient encore et encore des candidats comme ceux-là : volontaires, investis. Quelle que soit l'issue de ces élections, je continuerai, comme toi, inlassablement à déconstruire les représentations, à déjouer les peurs, à être de ce côté-là. #n'ytouchezpas#
Human Rights & Education Policy Expert | Researcher and Practitioner
6 moisPlus fort pour ceux à l'arrière qui préfèrent garder leurs petits privilèges qu'arrêter de se voiler la face !