Orientations souhaitables pour la cybersécurité, d'après M. B.Barbier
AEF - « "En cybersécurité, la situation est catastrophique : tous les grands outils sont non européens" (Bernard Barbier) »
× "La dépendance totale vis-à-vis d’autres pays pour des outils de cybersécurité pose un problème de sécurité nationale", pointe B. Barbier, CEO de la société de conseil BBcyber et directeur technique de la DGSE de 2006 à 2013. Il regrette que les outils utilisés soient "non européens", évoquant une "situation catastrophique". Cette dépendance "entraîne une perte d’autonomie et de souveraineté très forte. Il y a trop de dissymétries sur les sujets du numérique, qui sont pourtant fondamentaux pour notre futur. D’autant plus que l’on peut se poser des questions sur la sécurité de ces outils que l’on ne maîtrise pas" ;
× "il n’y a aucune licorne européenne en cybersécurité, à part peut-être Darktrace, qui commence à émerger et qui est britannique." "L’Europe doit décider de mettre un frein à cette dépendance. J’espère que Th. Breton, commissaire européen, va réussir à impulser une dynamique en ce sens." A propos de la création d’un campus cyber, B. Barbier pense que "le projet actuel ne va pas marcher. Ce qu’il faut, c’est innover, c’est-à-dire rassembler la recherche académique de très haut niveau et les experts du domaine. Or, actuellement, le cyber campus prévoit de réunir de grandes sociétés de services". Par ailleurs, il considère qu’il fallait implanter ce cyber campus à Rennes "malgré tout, le projet devrait en grande partie s’installer à Paris, comme si on était obsédés par la centralité parisienne" ;
× "il faut évoluer d’un mode très passif vers un mode plutôt offensif. Les États qui utilisent des groupes mafieux doivent comprendre que la France ne se laissera plus faire. Cela nécessite une meilleure coordination, car cette stratégie implique aujourd’hui beaucoup d’acteurs et est trop dispersée. Le pilotage étatique a besoin d’être centralisé, sur le modèle de ce qui existe pour la dissuasion nucléaire, qui est pilotée par le PR, avec le chef d’état-major particulier de l’Élysée. En matière cyber, il faut que le chef de l’État ait en main les deux outils que sont la cyberdissuasion et la cybercoercition, qui doivent d’ailleurs être coordonnées par la même personne."
Experte Risques, Gestion des Risques, Fonction Risk Manager. Conseil, Formation, Publications, Recherche
4 ansPréoccupant en effet