Où est passée l'exemplarité ???
L’exemplarité, une valeur oubliée dans nos entreprises ?
Il y a des phrases qu’on entend trop souvent dans le monde professionnel : “Y a qu’à, faut qu’on” ou, pire, “Faites ce que je dis, pas ce que je fais.” Ces expressions en disent long sur les incohérences qui gangrènent parfois nos entreprises. Et elles posent une vraie question : l’exemplarité a-t-elle encore sa place ?
Je me suis souvent demandé pourquoi ce principe si simple – aligner ses paroles et ses actes – semblait si difficile à appliquer. Peut-être parce qu’il engage. Être exemplaire, c’est accepter de se mettre à nu, d’être jugé, et de ne pas se cacher derrière des excuses ou des justifications faciles. Mais dans un monde où la pression des résultats prime, où chaque minute est comptée, qui prend encore le temps de se demander si ses décisions sont justes ?
Quand les actes contredisent les discours
Un exemple qui m’interpelle particulièrement est celui des augmentations salariales. Combien de fois a-t-on vu des dirigeants annoncer des restrictions budgétaires, expliquer que “les temps sont durs”… avant d’apparaître dans les journaux pour leurs primes ou leurs augmentations conséquentes ? Quel message cela envoie-t-il aux salariés ?
Il ne s’agit pas seulement d’un problème d’écart salarial. Non, le vrai problème, c’est le symbole. Comme l’a écrit le sociologue François Dubet : “L’injustice ressentie naît souvent d’un sentiment de mépris plus que des écarts eux-mêmes.” Ce mépris, c’est celui qu’on ressent lorsqu’on réalise que les sacrifices sont demandés à sens unique.
L’exemplarité, un pilier pour toutes les strates de l’entreprise
On pense souvent que l’exemplarité est l’affaire des dirigeants. C’est vrai qu’ils portent une responsabilité particulière : leur comportement donne le ton. Mais soyons honnêtes, cette responsabilité doit aussi se diffuser dans toute l’entreprise.
Pour moi, l’exemplarité, c’est une chaîne. Si un maillon cède, c’est toute la structure qui s’affaiblit. Prenons les managers intermédiaires : ils sont au cœur de la transmission entre les décisions de la direction et la réalité des équipes. Si eux-mêmes manquent de cohérence, si leurs actes contredisent leurs paroles, comment espérer mobiliser les collaborateurs ?
Et n’oublions pas les collaborateurs eux-mêmes. Être exemplaire, ce n’est pas seulement un impératif pour ceux qui sont “au-dessus.” C’est une posture à adopter à tous les niveaux. Refuser les petits arrangements, traiter ses collègues avec respect, contribuer à une culture d’équipe saine : tout cela participe d’une exemplarité collective.
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Des pistes concrètes pour renouer avec l’exemplarité
Alors, que faire ? Je pense qu’il faut d’abord commencer par des symboles forts. En période de crise, par exemple, un dirigeant qui accepte de réduire ses propres avantages envoie un message clair : “Je suis avec vous.” Ces gestes marquent bien plus qu’on ne le pense.
Ensuite, il y a la transparence. Trop souvent, les décisions manquent d’explications. Pourquoi telle augmentation ? Pourquoi pas de bonus ? Quand les critères sont flous, les frustrations grandissent. Expliquer, justifier, rendre des comptes, c’est aussi ça, être exemplaire.
Enfin, il y a l’équité. Certaines entreprises partagent une partie de leurs bénéfices avec leurs salariés. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est une manière simple de dire : “Nous avançons ensemble, et nous récoltons ensemble.”
L’exemplarité, une nécessité pour demain
Je suis convaincu que l’exemplarité n’est pas qu’un concept moral. Elle est au cœur de la performance des entreprises. Une équipe qui croit en ses leaders est une équipe qui se dépasse. À l’inverse, le cynisme et la méfiance sont les ennemis de la motivation.
Alors oui, l’exemplarité demande des efforts. Elle implique de se regarder en face, d’accepter ses incohérences, et de chercher à les corriger. Mais n’est-ce pas là la mission première d’un leader ? Comme l’a dit Gandhi : “Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.”
En entreprise, ce changement commence par un geste simple : faire ce qu’on dit. Parce qu’un “Y a qu’à, faut qu’on” crédible commence toujours par un “Je fais.”
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Conseiller financier chez Société Générale
2 sem.Tout à fait d'accord avec toi Franck. Un modèle perdu avec les années. Exemplarité que l'on peut associer à la crédibilité et l'implication de soi, avec et pour les autres.