Panem et circenses
source : Wikipedia / La Multiplication des pains. Evangile du peintre Daniel D'Uranc (Xizan, 1433).

Panem et circenses

226ème dimanche du temps extraordinaire

« Quand il sortit de la barque, il vit une grande foule, et fut ému de compassion pour elle, et il guérit les malades. Le soir étant venu, les disciples s'approchèrent de lui, et dirent : Ce lieu est désert, et l'heure est déjà avancée ; renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages, pour s'acheter des vivres. Jésus leur répondit : Ils n'ont pas besoin de s'en aller ; donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent : Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons. Et il dit : Apportez-les-moi. Il fit asseoir la foule sur l'herbe, prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains et les donna aux disciples, qui les distribuèrent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants. »

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 14, versets 14 à 21

                                                                                     

Cela fait une dizaine de jours que nous avons migré dans notre petit paradou du sud de la France. Là-bas, en dehors de quelques visios, mails et coups de téléphone, je m’adonne au jardinage, à la lecture, et à la nage.

L’eau est très claire, et le sol marin jonché à perte de vue de posidonies : la faune y est abondante, pas besoin d’y multiplier les poissons, ils s’y comptent par milliers. J’ai l’impression de nager dans un aquarium. Pour ce qui y est du pain, les poissons l’adorent. Ils se battent sur les morceaux qu’on leur lance le matin, et viennent manger dans la main. Ils monteraient presque sur le sable pour les happer.

 

Je m’interroge sur le sens moderne de la parabole ci-dessus. Le geste de Jésus est purement gratuit : nul doute que personne, dans la foule rassemblée, ne s’attendait à ce que celui-ci les nourrisse. Les guérir, peut-être, mais les nourrir, c’est tout de même un joli tour de magie !

A l’époque, personne n’espérait nulle assistance du pouvoir. Vingt siècles plus tard, les choses ont bien changé, surtout dans des pays comme le nôtre. Le Gouvernement doit prendre en charge ceux qui ont faim, ceux qui n’ont pas de toit, ceux qui ne sont pas capables de travailler… Cela part évidemment d’un bon sentiment : la solidarité. Mais cette charité s’est faite loi, et obligation. Tout est dû, et celui qui ne reçoit rien de l’Etat s’estime injustement écarté de la manne populaire.

 

Bien sûr, ce n’est pas nous, Gens du Voyage, qui allons nous plaindre de cette générosité qui a protégé nos entreprises des fléaux de ce fichu virus. La multiplication des pains a laissé place à la division des pertes, environ par deux, puisque les subventions de l’Etat pendant le Covid ont couvert près de moitié de notre manque à gagner.

N’oublions pas que tout cela a un coût, et que cette solidarité bien accueillie a un nom : la dette publique. Celle de personne et de tout le monde. Celle de personne, car personne – ou presque – n’imagine que l’Etat va venir saisir son épargne pour la rembourser. Pourtant, ramenée au nombre d’actifs (avec ou sans emploi), c’est une dette de plus de 100 000 € par personne. Ah oui, quand même, je n’avais pas encore le chiffre avant de commencer à écrire ce message un peu tardif, mais je le trouve impressionnant. C’est la moitié du patrimoine moyen d’un foyer français. Il va en falloir des poissons pour rembourser tout cela…

Rassurez-vous, pas question de rembourser ! Depuis que notre pays vit « à crédit », c’est-à-dire depuis qu’il dépense plus qu’il ne gagne, notre dette n’a jamais fléchi. Elle augmente chaque année, et cela ne pose pas de problème tant qu’on trouve des gens riches – en général des étrangers et des entreprises – pour nous prêter de l’argent. Donc pas besoin de compter les pains, vous pouvez même ramener le surplus à la maison, et le donner aux poules s’il est trop sec…

Non, le souci, c’est le poids de cette dette : elle vient creuser notre déficit, et donc obérer la capacité de notre pays à réaliser des investissements, aider ceux qui sont dans le besoin, et financer dignement ses services publics et ses missions régaliennes. Avec plus de trois mille milliards de dette (3 000 000 000 000 € !), le poids des intérêts est comparable au budget de l’Education (63 Md€) et de l’Armée (47 Md€) réunis.

Alors oui, bien sûr, on peut critiquer la gestion des deniers publics et râler contre ce grand gâchis apparent dont nos élus de tous bords ont la lourde responsabilité… Il n’en demeure pas moins que l’équation n’est pas facile, sinon insoluble. Pourtant, sur le plan économique, les choses vont plutôt bien – du moins pour l’instant. Le nombre de chômeurs a rarement été aussi bas, et les entreprises continuent de recruter.

Mais pour que l’équation commence à imaginer une solution, il faudrait que les recettes de l’état augmentent fortement et régulièrement. Rappelons que celles-ci proviennent presqu’exclusivement de l’impôt, et notamment de la TVA, de l’impôt sur les revenus (IRPP), de l’impôt sur les sociétés (IS), et de l’impôt sur les carburants (TICPE). Réjouissons-nous : pour que notre pays survive financièrement, il suffit que les salaires augmentent (inflation donc IRPP), que les entreprises gagnent davantage d’argent (inflation donc IS), et que les Français consomment de plus en plus (TVA), notamment des carburants (TICPE). Pas facilement conciliable avec un programme de décroissance pour sauver la planète…

 

Ou alors, il suffit de dire à nos créanciers qu’on ne les paiera pas, et que Dieu leur rendra. La dernière fois, c’était en 1797, une période pas forcément très sympa pour nos concitoyens. Sans compter qu’on peut difficilement faire le coup régulièrement : le pain va finir par manquer.  

 

Mais si le pain manque, on aura toujours les Jeux…

Christophe Delahautemaison

Agent général chez Swiss Life France - Président de Cobaty Vosges

5 mois

En fait, si nous trouvions dans une situation personnelle ou professionnelle identique, nos créanciers nous imposeraient de diminuer nos charges, d’augmenter nos recettes …et de vendre tout ou partie de notre patrimoine. Celui de la France est considérable, notamment notre stock d’or.( 4 éme rang mondial) et ce n’est qu’une partie du patrimoine. Quid de l’immobilier, des Œuvres d’ arts qui sèchent ou pourrissent dans les sous-sols des musées ? Mais là, j’ouvre un autre débat. Qui oserait vendre la joconde, qui a pourtant une valeur inestimable?🤔

Naveen Kumar

Strategic Marketing & Branding

5 mois

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