Parce que le Printemps arrive, l’occasion de faire un clin d’œil à Heinrich Vogeler.

Je vous invite à (re)découvrir un artiste, une œuvre, de manière ponctuelle.

Originaire de Brême, dans le Nord de l’Allemagne, Heinrich Vogeler s’installe à Worpswede en 1894, au moment de la fondation de la colonie d’artistes éponyme, après ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. Son œuvre est d’abord jugé romantique et sous influence préraphaëlite, notamment par sa proximité avec la nature, avant de se radicaliser dans sa pratique artistique vers une peinture engagée et moderne, aux couleurs criardes, lors de son départ pour l'U.R.S.S. en 1931.

Frühling s’inscrit dans le début de la carrière de Vogeler. Ce portrait de jeune femme face au rouge-gorge représente sa muse, sa future épouse Martha qui apparaît dans de nombreuses gravures et peintures de cette époque. Le personnage prend place dans le paysage de Worpswede, paysage omniprésent dans ses œuvres de jeunesse. Les bouleaux à l’arrière-plan sont encore présents aujourd’hui partout dans le village de Worpswede et avaient été plantés massivement à la fin du XIXème siècle par les membres de la colonie d’artistes. C’est à Worpswede que se situe la maison-atelier de Heinrich Vogeler appelée la Barkenhof. Vogeler y déménage dès 1898 et y pratique un art décloisonné, un art total (gesamtkunstwerk) : il dessine tout pour sa nouvelle demeure, du motif de papier-peint au lit pour enfant, du dossier de chaise en forme de tulipe jusqu’à la fourchette à gâteau. La richesse de ses pratiques, ses couleurs pastels et son langage floral font de lui un des acteurs du Jugendstil, c’est-à-dire de l’Art Nouveau allemand, soutenu par ses contemporains notamment le célèbre poète Rainer Maria Rilke. 

Aujourd’hui, le village de Worpswede est un lieu touristique à quelques kilomètres de Brème, où j’ai eu la chance de pouvoir m’y rendre en 2014. La maison-atelier ainsi que celles d’autres artistes de la colonie se sont transformés en lieux d’expositions, le tout en plein nature. Parmi eux, la peintre Paula Modersohn-Becker a séjourné à de multiples reprises au sein de la colonie, artiste qui a fait l’objet d’une exposition monographique au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 2016 et dont le musée est à Brème. 

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Heinrich Vogeler (1872-1942)

Frühling, Porträt von Martha Vogeler

1897

175 x 150 CM

Huile sur toile

Haus im Schluh, Worpswede