Partenariat Union européenne - Cameroun : retrouver l'audace d'agir ensemble

Partenariat Union européenne - Cameroun : retrouver l'audace d'agir ensemble

Texte de mon interview (en format word) publié dans le journal "Le Jour" (lundi 6 mai 2024) sur l'Europe, les crises internationales, le partenariat entre l'Union européenne et le Cameroun;

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1-     Ce 9 mai, 2024, l’on célèbre l’Europe à travers le Monde. Au Cameroun vous avez un thème particulier pour cette célébration ?

Cette année, nous célèbrerons la Journée de l’Europe au Cameroun sur le thème de la Culture, des partenariats et du renforcement de nos solidarités, à travers des projets tangibles, palpables et concrets. Dans un monde en crise, d’isolement, de repli, de retour des nationalismes, il est plus que jamais indispensable de retrouver le sens de la coopération internationale et de l’action collective. Si nous ne devions retenir qu’un leitmotiv, ce serait celui d’avoir, en dépit ou à cause de nos différences, l’audace d’agir ensemble !

Cette audace d’agir ensemble, nous pouvons, nous devons la co-construire et l’écrire en ouvrant et partageant nos intelligences. A travers la culture, qui est évidemment propre à chaque pays, mais qui est aussi une fabuleuse source d’enrichissement mutuel et de fécondation de nos idées. A travers des partenariats qui doivent s’établir dans la durée, l’écoute, le respect de nos opinions respectives, aussi la réciprocité. Un partenariat qui n’est pas d’égal à égal n’est pas un partenariat. Enfin, le socle de tout cela est bien la solidarité, le fil qui relie notre humanité, la solidarité pour les plus faibles, toutes celles et tous ceux qui souffrent des inégalités, de la pauvreté, de difficultés d’accès à l’éducation et aux soins de santé.

2-     Près de 70 ans après la mise en place des institutions européennes, que reste-t-il des espoirs de paix suscités par la Déclaration de Robert Schuman ?

En réalité, nous sommes allés bien au-delà de la Déclaration visionnaire de Robert Schuman visant à mettre en commun les moyens de production entre la France et l’Allemagne, préfigurant la création en 1951 de notre première Union, la Communauté Economique du Charbon et de l’Acier (CECA). A présent, l’Union européenne est une union économique, douanière, sociale, financière, politique et en partie monétaire. Elle a fait naitre plus de droits pour les ressortissants européens, plus de protection pour les consommateurs, pour les travailleurs, et pour les retraités. L’Union européenne a fait naitre une citoyenneté européenne, une diplomatie européenne. Elle n’a cessé également de s’élargir, à l’exception du départ, malheureux pour moi, du Royaume-Uni avec le Brexit. Nous sommes passés de 6 Etats membres à 12, puis 15. Maintenant 27. L’attractivité de l’Union européenne reste pleine et entière, avec de nombreux pays encore candidats.

Depuis la seconde guerre mondiale, il n’y a plus jamais eu de guerre entre les pays membres de l’Union européenne. Notre Union est donc un puissant moteur de paix et de prospérité.

3-     Pour vous, la guerre en Ukraine est l’une des preuves de l’échec de l’UE à construire et maintenir la paix ou pas ?

Aucunement. Ne renversez pas la charge des responsabilités ! L’Union européenne n’a jamais voulu la guerre en Ukraine. Nos dirigeants ont tout fait pour éviter, jusqu’au bout, l’accomplissement de cette folie commise par le Président Poutine. L’invasion de l’Ukraine par la Russie est une épreuve pour le monde entier. Son issue définira quel ordre mondial nous voulons : un monde basé sur des règles (le respect des frontières, le respect de la souveraineté des Etats, mais aussi des aspirations de nos peuples à la liberté) ou bien un monde basé sur la loi du plus fort, sur la force brute, sur la répression violente et sauvage des populations. Les questions et leurs réponses sont pour moi élémentaires : dans quel monde souhaitons-nous vivre ? Dans quel monde souhaitez-vous vivre ? Dans quel monde souhaitons-nous que nos enfants vivent ?

 

3- L’Ukraine ne fait pas partie des États membres de l’UE. Mais, tout le monde connaît sa proximité avec les 27. Pourquoi ceux-ci ne se sont-ils pas engagés militairement, à ses côtés, pour contrer les velléités agressives de la Russie ?

Je ne sais pas si on peut simplement parler de « velléités agressives de la Russie ». Ce que fait la Russie en Ukraine, c’est une guerre d’invasion dans l’espoir, pour moi chimérique, de faire capituler ce pays et d’annexer une partie de son territoire au mépris de tous les principes du droit international. L’agression russe, à laquelle je n’associe évidemment pas le peuple russe qui est autant victime du conflit et des actions irresponsables de ses dirigeants, nous fait revenir aux heures les plus sombres de la première moitié du XXème siècle.

L’Ukraine a demandé à ses alliés une aide pour se défendre contre l’invasion dont elle est victime. Tout comme les Etats-Unis, les différents pays de l’Union européenne se sont mobilisés pour lui apporter cette aide. Cette dernière continuera à lui être octroyée de différentes manières : humanitaire, économique, militaire et politique.

4 - Certains disent/suggèrent que vous l’UE avait encouragé ce pays à braver un plus fort que lui et ensuite vous l’avez abandonné dans les pattes du loups…

Le monde n’est pas une chaine alimentaire, dans laquelle le plus gros mange le plus petit. Le droit international a justement été pensé pour protéger la souveraineté des Etats, protéger les peuples et permettre leur auto détermination.

On ne peut pas vouloir la décolonisation puis accepter qu’un pays envahisse son voisin, administre certaines des provinces illégalement annexées, et lui vole ses ressources. Sinon, nous risquons de basculer dans un monde en guerre perpétuelle des plus forts pour l’agrandissement de leur territoire.

Les Ukrainiens se défendent, comme le font tous le peuples qui sont agressés, envahis. Ils le font avec bravoure, avec héroïsme, non pas parce qu’un autre pays ou une organisation leur aurait dit de le faire, mais parce qu’il s’agit de défendre leur pays (ils n’en ont pas d’autre !), leur patrie, leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs enfants, leur mode de vie. Accepterions nous d’être envahis ? Ne tenterions-nous rien si c’était le cas ? Avons-nous besoin qu’un pays ou une organisation extérieure qui nous dise de défendre notre patrie ? Je ne le crois pas. Dans le même esprit, avons-nous le droit de dire à la victime de capituler contre l’agresseur ? Je ne le crois pas non plus.

L’Union européenne n’a pas abandonné l’Ukraine. Elle lui a fourni une aide substantielle et continuera de le faire à travers un nouvel instrument financier, la « Facilité pour l’Ukraine », approuvée par le Conseil et le Parlement européen début février 2024. Elle permettra de verser 50 milliards d’euros à l’Ukraine. L’UE créée les conditions pour l’appuyer dans la durée, compte tenu de l’évolution du conflit.

5- Plusieurs acteurs de la classe dirigeante européenne qualifient la situation actuellement en Ukraine de potentiellement destructrice de la civilisation et des valeurs européennes. Vous en pensez quoi ? C’est une projection trop pessimiste?

Je ne suis pas pessimiste. Un diplomate n’a pas à être optimiste ou pessimiste. Il doit toujours travailler à chercher et trouver des solutions, qu’il propose ensuite à ses autorités, qu’il peut négocier en leur nom. Un diplomate est un acteur engagé d’une histoire, dont personne ne connait naturellement la fin (ce serait trop facile !), pour laquelle il sert avant tout les intérêts de son pays ou dans le cas de l’Europe de notre Union.

Mais si je puis me permettre une observation à ce stade : vous m’avez beaucoup interrogé sur l’Ukraine… Ma conviction la plus sincère est que nous ne devons pas oublier ou négliger les autres conflits dans le monde. Ce serait un deux-poids deux mesures inacceptable pour les victimes de ces guerres. Ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient est profondément préoccupant, entre les attentats terroristes du Hamas du 7 octobre 2023, la riposte israélienne qui provoque une crise humanitaire sans précédent à Gaza, la montée des tensions aussi entre l’Iran et Israël. Il faut aussi parler des conflits qui se déroulent plus directement sous nos yeux, comme en Afrique, et pour lesquels une mobilisation des pays du continent et du monde entier est indispensable pour y rétablir la paix : c’est le cas du Soudan, de la Somalie, de la RDC, où se déroule dans l’Est de ce pays une véritable tragédie et où j’étais ambassadeur de l’Union européenne avant de prendre mes fonctions à Yaoundé.

6- La Démocratie est généralement présentée comme l’une des valeurs de l’UE. Mais, on n’a pas l’impression que l’UE encourage ses partenaires à travers le monde - tout au moins ceux qui l’ont adopté - à en respecter strictement les règles. Pourquoi ?

Je n’ai pas la même analyse que vous. L’Union européenne encourage le respect des valeurs démocratiques, de la dignité humaine, de la liberté, de l’égalité, de l’Etat de droit, ainsi que le respect des Droits de l’Homme. Ces valeurs sont d’ailleurs rappelées dans les articles 2 et 3 de notre Traité sur l’Union européenne. Nous le faisons avec nos Etats membres, dans toutes les instances internationales : aux Nations Unies, au Conseil des droits de l’Homme, partout où notre voix peut porter. Nous le faisons également en apportant un appui aux Etats concernés, ainsi qu’à la société civile, par le dialogue politique et l’échange avec les dirigeants des pays concernés, et par la fourniture d’expertise lorsque les pays concernés le demandent. A mon sens, ce travail est d’autant plus efficace qu’il est poursuivi dans la discrétion et la confiance réciproque. La démocratie et les Droits de l’Homme se prêtent mal à une diplomatie du haut-parleur. Nous devons aussi écouter les points de vue de nos interlocuteurs sur nos politiques européennes, pour les améliorer.

7- Elecam, organe en charge des élections au Cameroun, a recommandé dans un rapport la révision du Code électoral. Les acteurs politiques et ceux de la société civile l’ont fait. L’Executif au Cameroun ne bouge pas le petit doigt. En tant que mission diplomatique et ami du Cameroun vous préférez prendre vos distances, pour attendre que ces revendications dégénèrent en crise pour en appeler « à la retenue »?

Je ne sais pas vraiment si vous me posez une question ou si vous ne désirez pas plutôt me partager votre propre analyse. En tout état de cause, je vous laisse l’entière responsabilité de vos propos !

Ce que je peux vous dire en termes simples et clairs, c’est que l’Union européenne encourage des élections libres, transparentes et apaisées dans tous les pays. Elle encourage également toutes les citoyennes et les citoyens en âge de voter à s’inscrire sur les listes électorales. Ce sont les électeurs qui à travers les dirigeants qu’ils se choisissent, décident de l’orientation de leur pays, pas la communauté internationale.

8- L’Union européenne se vante régulièrement d’être le premier partenaire du Cameroun. Sur quelles bases ou quels indicateurs tangibles ?

L’Union européenne ne se vante pas, mais informe, ou si vous préférez, n’hésite pas à rappeler qu’elle est effectivement le premier partenaire commercial du Cameroun. En effet, l’Europe et 27 Etats membres représente 36,7% du commerce total du Cameroun suivie d’assez loin par la Chine qui compte seulement pour 17,5%. Lorsqu’on y regarde de plus près, la Chine exporte davantage de marchandises au Cameroun que l’Union européenne (24,5% des importations camerounaises) devant l’Union européenne (22,4% des marchandises importées au Cameroun). Par contre, l’Europe importe davantage de produits camerounais que ne le fait la Chine. 56,3% des exportations camerounaises partent vers l’Europe.

En cela, le Cameroun pourrait donc surtout se vanter d’être exportateur net dans le cadre de son commerce bilatéral avec l’Union européenne

9- La Cameroun connaît aujourd’hui plusieurs crises sécuritaires. La poussée djihadiste dans le Septentrion et la menace séparatiste dans les régions du NOSO. Quelle est votre contribution à la résolution de ces crises latentes ?

Pour le Septentrion, l’Union européenne et ses états membres en ont fait une priorité d’intervention et pour nos actions de stabilisation. Nous avons lancé en 2022 notre première initiative en format « Team Europe », avec l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France et l’Italie, afin de soutenir un Septentrion vert et résilient. Nous tâchons de prendre en compte les retards de croissance de cette région et financer des projets concrets pour en faire un véritable moteur de croissance économique. L’appui que nous apportons à la construction du pont sur le Logone entre le Cameroun et le Tchad, qui devrait être inaugurée d’ici la fin de l’année, illustre parfaitement cette approche régionale de désenclavement. Cette volonté d’appuyer la région du Grand Nord et ses populations s’est concrétisée par des appuis qui se chiffrent aujourd’hui à hauteur de 145 milliards de FCFA.

Dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, nous mettons en place une réponse en deux temps : d’abord des appuis en termes d’aide humanitaire, pour parer aux situations les plus urgentes, ensuite des aides à la société civile, aux organisations de femmes notamment, pour renforcer la cohésion et la paix dans ces régions. Lors de mes déplacements à Bamenda et à Buea, mais aussi dans les régions frontalières, où j’ai visité de nombreux sites de personnes déplacées internes, j’ai été frappé par le dynamisme extraordinaire des populations concernées pour tenter de reconstruire leur avenir. Le Cameroun a cette chance extraordinaire d’être un pays bilingue : c’est aussi un formidable atout à valoriser dans le monde d’aujourd’hui et ouvrir des opportunités d’investissements dans le digital, l’enseignement supérieur et la recherche, les industries de pointe.

10- L’UE a pris l’engagement d’investir plus de 150 milliards d’Euros en Afrique pour la période allant de 2021 à 2027, notamment à travers un instrument que vous appelez « Global Gateway ». Cet anglicisme traduit quoi exactement ? Où en est-on avec cet engagement ?

Le « Global Gateway » est notre stratégie mondiale d’investissement visant à renforcer nos partenariats économiques avec tous les pays dans le monde et à trouver des leviers communs de développement bénéfiques à toutes les parties concernées. En Afrique, comme partout ailleurs, nous avons pour objectif de soutenir une croissance durable, renforcer l’intégration économique du continent et les liens avec l’Union européenne et ses Etats membres. Nous appuyons donc des investissement intelligents et durables notamment dans les secteurs du digital, de l’énergie renouvelable, des transports, des systèmes de santé... Avec le Gouvernement camerounais, nous sommes en train de travailler concrètement sur des investissements significatifs dans les domaines de l’énergie (la construction du barrage de Nachtigal est achevée et nous commençons à préparer la réflexion sur la mise en service d’ici 2032 du barrage de Kikot), le transport (avec la mise en place de la voie de contournement de Yaoundé et du Bus à Transit Rapide) et le développement du secteur du coton (avec un appui prévue pour promouvoir l’utilisation de l’énergie renouvelable dans les processus de transformation).

11- Lorsque l’on recoupe certains de vos discours et ceux de vos collaborateurs, il ressort que l’UE a investi plus de 500 millions d’euros dans des projets au Cameroun. Soit, en monnaie locale, près de 328 milliards de FCFA. Ce n’est pas exagéré ? Ces projets sont où ?

Nous avons effectivement mis en place près de 330 milliards de FCFA d’encours de projets au Cameroun à ce jour. Ces appuis sont principalement sous forme de dons : ce sont essentiellement des subventions pour les organisations internationales ou non gouvernementales, des appuis techniques pour les entreprises ou les institutions publiques ; aussi, un appui budgétaire pour le Gouvernement. Les fonds européens couvrent trois grandes priorités de l’Union européenne dans le pays : la gouvernance, la paix et la sécurité ; le développement économique durable, l’appui au PME et au climat de affaires ; la protection de l’environnement, le changement climatique, l’énergie renouvelable, ce que nous appelons le Pacte vert européen. Nous travaillons aussi étroitement pour l’appui au secteur privé avec la Banque Européenne d’Investissement, qui a son Bureau régional pour l’Afrique centrale à Yaoundé.  Toutes ces priorités ont naturellement été définies conjointement par l’Union européenne, ses états membres et le Cameroun pour la période 2021-2027. Avec un seul maître mot qui me tient à cœur : l’appropriation.

Depuis mon arrivée au Cameroun, je me suis efforcé d’aller à la rencontre de tous nos bénéficiaires, collectivités territoriales décentralisées, ONG, entreprises, opérateurs de projets, et je peux vous assurer que j’ai découvert dans chacune des 7 régions que j’ai officiellement visitées, des projets structurants, des start-up et des pépites d’innovations, des petites infrastructures qui accompagnent les besoins des populations locales. Ici, un bac mis en place pour faciliter le passage d’une rivière. Là une coopérative de cacao soutenue. A Douala, un terminal fruitier construit. La plus grande fierté que je peux ressentir en tant qu’Ambassadeur de l’Union européenne, c’est de savoir quelque part que nous contribuons à valoriser, aux côtés du Gouvernement camerounais, ce fantastique capital de ressources au service des populations concernées.

12-Selon plusieurs experts, le FCFA serait un frein aux exportations des pays où cette monnaie a cours, quel est l’avis d’un partenaire important comme l’Union européenne ?

Vous comprendrez aisément que ce n’est pas un sujet qui est de mon ressort ou celui de l’Union européenne. C’est aux pays africains, en particulier les pays de la zone CFA qui partagent cette monnaie, d’en décider de l’avenir et de voir quelles sont les meilleures options d’évolution.

Si je puis me permettre un rapprochement avec l’EURO, qui est la monnaie de la majorité des pays européens, une monnaie commune présente tout de même certains avantages : une plus grande stabilité monétaire et des mouvements de changes moins violents, donc moins préjudiciables pour les entreprises ; un encadrement budgétaire plus strict pour les pays concernés et l’impossibilité bien évidemment de recourir à la planche aux billets ; une inflation donc mieux maîtrisée et un développement des échanges commerciaux entre les pays qui partagent cette même monnaie. Après, il y beaucoup de possibilités de réforme et d’amélioration, mais, je le répète, c’est avant tout une question centrale de souveraineté pour tous les pays concernés.

13- Quelle est la contribution de l’Union européenne à la politique de substitution des importations mise en œuvre dans la sous-région CEMAC ?

Dès lors que le Cameroun respecte ses engagements aussi bien internationaux que bilatéraux, l’Union européenne ne peut que se féliciter de la volonté du pays de développer la production locale et sa transformation. Cette politique nécessite des investissements importants. En cela, l’Accord de Partenariat Economique (APE) signé avec l’Union européenne, permet notamment aux entreprises camerounaises d’importer des outils de productions sans droits de douane (ou avec des droits réduits selon la catégorie de l’outil) apportant ainsi un soutien à l’investissement. Aussi, nous finançons un certain nombre de projets visant à soutenir le secteur privé, tel que le Dispositif d’appui à la compétitivité du Cameroun (DACC). Ce programme de 6,5 milliards de FCFA se termine cette année et sera suivi d’une initiative d’appui au développement des chaines de valeurs dès l’année prochaine.

14- Le déficit d’énergie plombe les efforts d’industrialisation du pays, la situation ne s’améliore pas malgré des investissements faits dans ce sens. Comment l’Union européenne analyse cette situation ?

La question énergétique est au cœur de tout développement économique. C’est la raison pour laquelle, je vous l’ai déjà dit, l’Union européenne n’a pas hésité à financer la construction de barrages, comme celui de Nachtigal, qui devrait produire de l’électricité dès 2024. Au-delà de la production, nous soutenons aussi le transport de l’énergie vers les consommateurs et les interconnections entre les pays de la région. Enfin, nous appuyons aussi l’installation de petites centrales de production d’énergie renouvelable là où le réseau n’est plus assez puissant. Un appui technique sera en place auprès du ministère de l’eau et de l’énergie dès 2024 pour aider à la maturation de ses petits projets (moins de 5 mégawatts) et des efforts seront mis en œuvre pour en faciliter le financement par des partenaires publics et privés.

15- La question de l ’abandon des énergies fossiles préoccupe les pays qui en sont dotés, ne les privent-on pas de ressources pour assurer leur développement ?

Les énergies fossiles ne seront pas abandonnées du jour au lendemain. Il s’agit de le faire progressivement, de manière juste et équitable, aussi d’accompagner la mise en place de la transition énergétique et ne pas l’imposer de l’extérieur. Les choix politiques demeurent toujours nationaux.

Pour moi, votre pays a une chance extraordinaire, avec toutes ses capacités en énergies renouvelables (hydroélectricité, mais aussi solaire…), de pouvoir se projeter à horizon 2035 dans un scenario énergétique vertueux et de ne plus dépendre ou de façon très limitée (à moins de 5 % de ses besoins) des énergies fossiles. Le Cameroun peut en vérité être un modèle pour l’Afrique et même le monde. 

16- Sur l’APE…, vous êtes vraiment satisfaits de son application au Cameroun ? Un vrai accord win-win?

Nous sommes plutôt satisfaits du respect par le Cameroun de l’Accord avec surtout le respect du calendrier relatif au démantèlement tarifaire prévu par l’Accord. Aussi, je vous l’affirme effectivement sans l’ombre d’une hésitation : cet accord est un vrai accord win-win !

En effet, je tiens à rappeler que l’Accord ne crée pas un stress concurrentiel sur les marchandises « Made in Cameroon ». 30% de lignes de marchandises exportées de l’UE vers le Cameroun ne sont pas régulées par l’Accord. Concrètement, il n’y aura pas de réduction des droits de douanes pour des marchandises qui sont déjà produites, ou susceptibles d’être produites au Cameroun.

Tandis que le Cameroun achèvera le démantèlement tarifaire d’une partie des marchandises importées de l’UE en 2029, le Cameroun peut exporter sans droits ni quotas, l’ensemble des marchandises originaires de son territoire, déjà depuis 2016.

Skelly Bimai

PDG lion's télévision Journaliste

7 mois

Merci bien son excellence

Serait-il possible d’avoir un entretien auprès de votre institution dans le cadre d’un travail de recherche doctorale ?

Merci d’avoir partagé

Samuel Binyou

Entrepreneur | Poet-Writer | Development expert | Project Manager | Fundraiser | Humanitarian Actor | Song-writer

7 mois

L'audace d'agir ensemble. Très belle perspective Monsieur L'Ambassadeur

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