Pas de cluster d’infection au covid 19 dans les transports.

C’est ce qui apparaît dans le dernier bilan épidémiologique de l’agence de santé France, et cela semble d’ailleurs un peu surprendre l’auteur.

Mais pas moi. La qualité de l’information sur l’épidémie est malheureusement plutôt mauvaise, ce qui m’a conduit à mettre un certain nombre d’alertes sur les publications traitant de sujets qui m’intéressent : modèles épidémiologiques, superspreading events ( foyers infectieux) et transports.

Manifestement, l’ « intuition » commune est que les transports doivent jouer un rôle important dans la contamination. L’examen des données fait apparaître que la réalité est beaucoup plus complexe.

Les transports jouent effectivement un rôle essentiel dans la propagation à distance de l’épidémie, et au début de l’épidémie, on a pu montrer une corrélation assez forte entre le nombre de déplacements entre A et Wuhan et le délai d’apparition de la maladie à A.

Mais cela ne prouve pas que la contamination ait eu lieu dans un moyen de transport : en fait, les seuls cas connus (peu nombreux) sont dans un bus longue distance… or « intuitivement », le bus inquiète moins que le métro ou l’avion…

Parmi les quelques publications que j’ai identifiées sur le sujet « transport », leur qualité est très variable , et leurs conclusions aussi.

Par exemple, un article d’un épidémiologiste de Harvard, publié dans une bonne revue, et qu’on pourrait résumer en une ligne « les gens qui habitent au diable passent plus de temps dans les transports, et sont plus fréquemment contaminés. Donc les transports sont un mode important de contamination »

Sauf qu’ils sont plus pauvres, qu’ils télétravaillent moins, qu’ils sont souvent dans des professions exposées…Si un de mes étudiants avait fait ce genre d’erreur, il serait reparti chez lui et aurait eu du mal à s’assoir pendant quelque temps !

Une étude chinoise, un peu mieux faite, analyse les données de traçage hors Wuhan. Elle attribue une parte non négligeable des contaminations aux transports… mais elle utilise les « déclarations » des contaminés, et en lisant les chiffres avec attention, on s’aperçoit que des collègues de travail, qui se sont probablement contaminés entre eux au bureau, sont convaincus de l’avoir été dans le métro… Ah ! l’intérêt de donner les données brutes, n’est ce pas Messieurs du Lancet ?

Autrement dit, les études indiquant des foyers infectieux dans les transports sont peu convaincantes.

Les études « innocentant » les transports sont encore plus rares, mais par contre, semblent avoir un peu moins de biais méthodologiques… mais leurs auteurs sont sérieux… et prudents : leurs conclusions plutôt négatives « on ne peut pas affirmer que les transports jouent un rôle »

Mais l’une des études ( coréenne) émet une hypothèse intéressante : il semble que les ascenseurs ne soient pas non plus un lieu de transmission… d’où l’idée de l’auteur : même si « intrinséquement », certains lieux ( transports, ascenseurs, etc » pourraient faciliter la transmission, comme les utilisateurs « le savent », ils vont prendre, dans ces lieux, un maximum de précautions : masques, éviter les contacts avec des surfaces potentiellement contaminées…

Ils vont aussi parler assez peu, et leur séjour est souvent court.

L’on connait beaucoup plus de choses sur ce virus qu’en Janvier, et notamment que, contrairement à la grippe, sa transmission est très hétérogène : les données récentes suggèrent qu’une petite minorité d’événements (moins de 10%) est responsable de plus de 80 % des contaminations. Elle suggèrent aussi l’importance des comportements humains quand au risque d’être infecté… On est infecté quand on se « relâche » quand on se sent en sécurité, en dinant avec des potes, au bureau sans masque, en chantant des psaumes lors d'un culte…Pas quand on prend le métro, masqué, voire ganté, la peur au ventre et un regard haineux porté sur votre voisin qui vient de tousser…

Est ce que celà exclut pour autant toute contamination? probablement pas... notamment dans les bus ( trains et avions semblent en fait moins vulnérables) mais tant que les gens auront peu d'etre contaminés, elles seront sans doute très limitées... Si l'on relache bientôt la règle du 1 siège sur 2, l faudra sans doute renforcer la communication sr les masques, les règles barrières...

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