PASSION JAPON – NIKKŌ « Lumière du soleil »
Je vous avais emmené, lors de l’un de mes derniers articles, à KAMAKURA vous ressourcer auprès de l’océan, partons maintenant pour un nouveau patrimoine de l’humanité, à deux heures de train depuis Tokyo (140 km) : NIKKŌ.
Nikkō, (日光市) est située dans la partie nord-ouest de la préfecture de Tochigi, elle est surtout connue pour sa nature riche, grandiose, ses nombreux sites, ses sanctuaires et ses temples historiques.
Nikkō, est considérée comme la terre sacrée du culte de la montagne, de nombreuses personnes la visitent pour son atmosphère mystique particulière. Nikkō, fut un centre de culte shinto et bouddhiste de montagne pendant de nombreux siècles avant la construction du sanctuaire Tōshō-gū vers 1600 qui rend hommage à Tokugawa leyasu unificateur du Japon, Nikkō, continue d'offrir des paysages pittoresques, des lacs, des cascades, des sources chaudes, des singes sauvages et des sentiers de randonnée.
Je m’y suis souvent promenée et comme à Kamakura, j’ai ressenti une atmosphère indéfinissable où j’entendais la voix d’un Japon éternel.
Un peu d’histoire
Nikkō, a été fondée au VIIIe siècle et son histoire culturelle est indissociable de son histoire religieuse.
Le sanctuaire de Nikkō, Tōshō-gū a été érigé en 1617 pour glorifier le shogun Tokugawa Ieyasu (1542-1616), l’unificateur du Japon et 1er shogun de la dynastie Tokugawa. Le sanctuaire a été édifié par son fils Tokugawa Hidetada (1579 – 1632) pour accueillir l’esprit de son père.
Le sanctuaire est un chef d’œuvre de l’époque Edo et la plupart des bâtiments visibles datent de 1636, il fut en effet agrandi considérablement par Tokugawa Iemitsu (1604 – 1651), fils de Tokugawa Hidetada et 3ème shogun.
Selon la légende, sous l’ère Edo, le shogun leyasu aurait formulé sa volonté, avant sa mort, d’être enterré au Mont Kuno (préfecture de Shizuoka). Il aurait aussi demandé que l’on édifie un sanctuaire à Nikkō, afin de vénérer son âme comme un dieu protecteur de la famille Tokugawa et du Japon.
Le sanctuaire est constitué de plus de 50 bâtiments, tous richement décorés. Un torii de plus de 9 mètres nous invite à quitter le monde profane et à pénétrer dans le monde sacré. Il recèle de nombreuses œuvres de l’art japonais, notamment les sculptures de bois comme le Nemurineko (chat dormant) ou les trois singes*(Mizaru (見猿) pour l’aveugle, Kikazaru (聞か猿) pour le sourd Iwazaru (言わ猿), pour le muet, œuvre du sculpteur Hidari Jingorô (1594 – 1634), un artiste devenu presque légendaire.
*La plus ancienne trace connue de ces singes se trouve dans les Entretiens de Confucius (au VIe siècle av-JC). Ils ont été introduits par un moine Bouddhiste de la secte Tendai vers le 7ème siècle.
C’est l’une des plus anciennes représentations connues de ces trois singes que l’on peut admirer en bas- relief sur le sanctuaire Nikkō, Tōshō-gū.
Encore une démonstration du syncrétisme japonais. Une fois la porte Omote-mon franchie, d’un côté vous êtes accueilli par des gardiens bouddhiques, les Ni-oh et de l’autre côté les gardiens shinto, les « komainu » des lions imaginaires dont la mission est de refouler les mauvais esprits.
Chūzen-ji,
Le temple bouddhiste Chūzen-ji, a subi diverses destructions et reconstructions jusqu’à sa reconstruction finale de 1903. Sous l’ère Edo, il était particulièrement important pour le culte du Mont Nantai 男体山, (ancien volcan) considéré comme sacré.
Il fut gravi au VIIIème siècle pour la première fois par le fondateur du temple Rinnô-ji, le moine Shōdō Shōnin, qui l'assimilait à Fudaraku-san, le boddhisattva de la miséricorde, Kannon.
Il est niché sur la rive orientale du lac Chuzen-ji,
Il est situé non loin de Nikkō, dans le parc national qui vous dévoilera de nombreuses merveilles, et vous proposera ses itinéraires de randonnée.
Le temple est à flanc de montagne, un endroit paisible qui vous incitera à renouer avec la nature et les traditions ancestrales japonaises.
Un peu d’histoire
Ce temple a une longue histoire, il remonterait à l’an 784, et aurait été fondé par le moine Shōdō Shōnin (735-817) fondateur de la ville de Nikkō, ce dernier pratiqua le syncrétisme avec le shintō local et érigea des temples qui sont aussi des sanctuaires.
On y vénère la divinité de la grâce et de la compassion Kannon, dont la statue se dresse à l’intérieur du hall principal. Elle est impressionnante avec ses 6 mètres, sa particularité est qu’elle a été sculptée dans un tronc d’arbre encore enraciné à ce jour. Le bâtiment principal a été érigé autour de l’arbre. D’autres bâtiments sont disséminés, laissez-vous emporter par une atmosphère solennelle de ce lieu aux jardins luxuriants qui vous dévoile un lac paisible.
Le lac Chūzen-ji est un lac d’eau douce situé au pied du Mont Mantai. Le lac s’est formé il y a plus de 20.000 ans à la suite d'une éruption volcanique, il s'agit du lac le plus haut du Japon, culminant à 1.269 mètres d'altitude. Sous l’ère Meiji il devint la destination très prisée des diplomates étrangers.
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La cascade Yudaki
Yudaki est une grande cascade en forme de fourche, elle est l'une des trois grandes cascades d'Oku-Nikkō, près des chutes Kegon et des chutes Ryuzunotak.
Une descente majestueuse sur environ 70 mètres, vous pourrez vous rapprocher de ses eaux tumultueuses en empruntant la passerelle.
Le Temple Rinno-ji
Le temple Rinno-ji a une histoire riche de plus de 1250 ans. Le temple principal, Sanbutsudo Hall, est l'une des plus grandes structures de Nikkō, avec ses trois impressionnantes statues bouddhistes censées représenter les trois montagnes sacrées de Nikkō. À ne pas manquer, la salle Gomado, avec des statues des dieux de la fortune, et le trésor du temple avec un certain nombre de biens culturels importants. Le magnifique jardin Shoyoen de style japonais traditionnel dispose d'un chemin autour d'un étang.
Le Mont Nantai
Le mont Nantai est un volcan de 2 485 m situé dans le parc national de Nikkō, - également un lieu de culte de la nature. Les visiteurs peuvent marcher jusqu'au Chugushi, un sanctuaire construit au milieu du sanctuaire Futarasan et gravir les nombreuses marches de pierre menant au sanctuaire Okumiya construit au sommet.
Le sanctuaire Futarasan a été fondée en 782 par le moine Shōdō Shōnin, le moine bouddhiste qui a introduit le bouddhisme à Nikkō. Le sanctuaire est dédié aux trois montagnes sacrées : Mont Nantai, Mont Nyoho et Mont Taro. Deux autres sanctuaires sont situés, l'un sur les rives du lac Chuzen-ji et l'autre au sommet du mont Nantai.
Les matsuri
Les 17 et 18 mai, une procession d'un millier d'hommes habillés en samouraïs, défilent à Nikkō et reproduit les funérailles du shôgun Tokugawa Ieyasu (1543-1616), enterré au temple Tôshô-gû en 1617. Imaginez 1000 hommes habillés comme des samouraïs. Cette procession reproduit la scène des funérailles et le transfert de sa dépouille de Shizuoka à Nikkō.
Le Yayoi matsuri est célébré du 13 au 17 avril, par le passé il était célébré en mars. Il est certes moins spectaculaire que le précédent, il se tient au sanctuaire Futarasan et célèbre l’arrivée du printemps.
Auparavant ils servaient à « révéler » la présence des kami (entités spirituelles vénérées dans le shintoïsme). Les chars sont au nombre de 11 et représentent les 11 quartiers de la ville souvent portés à bout de bras, ils peuvent être tirés sur des roues et sont accompagnés des Taïko (gros tambours japonais).
Accès
Prendre le Shinkansen de Tokyo Station. Après 45 minutes descendre à la gare de Utsunomiya puis attendre le train local sur la Nikkō, Line. Attention pour ces deux trajets vous devez posséder le Japan Rail Pass.
Conclusion
Ouvrez vos yeux et laissez-vous porter par ce voyage spirituel, un voyage poétique, dans des lieux imprégnés de philosophie, le Japon ce n’est pas que Tokyo ou Kyoto ce sont des lieux qui se protègent des touristes mais lorsque ils se dévoilent délicatement, ils vous offrent des paysages fabuleux et vous invitent à vous recentrer sur vous-même, à découvrir l’art de l’esthétisme qui se cache dans la simplicité et souvent dans l’imperfection, à vous focaliser sur l’instant présent car tout n’est qu’impermanence. Les japonais ont un mot pour indiquer cet état le « mujô » rien n’échappe à la destruction, le corps, l’esprit, les pensées, l’environnement, l’univers.
ごせいちょうありがとうございました
Aurélie - オーレリー
Directeur Regional
1 ansMerci pour cet excellent article qui me rappel de bon souvenirs