Patrimoine culturel et culture de la prévention

49 000 décès annuels sont liés à l’alcool. Cela fait de l’alcool la deuxième cause de mortalité évitable en France, après le tabac. La politique de prévention mise en œuvre n’a qu’un objectif : améliorer la santé de la population. L’éducation à la santé est une priorité devant le niveau de consommation en France, l’un des plus importants de l’OCDE : 11,7 litres d’alcool pur par an et par personne. L’alcool est à l’origine de cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies digestives, cirrhoses, maladie du pancréas, accidents de la route, troubles mentaux ou du comportement, démences précoces, suicides. L’alcool est présent dans 30% des condamnations pour violences, 40% des violences familiales, 30% des viols et agressions.

La politique de prévention n’est ni une politique de prohibition ou d’interdiction, ni une politique moralisatrice. Il s’agit de permettre à chaque citoyenne, à chaque citoyen de faire ses choix, de manière éclairée grâce à une information objective, transparente, de permettre à chacun d’adopter des comportements favorables à sa santé. La politique de santé publique ne vise aucunement le patrimoine culturel français. Un adulte a parfaitement le droit de déguster un verre d’alcool. Des amis peuvent évidemment commander une bonne bouteille lors d’un dîner à la maison ou au restaurant, si celui ou celle qui conduit et ramène tout le monde à bon port ne boit pas.

Nous avons un impératif commun : protéger les enfants à naître. La consommation d’alcool durant la grossesse, fréquente ou occasionnelle, faible ou importante, présente des risques pour la santé du fœtus, et ce dès le début de la grossesse. 8 000 enfants naissent en France chaque année avec des troubles causés par une exposition à l’alcool in utero : troubles de l’apprentissage, de la mémoire et du comportement auxquels s’ajoute une plus grande vulnérabilité au risque d’addiction ultérieure. Il s’agit de la première cause de handicap mental d’origine non génétique.

Nous devons aussi protéger nos jeunes. Dès le collège, les premières ivresses apparaissent. 28% des collégiens de troisième ont déjà connu une ivresse alcoolique. L’alcool demeure la substance la plus expérimentée par les adolescents de 17 ans. Deux tiers des jeunes en ont bu au cours du mois écoulé. Si la vente d’alcool est interdite aux mineurs, ce n’est pas pour rien. Après consommation, l’alcool est transporté en quelques minutes dans l’organisme, notamment au niveau du cerveau. Il agit sur son fonctionnement en modifiant la conscience et les perceptions, le ressenti et les comportements. Consommé à faibles doses, l’alcool procure une sensation de détente, d’euphorie, voire d’excitation. Consommé à plus fortes doses, l’alcool provoque l’ivresse : mauvaise coordination des mouvements, diminution des réflexes et de la vigilance, état de somnolence…. À très fortes doses, l’alcool peut provoquer un coma éthylique : il y a alors urgence médicale. Par ailleurs, les consommations régulières peuvent entrainer des déficits de mémorisation et des capacités d’apprentissage pouvant favoriser le décrochage scolaire chez le jeune.

L’interdiction de vente aux mineurs n’est pas suffisamment respectée et tous les acteurs ont un rôle à jouer : les filières économiques, au titre de leur responsabilité sociétale ; les distributeurs, premiers concernés ; les pouvoirs publics, qui disposent du pouvoir de contrôle. Le plan « Priorité prévention » prévoit que les associations puissent mettre en place des dispositifs d’observation et d’évaluation.

Il faut avant tout donner à nos enfants les clés pour décider. « Priorité prévention » mise sur l’école en développant l’éducation aux comportements favorables à la santé dans le cadre d’une Ecole promotrice de la santé avec l’intervention des étudiants du service sanitaire et des « ambassadeurs-élèves » de prévention dans l’ensemble des écoles et établissements secondaires. Cela passe aussi par des partenariats entre les collèges/lycées et les consultations jeunes consommateurs afin de favoriser les actions de prévention collective, les consultations avancées et une meilleure orientation des jeunes en difficulté. « Priorité prévention » renforce enfin l’accompagnement des jeunes en proposant systématiquement un accompagnement spécialisé aux jeunes lors de leur passage aux urgences pour cause d’alcoolisation excessive.

Adoptons tous ensemble une attitude raisonnable pour que notre pays au patrimoine culturel exceptionnel devienne aussi un champion de la prévention en santé. 


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