Pensée du jour...
Les differnts acteurs du travail RAWPIXEL.COM - FOTOLIA

Pensée du jour...

La valeur travail… ça vous parle ? Concept économique pour certains, philosophique pour d’autres, ou les deux, c’est en tous cas une notion dont on nous rebat les oreilles assez régulièrement. Or, ayant actuellement, quotidiennement, face à moi des lycéens avec lesquels j’évoque leur avenir et leur vision du monde, je me rends compte à quel point ces concepts les déroutent. Et je les comprends. Notre société a besoin, pour soutenir et servir son modèle économique, que nous produisions, que nous achetions, que nous vendions, que l’argent circule et pour cela, tu dois travailler. Celui qui ne travaille pas est un bon à rien, un « cassos » ou un loser et cette image demeure forte, voire majoritaire. Alors le jeune se dit qu’il doit avoir un bagage, des diplômes et travailler, même sans passion, même sans intérêt, il doit. Pour gagner sa vie (expression qui veut tout dire !) mais surtout parce que c’est comme ça. Alors bien évidemment, lorsqu’il débute et reçoit son premier salaire, entre 1100 et 3000€ à la louche, il sait aussi que certains gagnent cela par jour, voire par minute ou par seconde puisque parallèlement à son parcours d’apprenant, il aura déjà eu un long parcours de « cœur de cible », ce qui lui aura valu d’être abreuvé de « story telling » et de « success stories » à but marketing. En gros, il aura reçu des discours opposés durant un nombre d’années conséquent et on lui demandera, non pas de faire un choix, mais de rentrer à son tour dans la grande roue pour la faire tourner. Toi dans tout ça ? Comment te dire… On s’en fiche un peu en fait. Travaille, achète toi une voiture, un logement, fonde une famille et ne nous fait pas c…  

Nous avons donc des jeunes puis des moins jeunes gens perdus dans un train lancé à grande vitesse et dont on ignore la destination. Au poste de contrôle d’autres s’assurent que le train ne déraille pas et ne réduise pas trop sa vitesse. Il ne doit surtout pas s’arrêter, certains pourraient s’enfuir.

Les inégalités ne cessent de se creuser, nous évoluons dans un monde qui se maintient comme un vieil échafaudage que l’on rafistole sans cesse tout en lui ajoutant des niveaux. Alors il est difficile d’expliquer aux élèves que travailler n’est pas une fin en soi ni une nécessité, ce n’est pas le discours attendu. N’oublions pas qu’à l’origine il signifie « torturer »… Je préfère leur dire qu’il est nécessaire de s’occuper le corps et l’esprit et de chercher SA voie. Qu’il est nécessaire de participer à la société, de faire sa part, de recevoir sa part. Qu’il est nécessaire de s’exprimer et d’écouter. Qu’il est nécessaire d’évoluer. Qu’il est salutaire de réfléchir. Voilà des moteurs qui, à mon sens, peuvent permettre de trouver sa place, de s’accepter, à condition que l’individu puisse s’épanouir au milieu des autres, que la société lui en laisse la latitude, sa liberté s’arrêtant bien sûr, par respect, là où commence celle des autres. En revanche, si les objectifs sont le travail, l’argent, la possession, la consommation et le pouvoir, je pense qu’il y a erreur. Ce sont des moyens ou des conséquences. S’ils sont plus que cela, le train va...?

« Oui, nous pouvons arrêter de croître. Mais dans ce cas, nous avons besoin de redistribution. Aux États-Unis, le PIB par habitant est de 50 000 dollars. Si tout le monde avait 50 000 dollars par an, nous aurions un standard de vie décent pour tous et nous n’aurions pas besoin de croissance. Mais si les 1 % les plus riches concentrent 40 % de la richesse et 20 % du PIB, les 20 % les plus pauvres n’ont pas accès à un niveau de vie décent. Il faut donc soit redistribuer la richesse soit continuer à croître pour s’assurer que tout le monde ait un niveau de vie décent. » Joseph Stiglitz

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Cyrille Duriez

  • Savoir devenir

    Savoir devenir

    On parle souvent du savoir-être. Comment se comporter, interagir et communiquer selon le contexte et les interlocuteurs…

    3 commentaires
  • Ce qui s'impose à nous.

    Ce qui s'impose à nous.

    Pour moi, le théâtre dont parle Shakespeare (cf. article précédent) est lui-même intégré dans le grand jeu qu’est notre…

  • Choisis ta case et choisis la bien !

    Choisis ta case et choisis la bien !

    Dès lors que nous sommes en âge d’exercer notre libre-arbitre, de faire des choix qui modèleront notre vie, la société…

    3 commentaires

Autres pages consultées

Explorer les sujets