Peut-être nous dirait-il....
Elles coulent à grands flots les images de cette France qui lutte, se débat, s'esquinte sous les voix hurlantes de citoyens fatigués des paroles de bon cœur aux veilles électorales. La promesse n'a plus de valeur sinon celle de nourrir la frustration et faire grandir les colères qui hier, encore, trouvaient refuge dans l'espoir. Chacun pensant que les efforts consentis allaient entretenir l'espérance d'un nouveau monde, d'un monde meilleur...un jour. Ce jour n'est pas venu, à en croire toutes celles et ceux qui aujourd'hui l'attendent, le réclament, l'implorent...
La France jaunit, atteinte d'un mal qu'aucun diagnostic ne prévoyait : la défiance. La défiance envers tout un système qui avait pourtant vocation à encourager la confiance, à faire raisonner les cœurs et briller les yeux. Lorsque l'on perd sa fierté "d'être", on devient l'ombre de ce que l'on est plus : les cœurs raisonnent alors de colère et les yeux brillent car noyés de tristesse.
Quand l'expression citoyenne ne trouve pas sa résonance, elle devient alors frustration. La frustration engendre la colère et invite, à son insu, la haine embusquée au fin fond de ces êtres de misère.
Alors, devant les divisions actuelles, politiques, sociales, religieuses, idéologiques...j'aime à (re)penser à ces héros, ces véritables héros qui un jour ont accepté l'issue de la mort pour nous permettre de vivre, aujourd'hui...libres. Non pour un quelconque intérêt, partisan ou non, mais pour une ambition collective : notre liberté. Il nous incombait alors, à tous, héritiers de ces immenses sacrifices, d'en prendre soin, de la protéger, la faire grandir pour ensuite la partager et la transmettre à notre tour.
La "résistance" doit rassembler, autour de libertés fondamentales. La résistance ne peut se satisfaire d'un désordre de courage. Oui, la fraternité dans le combat nourrit sa cause. Personne ne peut fuir l'écho de la souffrance.
Alors , Jean Moulin, grand homme parmi les "Grands", rappellerait probablement ces propos, tenus dans un temps bien plus obscure, nous rappelant ainsi à l'essentiel : « Messieurs, au-dessus de nos divisions, il y a la France ! ».