Vers un capitalisme philanthropique !
En 2017, Benoit Hamon proposait le revenu universel comme argument clé de sa campagne présidentielle. Pour Benoit Hamon, il était évident qu'il était possible de financer sa mesure vu l'argent brassé à la Bourse, les dividendes par milliards et les maisons des milliardaires avec leur parcours de golf neuf trous. C'était plus que possible, c'était nécessaire. L'indignation de gauche, c'est le gaspillage de l'argent privé.
L'indignation de gauche, c'est le gaspillage de l'argent privé.
Si nous ne devions voter que sur la base de ce qui est offert, c'est sans conteste les programmes de gauche et d'extrême gauche qui emporteraient les suffrages. Un meilleur système de santé, un meilleur système éducatif, des investissements dans les infrastructures et la recherche... Pourtant toutes ces belles promesses ne semblent pas se concrétiser dans les urnes. Elles se heurtent à la crédibilité économique. Les Français craignent le retour de bâton : la hausse des impôts. Les Français, et ils ne sont pas les seuls, sont plus sensibles à l'argent sur leur compte à la fin du mois qu'à la qualité des infrastructures ou des services publics.
Ainsi, au moment d'évaluer le revenu universel, ils se posent la sempiternelle question du financement. Et le débat politique devient une discussion ennuyeuse sur les différents impôts à instaurer ou supprimer pour financer cette mesure. Et tout le monde craint pour son portefeuille ! Le jeune homme qui commence dans la vie avec un bon salaire, qui veut emprunter pour s'acheter un appartement va être opposé à toute augmentation de l'impôt sur le revenu. Le retraité avec quelques actions en Bourse va être opposé à toute augmentation des impôts sur les dividendes. La mère célibataire qui loue un petit appartement qu'elle a hérité va se retrouver opposée à tout prélèvement additionnel sur les loyers. Et voici de curieux alliés des PDG, capitaines d'industries et grosses fortunes immobilières...
Pour ne pas échouer comme Benoit Hamon, en préambule de toute action politique, il faut se poser d'abord la question de l'argent. Il est tout aussi important de savoir qui va payer que de savoir ce qu'on va faire de l'argent. Mais où est l'argent aujourd'hui ? L'argent est dans les mains des plus aisés. Ce qui signifie que si nous voulons trouver l'argent pour changer le monde, il n'y a qu'un seul endroit où aller le chercher...
On voit que les impôts sur le travail et les dividendes ne sont pas satisfaisants car ils ne créent pas le consensus. Alors, au final, il ne reste plus que l'impôt sur la Fortune, non ? Mais qu'est ce que l'impôt sur la fortune en réalité ? Imaginez que vous avez gagné au loto... 10M€ ! et vous le placez sur un compte avec peu de risque à 2%. Avec un impôt sur la fortune à 2%, cela signifie que tous les gains que vous faites finissent en impôt. L'impôt sur la fortune est un impôt sur la rente. Pour avoir 2% de rente, vous êtes obligés d'aller chercher un investissement plus risqué, avec 4% de rendement.
Que se passerait-il avec un impôt sur la fortune à 10% ? Cela signifierait qu'il faudrait en permanence trouver des rendements supérieurs à 10% pour continuer d'accroître son bien. Cela signifie aller vers des investissements de plus en plus spéculatifs et donc augmenter le risque de perdre sa rente. Et si on n'atteint pas un tel rendement, cela signifie la réduction du stock de capital dont on dispose au profit de l'Etat. Et verser de l'argent à l'Etat, c'est frustrant. Surtout quand le personnel politique ne lésine pas en notes de frais ou s'octroie des retraites improbables. C'est frustrant également de voir l'argent public dilapidé en dépenses à visée électoralistes. L'indignation de droite, c'est le gaspillage de l'argent public.
L'indignation de droite, c'est le gaspillage de l'argent public.
C'est frustrant également de devoir verser ses économies, aussi larges soit-elles, en impôt. L'homme fortuné devient un esclave de l'Etat. Tout ses revenus passent en impôt. On peut comprendre leur opposition à un tel projet. Pourtant, un homme qui travaille sans être payé, cela existe, cela s'appelle un bénévole. Il y en a des millions qui animent le corps associatif français, qui servent des repas dans le froid de l'hiver, qui font du porte à porte pour parler aux personnes isolées, qui rendent visite à des enfants dans les hôpitaux. Et si nous faisions des plus fortunés des bénévoles pour leurs propres fondations ou des fondations qu'ils ont choisies. Ils pourraient continuer de faire prospérer leur entreprise mais pour le bien commun. Comment définir le bien commun ? Voilà un rôle pour l'Etat !
Pourquoi l'action économique serait-elle forcément antinomique d'une action sociale et environnementale positive ? N'y a-t-il pas une vertu à ce que les dividendes des entreprises fournissent directement les moyens à des fondations d'exercer leur action philanthropique ?
Il y a un exemple intéressant outre-Rhin, il s'agit de la fondation Bosch. Tout le monde connaît cette entreprise qui fabrique des perceuses, des réfrigérateurs ou des équipements automobiles. Cette entreprise est possédée à 93% par la fondation Bosch. C'est son actionnaire principal. A chaque fois que des dividendes sont versés, ils permettent de financer les actions philanthropiques de la Fondation Bosch. Un employé de Bosch ne travaille pas seulement pour son salaire et l'enrichissement d'un actionnaire mais plutôt pour financer l'éducation, la santé de demain, la recherche scientifique ou encore favoriser la coopération internationale. En France, on peut trouver l'exemple des laboratoires Pierre Fabre, qui sont possédés à 86% par la fondation Pierre Fabre, qui agit pour la santé dans les pays du Sud.
Et si nous mettions le système capitaliste d'extraction de la valeur ajoutée au service direct de la philanthropie ?
En résumé, je propose quelque chose de très simple : la mise en place d'un ISF à 10% (taux à discuter) au delà de 2 millions d'euros, à 20% au-delà de 10 millions d'euros et à 30% au-delà de 100 millions d'euros. L'assiette de cet ISF inclurait les biens professionnels, l'immobilier, tout. Toutefois, en cas de dons à une association d'intérêt général, il y aurait une réduction de 100% sans limite de montant. Cela permettrait ainsi un transfert progressif du capital des plus aisés d'entre nous vers des fondations d'intérêt général. Cela amorcerait le basculement d'un capitalisme individualiste vers un capitalisme philanthropique.
Cela amorcerait le basculement d'un capitalisme individualiste vers un capitalisme philanthropique.
Donnons aux plus aisés le goût de la philanthropie. Laissons-les mettre leur capital et leur intelligence au service du progrès humain ! Laissons-les innover et contribuer à l'élaboration du monde de demain plutôt que de les stigmatiser et d'en faire des ennemis du progrès. Mettons en place un cercle vertueux dans lequel l'homme gagne de l'argent et le dépense pour les autres.