Pierre, rions un peu !
Vous êtes un "angel", un business angel ! Comme Mimie Mathy, vous claquez des doigts et l'argent apparait ?
Ce serait un peu trop simple. Je vais faciliter la levée de fonds. D'abord en m'assurant que le porteur de projet porte un bon projet, qu'il a la bonne idée et qu'il a la gnaque. Et s'il répond à ces conditions-là, je vais éventuellement l'aider financièrement ou amener autour de lui des gens qui peuvent l'aider financièrement.
Être belge et vouloir réussir en lançant une boite, c'est un peu comme être blanc et vouloir gagner le 100 mètres aux Jeux Olympique ... C'est possible. Mais très compliqué ?!
Je ne partage pas ce point de vue. On a énormément d'atouts chez nous. Je me plais à rappeler que la Wallonie en particulier est une terre de jouvence pour lancer sa startup. On bénéficie d'un environnement très intéressant en terme de support académique : on a des universités, on a des structures merveilleuses et on a aussi des pouvoirs publics qui sont forts derrière des initiatives privées : beaucoup de fonds d'investissement et des incubateurs. On peut lever entre 50 000€ et 5 000 000€ en Wallonie sans trop de difficulté. Au delà, c'est vrai qu'il faut se tourner vers des capitaux étrangers. Mais si on arrive à une levée de fonds de 5 000 000€, c'est déjà pas mal.
La meilleure blague qu'un entrepreneur vous ait faite ?
La meilleur blague qu'un entrepreneur POURRAIT me faire ... C'est de réussir son business plan comme il était prévu. Je n'ai jamais vu, en 30 ans, un seul business plan se dérouler de la façon dont il était prévu. C'est malheureusement souvent beaucoup plus lent que prévu, beaucoup moins bien que prévu ... Mais, exceptionnellement, parfois, meilleur que prévu !
Le gouvernement qui aide les entrepreneurs, c'est une bonne blague ?
Non, pas du tout d'accord ! Tant au fédéral qu'au régional, il y a énormément d'aides et il faut vraiment se battre contre ces idées préconçues selon lesquelles une entreprise c'est difficile à lancer. J'en ai fait l'expérience il y a un peu plus de 10 ans moi-même. Après avoir créé pas mal d'entreprises, j'ai voulu en créer une moi-même de a à z, du notaire jusqu'au bureau de TVA. Il m'a fallu moins d'une demi-journée pour être totalement opérationnel. Et je vous assure sans tricher. Et puis comme je vous l'ai dit, toutes les aides sont là. On manque peut-être de vrais coaches. On a un peu trop de coaches qui n'ont jamais été que coaches. Mais par contre c'est un appel que je lance aux gens qui ont un certain parcours de se mettre à disposition des entrepreneurs. Et d'ailleurs, il y a le réseau entreprendre qui le fait très bien.
La pension des entrepreneurs, vaut mieux en rire ?
En effet, il vaut mieux quand on est entrepreneur avoir pris le soin de mettre un peu d'argent de coté parce que la pension dont on nous gratifie royalement après avoir payé des cotisations sociales toute notre vie, c'est évidemment pas grand chose.
Un wallon qui entreprend, ça existe vraiment (humour) ?
Mais, bien sûr ! Rien que dans le fond WING, on a enregistré en un peu plus d'un an 350 dossiers. Sur les 350 dossiers, on en soutient un peu plus de 40 et uniquement dans un secteur qui est le numérique. Faut quand même rappeler qu'il n'y a pas que le numérique. Il y a énormément de secteurs très porteurs. Il y a tous les pôles de compétitivité en Wallonie dont on sort des choses, des niches très intéressantes. Donc, non, non, NON ! Je me bats contre cette idée :D.
Le statut étudiant entrepreneur, bonne ou mauvaise blague ?
C'est un statut qui a germé dans l'esprit du professeur Bernard Surlemont à Liège qui a eu cette très bonne idée d'imaginer un statut qui donne à l'étudiant la capacité de mener de front ... et ses études et son entreprise. C'est une très bonne idée qui est en train de s'étendre à tout le territoire.
Pour terminer, une anecdote ... juste pour rire !
C'est une anecdote tout à fait personnelle. Mais qui montre qu'il faut quand on est entrepreneur pouvoir être un caméléon finalement. Il y a quelques années, mon voisin tombe en panne de chauffeur pour conduire 40 tonnes de pommes de terre chez son client. Et il m'appelle au secours parce que tous ses chauffeurs sont saouls. C'est le soir de la Saint-Eloi ! Et donc après avoir quitté mon habit d'entrepreneur ... J'étais patron de la société IRIS à l'époque ... J'ai endossé mon costume de camionneur. Et j'ai amené les 40 tonnes de pommes de terre dans un grand magasin à Liège. Et en arrivant la bas, c'était un soir en hiver, il faisait noir, le brave magasinier vient vers moi et je lui dit en wallon : "il fait pas chaud ici". Et il me répond avec son accent liégeois : " si t'avais fait des études, tu serais bien au chaud derrière ton bureau."
➡️ Interview réalisée pour NRJ Belgique ➡️ Cover de l'article réalisée par pauline-graphiste.com