Politique : la fins des récits?
Qu'est-ce qu'un récit en politique ? Ce n'est pas forcément un rapport d'expert avec des dizaines de propositions. C'est surtout l’histoire orale ou écrite d’un évènement, d’une aventure.
À la différence de certaines promesses inconsidérées ou de discours technocratiques, le récit politique a tendance à disparaître. Dès lors beaucoup de nos concitoyens ont le sentiment qu'on ne parle pas d'eux, qu'on ne raconte pas leur histoire, qu’on n’évoque pas leur identité et d il ne se sentent pas très impliqués par l'action politique.
Bien sur un certain nombre de responsables politiques ont perçu cela en tentant de produire un récit mobilisateur.
On évitera de donner des bons points aux uns et aux autres, mais on peut considérer, par exemple, que Patrick Weiten le président du Conseil départemental de la Moselle « parle » son territoire. La Moselle, son histoire son avenir sont au cœur de ses discours. Les maires des villes, notamment des grandes villes, parviennent eux aussi souvent de raconter leur territoire.
En Alsace, quoi qu'on pense de la communauté européenne d’Alsace, il faut bien constater que Frédéric Bierry, le président de cette communauté qui regroupe les deux anciens conseils départements alsaciens, porte un discours qui retient l’attention des Alsaciens même s’ils sont aussi souvent sceptiques sur la nécessité absolue de voir la CEA quitter la région Grand Est.
Au niveau de cette Région Grand Est la question du récit reste posée. Car si son Président, Franck Leroy, est un homme qui maîtrise bien ses dossiers, qui est très à l'écoute des acteurs, il peine malgré tout à développer un récit mobilisateur. Ses ambitions tournent surtout autour de la nécessité absolue de faire face au réchauffement climatique et à engager une véritable transition environnementale. Il veut faire de la Région Grand Est une région exemplaire dans ce domaine, une vraie région verte.
On ne peut pas nier l'importance de cet objectif. Mais on n’est pas non plus certain que tout cela parle suffisamment aux habitants de cette immense région qui ont besoin, plus que d'autres peut être, non pas qu'on leur raconte des histoires mais qu'on leur raconte une histoire, celle d'un territoire nouvellement créé. Ils aimeraient entendre un discours un peu plus empathique et moins fonctionnel.
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Ceci étant, au niveau national, celles et ceux qui développent réellement un récit se font de plus en plus rares notamment dans les partis dits de gouvernement. Qu’il s'agisse du parti présidentiel, des républicains ou de la gauche on ne perçoit guère de récits réellement mobilisateurs. Les écologistes auraient sans doute les clés leur permettant de développer un récit qui accroche et qui soit lui lui aussi plus empathique. Mais ils n’y parviennent que modérément, car les constats scientifiques indiscutable, ils développent les ranges presque systématiquement dans le camp des sachants.
Dans ces conditions, paradoxalement, le Rassemblement National est sans doute le parti qui développe un récit retenant l'attention une grande partie de nos concitoyens même si ceux-ci restent sceptiques sur la mise en œuvre des mesures proposées par ce parti.
Aujourd’hui le RN imprime ou plus que d'autres car de nombre de ses électeurs ont le sentiment qu'il leur parle d’eux, qu’il s’adresse vraiment à eux alors que paradoxalement c’est un parti extrême extrêmement clivant avec des solutions discutables. Mais en politique la musique compte parfois plus que les paroles.
Reste le récit européen élaboré en son temps par Robert Schuman, poursuivi ensuite par de nombreux hommes et femmes politiques et incarné à un moment donné par des personnalités telles que Jacques Delors ou Helmut Kohl. Ce récit s’est fortement édulcoré. On le constate notamment au niveau de notre région transfrontalière. Certes beaucoup d'initiatives se prennent, de nombreux acteurs essaient de construire des ponts avec les pays voisins mais au total les responsables politiques de la Grande Région peinent de plus en plus à remobiliser leurs au moment ou et les partis populistes continuent à progresser.
Préoccupant !
Chef de projets territorial Délégation Grand-Est - L'OPCOMMERCE
3 sem.Ah le joli récit mosellan, ah le joli récit alsacien et ailleurs point de salut? C'est une manière de réciter qui cause effectivement aux mosellans et alsaciens...🤔 En 2016 j'étais pour une Région Alsace-Moselle...Pour que ceux qui aiment les mêmes belles histoires se les racontent entre eux!
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3 sem.🇪🇺🇪🇺🇪🇺
Conseil en relations sociales et conditions de travail
3 sem.On y voit une référence à Yuval Noah Hariri… Le récit comme acte fondateur d’une trajectoire qui nous rassemble. L’absence de récit comme possibilité d’une dispersion, d’une errance. Cela étant, si je suis assez d’accord à propos du récit mosellan, celui-ci peut aussi avoir sonné le glas d’un récit lorrain, que nul ne porte. Quant au récit national et européen, je le vois nettement dans l’énoncé de notre Président. La métaphore de la nation qu’il a formulée devant le millier d’ouvriers au cœur de Notre Dame ce vendredi était -je pense- un authentique récit. Radicalement opposé aux récits de nombreuses autres personnalités politiques, fondés sur la peur, le déclassement, la division. Amitiés cher Roger.
Directeur régional HSBC Hauts de France retraité
3 sem.Un constat, le simple constat d'un Homme, d'un citoyen avisé de la chose publique, qui a tant donné dans ses différentes fonctions et qui continue de le faire à la tête de l'Institut de la Grande Région. Je rejoins totalement cette image qu'il donne de nos strates politiques. Beaucoup d'abstrait finalement aux yeux du "quidam". Tant que les décisions prises en termes de transition écologique restent non punitives… Mais ce n'est pas ce qui préoccupe le citoyen !!! Il faut parfois écouter les bonnes personnes... avisées de la chose publique et qui ne cherchent pas à piquer des places, mais à être utile ! Elles ont beau agiter leurs petites (ou grandes mains, on les ignore. Et ça, c'est inadmissible ! Alors, on passe à l'échelon supérieur. Merci pour ta clairvoyance cher Roger CAYZELLE.