Posture des élites africaines face au néocolonialisme. Quelle alternative concrète ?
L'ancien ministre togolais, Kako Nubukpo, farouche défenseur de l'abandon du franc CFA pour les États d'Afrique de l'Ouest atteste que : « L’émergence de l’Afrique, tranche-t-il, devrait passer par la reconquête des instruments de sa souveraineté économique. »
Alors ma question est la suivante : Comment conquérir cette souveraineté quand la quasi-totalité de ce que nous consommons est produite à l'étranger (Amérique, Europe, BRIC et l'Argentine, le Chili, l'Egypte, la Hongrie, l'Indonésie, la Malaisie, le Mexique, la Pologne, la Thaïlande et la Turquie) ? Quel est le poids de l'Afrique dans l'économie mondiale ? Comment construire un modèle économique capable d'amorcer le processus de création et de redistribution de richesses ? Comment construire un modèle de société bâtit sur les valeurs éthiques, morales, civiques (éducation, justice, excellence, méritocratie, union, discipline, travail…) capables d'impulser une dynamique de développement de l'Afrique ?
Pour moi, la reconquête des instruments de la souveraineté économique passe par la satisfaction des besoins primaires (l'eau, l'électricité, logement, système de santé et d'éducation performante, la sécurité alimentaire, des biens et des personnes, les infrastructures de base, la bonne gouvernance etc.) avec les moyens, les ressources propres dont dispose l'Afrique. Revenons à la définition de ce concept.
C'EST QUOI LA SOUVERAINETÉ ?
La SOUVERAINETÉ se définit comme étant la CAPACITÉ D'ÊTRE MAÎTRE CHEZ SOI, de RÉSISTER AUX ATTAQUES EXTÉRIEURES et aux TENTATIVES DE DÉSTABILISATION INTERNES, et de CHOISIR AVEC QUI COOPÉRER sur une BASE DE RESPECT MUTUEL. Elle suppose également L'INDÉPENDANCE POLITIQUE ET MILITAIRE et la capacité à ASSURER LA PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE de sa population en toutes circonstances. La SOUVERAINETÉ ÉCONOMIQUE est donc un ATTRIBUT CLÉ D'UN ÉTAT POLITIQUEMENT INDÉPENDANT. Elle suppose que l’offre productive réponde aux principaux besoins alimentaires et énergétiques et aux principaux éléments de la demande de biens et services de la population.
Comment pouvons-nous parler de souveraineté si nous ne détenons aucune puissance militaire, aucune capacité économique, technologique et scientifique pour ainsi garantir une stabilité politique et démocratique des états africains face à l'ingérence des puissances occidentales ?
L’Afrique est le continent le moins développé et le moins avancé technologiquement de la planète. Nous n'avons aucune usine de production d'armes, de bien et de services à l'échelle de la Chine, de la Malaisie, de la cité nation singapourienne etc. Nous n'avons aucune expertise de concevoir par nous-mêmes un satellite ou d'explorer l'espace. Nous consommons plus que nous ne produisons. Selon les prévisions de l'IFC, la consommation des ménages africains devrait atteindre 2,5 mille milliards de dollars en 2030, contre 1,1 mille milliards en 2015. Les dépenses des ménages devraient augmenter à un rythme de 5% par an dans la région, contre une moyenne de 3,8 % dans les autres pays en développement. Selon Deloitte, l’Afrique attire toujours plus d’investissements étrangers, pas uniquement dans le secteur dominant de l’énergie. La BAD a annoncé une croissance de 3,4% de l'Afrique en 2019. Qu'en est-il des investissements locaux voire africains face à ce vaste marché de la consommation ? Comment arriver à s'approprier l'économie africaine au détriment des groupes multinationaux. C'est à ce niveau que se trouve l'équation de la souveraineté économique de l'Afrique.
Nos élites gagneraient à poser des actions concrètes qu'à rabâcher l'oreille des populations avec les doctrines pan-africanistes (souveraineté politique, économique (FCFAvsECO), colonisation, collabo de l'Occident, esclavage, négritude, tigritude, à la Patrick Numumba, Kwame N'Krumah et j'en passe). Dites au professeur Mamadou COULIBALY et à sa conseillère exécutive Natalie YAMB dans leur marche vers la libération définitive et absolue de l'Afrique toute entière des diktats de l'impérialisme, qu'ils aient le courage de bien informer et éduquer les populations. Du moins de leur dire la vérité rien que la vérité.
ILLUSTRATIONS
Supposons que vous voulez vous affranchir de l'esclavage mais le seul hic, vous devez votre liberté par la rupture de la chaîne métallique d'esclave qui relie vos deux pieds. Cette chaîne vous empêche de vous mouvoir, courir et prendre la fuite. En vous inspirant de Kunta Kinte, héros du film Racines (Roots) d'Alex Haley, Que feriez-vous !? Vous commencerez par briser la chaîne qui vous lie au maître avec les moyens de bord dont vous disposez, c'est-à-dire votre intelligence, un outil métallique tranchant qui vous permettra de scier la chaîne et de beaucoup de patience pour atteindre vos buts. L'intelligence représente ici l'expertise qui symbolise l'école, la connaissance, l'éducation, la formation. L'outil métallique représentant les facteurs de production (travail, moyens matériels, financiers...) qui vous permettra de réussir votre évasion. Vous avez vu que Kunta Kinte a maintes fois tenté de s'évader mais s'est toujours fait prendre au point qu'on lui a fait amputer les orteils pour l'empêcher de s'échapper de nouveau. POURQUOI ? La force physique et la patience n'ont pas suffi, il lui fallait la connaissance, l'éducation, et les moyens techniques pour arriver au bout de sa soif de liberté. Finalement, c'est par l'éducation, la connaissance, les moyens financiers et matériels que sa descendance a connu la liberté. C'est le même principe. Cette vérité est simple comme "BONJOUR". Nous n'avons pas besoin de brûler des billets de banques (FCFA) ou de les déchirer à la face du monde pour se fait entendre ou, pour démontrer qu'on est coriace. L'Afrique doit se mettre au travail. Son salut en dépend. C'est ce qu'il faut comprendre. Il nous a fallu 60 ans de grogne pour aboutir à quelques avancées par rapport à l'abandon du FCFA. Rapport de force qui a opposé les activistes populistes du panafricanisme et la France. Vous n'avez aucune machine pour tirer vos billets de banque, vous n'êtes pas capables de mener un combat de façon solidaire de bout en comble. Et vous réclamez votre dû à part égale avec celui qui investit dans votre économie. Supposons que la Côte d'Ivoire était la France et la France, l'une des ex-colonies de la Côte d'Ivoire, quelle attitude adopterait-elle ?
Le sort de l'Afrique, son avenir et son devenir ne dépend que de l'Afrique elle-même. Et le mal de l'Afrique n'est rien d'autre que l'Afrique elle-même. Si l'occident pille l'Afrique, c'est avec l'appui et le soutien des dirigeants africains eux-mêmes. Le problème de l'Afrique est la redistribution de ses richesses, la corruption, la gabegie financière, le clientélisme dans tous les secteurs d'activité, l'économie informelle qui réduit considérablement sa productivité... Nous gagnerons à résoudre ces problèmes d'ordre primaire.
Demandez au professeur Mamadou COULIBALY, il a eu l'opportunité d'être ministre de l'économie et des finances sous le règne du président Laurent GBAGBO. Quelles actions concrètes a-t-il proposé pour annuler la reconduction des contrats avec les groupes français (Bouygues, Boloré, Total etc.) afin de libérer définitivement la Côte d'Ivoire et par cette voie, l'Afrique tout entière des diktats impérialistes ? À Nathalie YAMB, quelles actions concrètes mène-t-elle pour réduire le niveau de corruption au Cameroun et bouter le pouvoir dictatorial du président Paul BIYA, réduire la misère et la pauvreté des populations ? Qu'est-ce que l'abandon du FCFA ou les réserves d'or logées dans les comptes français pourraient apporter à l'Afrique si elle souffre d'une sous-mentalité cancéreuse ?
La Côte d'Ivoire a-t-elle des unités de production, des machines, engins pour construire des infrastructures (routes, ponts et chaussées, bâtiments d'envergure) ? La Côte d'Ivoire a-t-elle l'expertise d'exploration, d'extraction et d'exploitation des ressources minières (pétroles, gaz, or etc...) ? Pourquoi l'Afrique se sent obligée de faire appel à l'expertise étrangère pour la construction de ses infrastructures, et l'exploitation de ses ressources ? Dites leurs que les réserves d'or seules ne suffisent pas. Il faut éduquer les populations car c'est elle qui aura la charge de l'usage de ses richesses. Et si cette population n'est pas éduquée pour recevoir cet héritage. À quoi servirait-il ? sinon qu'à des conflits et guerres à n'en point finir surtout que le peu de richesses dont nous disposons, nous peinons à la redistribuer convenablement. L'éducation est plus que nécessaire.
Nous avons un climat ensoleillé sur pratiquement toute l'année. Nous avons une capacité de production d'électricité coûteuse et insuffisante. Quelle solution alternative a-t-il proposé pour réduire le coût de la qualité de vie des ménages rien qu'en valorisant l'énergie renouvelable (énergie solaire) ? Comme nous sommes propriétaires du soleil (rire), alors ceux qui viennent avec les machines, l'expertise pour transformer l'énergie solaire en énergie électrique selon lui, devrait-ils se tailler quelle part du gâteau ? Et si c'était lui la France que ferait-il ?
Si L'Afrique est le propriétaire par excellence de toutes les matières et ressources premières nécessaires au développement des industries occidentales. Qu'est-ce qu'il faut alors faire de façon concrète pour endiguer l'impérialisme économique et industrielle ? La réponse n'est ni économique ni politique. Elle s'appelle UNITÉ. Dès l'instant où l'Afrique parlera d'une seule voix sur l'exploitation de ses matières premières, elle posera un pas de géant vers son indépendance économique, technologique, politique et militaire.
On nous vente en longueur de journée la richesse du sous-sol de l'Afrique. Pétrole (industrie de l'extraction et de la production des ressources énergétiques), OR, Diamant (industrie de la joaillerie), Fer, Cuivre (industrie de la métallurgie), Cobalt (industrie de téléphonie mobile), Cacao, Café, Coton, Hévéa...(industrie de transformation agricole), le soleil (industrie de production d'énergie solaire).
Il faut avoir le courage de dire aux gens que la matière première seule en l'état ne produit aucune richesse. Ce sont les facteurs de production qui produisent une richesse. Et ces facteurs de production, on nous a appris tous en économie sont : le TRAVAIL et le CAPITAL.
Le TRAVAIL est une activité humaine rémunérée qui donne lieu à une contrepartie en monnaie ou en nature. Ce qui sous-tend que le travail crée l'emploi. Et le travail c'est la compétence, l'expertise nécessaire pour réaliser de gros œuvres. Cette expertise et cette compétence se trouvent dans la formation et l'éducation des populations à travers une promotion saine de l'intelligentsia par l'excellence, la refonte du système éducatif, la construction d'universités, de centres des métiers, d'écoles d'ingénieurs polytechniciens dans divers domaines de compétences. Que disent-ils, les activistes panafricains ? C'est encore l'Occident qui viendra construire nos écoles ? L'absence du travail crée le chômage. Donc, il nous faut suffisamment d'entreprises dans tous les secteurs pour créer la richesse et surtout la redistribuer convenablement.
Le CAPITAL au sens financier, désigne les fonds propres d’une entreprise (somme d’argent que les propriétaires lui apportent à son démarrage, puis pour lui permettre de se développer). Au sens technique, le capital désigne l’ensemble des moyens de production, c’est-à-dire les moyens matériels (terrains, bâtiments, machines, matières premières) & immatériels (brevets, logiciels). Comment pouvons-nous réclamer des parts égales avec l'investisseur si nous ne détenons aucune main d'œuvre qualifiée, aucune expertise, aucun moyen de production pour réaliser nos gros œuvres ?
SIMPLES CONSTATS
L'Afrique doit se réveiller. Mais pas dans les plaintes ou en se jouant les victimes.
- Quand le siège de l'UA, le symbole de la dignité africaine est financé par la Chine et que l'UA dépend fortement du financement des bailleurs de fonds pour gérer ses programmes et ses activités, ce qui est aggravé par le fait que plus de 40 % des États membres ne versent pas leurs contributions annuelles à l'Organisation. De quelle souveraineté parle-t-on ?
- Quand mon cher aîné, le Dr Samuel Mathey annonce les TROIS raisons pour lesquelles les américains peuvent avoir la peau d'Adesina..., le Président de la BAD sont :
- Les USA sont les actionnaires non-Africains les PLUS puissants au sein de la banque avec + 6% (dépassant d'ailleurs l'actionnariat individuel de la majorité des pays Africains)
- Les USA ont plusieurs programmes de plusieurs milliards de dollars EN PLUS de leur participation au capital et dont la BAD dépend, essentiellement les milliards de $$$ de l'USAID pour le secteur privé
- Les USA tiennent plusieurs pays Africains dans leurs mains avec les aides (MCC...) dont ces pays dépendent et qui sont renouvelables CHAQUE année... et dont le renouvellement fait objet de négociation...
La première interrogation qui me vient en tête, c'est à quand l'indépendance économique de l'Afrique avant de parler de souveraineté ? Nous ne sommes pas fichus de financer notre banque. Quelle souveraineté voulons-nous prendre ?
- Quand il nous faut 60 ans de lutte pour arriver à quelques concessions de la France face aux FCFA qui demeurent tout de même une avancée non négligeable, alors qu'il suffisait tout simplement d'une volonté politique collégiale, c'est à quand cette souveraineté tant recherchée ?
- Quand pour la moindre déstabilisation politique, les dirigeants des états africains sont contraints de faire appel aux forces militaires des puissances occidentales, c'est à quand la souveraineté ?
- Quand l'UA fait appel à ses meilleurs experts pour négocier auprès de la communauté internationale un appui financier face à la pandémie du Covid-19, de quelle souveraineté parlons-nous ?
- C'est pourquoi nous demandons aux panafricains de modérer le ton. Ils se comportent comme si c'est demain nous seront indépendants. Qu'ils disent la vérité aux gens qui brûlent les billets de banques à tout vent.
L'indépendance économique et politique de l'Afrique est un long et périlleux processus qui passe par l'UNION, la DISCIPLINE et le TRAVAIL. Et ce qu'il faut comprendre. La Liberté a un prix. Pour y arriver, commençons par nous prendre d'abord en charge, d'être un peu plus responsables dans la gestion des ressources de l'état, arrêter de tendre la main par des aides au développement, la corruption et autres fléaux qui minent L'Afrique.
Il faut dire aux gens que la matière première seule en l'état ne produit aucune richesse. C'est sa transformation qui donne une plus value en création de richesses. Cela passe par la valorisation des facteurs de production dans toutes les chaînes de valeurs, la création d'industries, d'usines, d'entreprises, qui produisent, transforment, emploient et contribuent à la croissance, au développement par l'améliorer de la qualité de vie des concitoyens à travers une meilleure redistribution des richesses.
Sahourey Hervé Konan, citoyen du monde
Petit à petit, l'oiseau fait son nid (B.A French : FIRST CLASS HONOURS 😎)
8 moisSi nous voulons vraiment un changement en Afrique, nous devons simplement appliquer ce qui est écrit dans le roman : Les États-Unis d'Afrique (États-Unis d'Afrique) et c'est ce que font le Burkina Faso, le Niger et le Mali en ce moment. Les États-Unis D’Afrique: [ United States of Africa ] (French Edition) https://a.co/d/7v3p6tL
En effet Sahourey Konan Adm.A., MBA, ITB. Un état ne peut prétendre sa souveraineté s'il est incapable de satisfaire ses besoins primaire.
Spécialiste en entrepreneuriat Projet CEERC USAID | 🌍 Vision pour un Congo (Brazzaville) éthique et prospère | Multipotentiel | 🤝 Acteur du changement pour l’Afrique de demain
4 ansMerci pour le partage