Pourquoi doit-on regarder les rivières en 3D ?
Pendant 2 siècles, la tentative de domestication du cycle de l’eau s’est appuyée prioritairement sur l’étude du flux liquide.
· Utilisation systématique des chutes d’eau naturelles pour la force motrice,
· Drainage des terres humides et remembrement pour favoriser l’agriculture intensive,
· Stockage artificielle et irrigation,
· Canalisation, chenalisation et endiguement des cours d’eau et des littoraux pour un aménagement rapide du territoire
On avait oublié que les cours d’eau, les courants marins et les zones humides se perçoivent en 3 dimensions et sont le siège de 3 flux de circulation :
· Flux hydraulique – Trame bleu
· Flux écologique – Trame verte
· Flux sédimentaire – Trame marron
La gestion hydraulicienne 1D nous a permis d’accompagner la croissance économique depuis la première révolution industrielle mais elle a, volontairement ou non, occulté les 2 autres dimensions du cycle de l’eau. Nous héritons aujourd’hui de profonds déséquilibres, très délicats à réparer :
· Imperméabilisation des sols sans compensation,
· Aggravation des inondations et des sécheresses,
· Fragilité de nos écosystèmes aquatiques,
· Érosions et atterrissements fluviaux et littoraux.
Fin du 20ème siècle : La prise de conscience ! L’hydraulique-3D (ou Eco-hydraulique) se substitue à la gestion hydraulicienne.
Dès la fin du 20ème siècle, sous l’impulsion des pays du nord de l’Europe, des règles nouvelles se sont progressivement imposées. L’objectif principal : Une nouvelle manière de gérer l’eau qui, se fonde sur une approche globale et qui respecte ou restaure le fonctionnement naturel du cycle de l’eau :
· Prise en considération systématique des 3 Dimensions ou flux ,
· Vérification de la rentabilité économique sur le temps long.
De nouveaux concepts se développent pour des aménagements respectueux des équilibres naturels : Les infrastructures réversibles ou C2C, le biomimétisme, les SFN (Solutions Fondées sur la Nature), la désimperméabilisation, le déremembrement,..
Les outils techniques, les outils de gouvernance et les outils de financement se mettent progressivement en place. En France, la nouvelle compétence juridique GEMAPI (2018) est un exemple de cette ®évolution.
Les défis climatiques, énergétiques et écologiques seront au centre de l’ingénierie des infrastructures de demain. L’hydraulique 3D ou éco-hydraulique participera à relever ces défis et peut déjà se nourrir d’un énorme réservoir de retours d’expériences positifs comme négatifs. Les outils du numérique LIDAR, SIG, modélisation 3D, BIM qui permettent des approches transversales et globales, participeront à la conception, la mise en œuvre et au suivi des futurs aménagements hydrauliques et à la restauration progressive des ouvrages qui ont fragilisé nos écosystèmes.
À mes débuts de jeune ingénieur hydraulicien, notre seule préoccupation était de faire transiter les eaux le plus rapidement possible de l’amont vers l’aval.
Désormais, on imagine des solutions alternatives d’infiltration, de gestion à la parcelle de réhabilitation de zones humides ou tampons, de réduction de la vulnérabilité (et non de l’aléa). On est entré dans l’ère du cas par cas, de l’ingénierie de proximité, de l’hydraulique en 3D.
Mais l’époque du « TOUT TUYAUX » n’est pas si lointaine et encore largement active pour satisfaire certains objectifs de très court terme.
Reste encore à convaincre certains décideurs de changer de paradigme : Comment peut-on leur faire chausser des lunettes 3D ?
Consultant senior Environnement et Développement Durable
3 ansBravo Jean-Hugues, on est loin de l'hydraulique hydraulicienne de BCEOM et de la fameuse formule de l'espion Q = CIA. C'est le "regard" inversé" que j'ai défendu pendant 40 ans. Heureux d'avoir fait des adeptes.
Responsable de la transformation I Direction de l’ingénierie digitale Groupe egis [DEB]
3 ansOn sait ce qu'il reste à faire !
Responsable Communication France
3 ansMerci Jean-hugues Juillard pour cette vision !