Pourquoi les messages de peur marchent-ils si bien avec les républicains ?
Des recherches en neuropsychologie ont exploré comment les déclarations influencent les choix des électeurs. Deux études en particulier ont utilisé des scans cérébraux pour observer les différences de structure entre des électeurs qui présentent des orientations politiques différentes. Les scientifiques ont découvert que notre configuration cérébrale influencerait notre réceptivité aux arguments politiques !
Pour les républicains (ou conservateurs), des études montrent que l’amygdale, une zone du cerveau liée à la peur et aux menaces, s’avère plus grande. Cela pourrait rendre les conservateurs plus sensibles aux messages qui parlent de risques, de sécurité ou de menaces pour la société. Ainsi, les déclarations qui mettent en avant la protection, la stabilité et la sécurité pourraient mieux résonner avec eux. La peur et la sûreté constituent les mots-clés pour atteindre cet électorat.
Pour les démocrates (ou libéraux), on remarque un cortex cingulaire antérieur plus grand, une zone qui aide à accepter l’incertitude et la complexité. Cela pourrait rendre les libéraux plus ouverts aux messages qui encouragent la diversité, le changement et les solutions complexes aux problèmes. Les messages politiques pour eux devraient alors insister sur l’innovation et le changement social. Les mots-clés pour les atteindre devraient comprendre l’espoir, l’inclusion et le progrès.
Que Trump planifie consciemment ou non ses attaques, celui-ci mise fortement sur la peur : les immigrants envahissent notre pays, Harris a détruit le pays, et si elle gagne, ce sera la fin du capitalisme ! Et cela fonctionne avec sa base. Cependant, on peut se demander si le changement de stratégie de Harris se révélera une approche efficace d’un point de vue neuropsychologique. En effet, celle-ci est passée de la joie et de l’espoir de tourner la page à un message de crainte que Trump devienne un dictateur.
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On observe d’ailleurs un essoufflement dans la campagne de Harris depuis l’abandon d’un ton optimiste pour mettre en relief les dangers d’un retour de Trump. Bien que ses arguments soient fondés, cette stratégie pourrait se retourner contre elle. Si les études sur le cerveau des électeurs sont correctes, les messages basés sur la peur pourraient au contraire encourager des tendances conservatrices et réduire la mobilisation de sa base.
Sources
Management Consultant at CHALUDE AND ASSOCIATES SPRL
1 moisMerci Jean Poitras pour votre article qui soulève beaucoup de questions. Notre besoin de sécurité est-il lié à notre physiologie, à notre passé (éducation, traumatismes anciens), à l’image que nous nous faisons du futur (y compris les promesses électorales) ou au stress négatif que nous vivons dans le présent? J’ai parfois l’impression que la neuropsychologie est devenue l’explication unique et universelle. Si nous reprenons les trois besoins psychologiques qui sont les moteurs de nos comportements, à savoir la solidarité (besoin social), la compétitivité (besoin d’estime de soi) et la productivité (besoin de réalisations), quel est le discours le plus sécurisant?