POURQUOI LES PRIX DU PÉTROLE RESTERONT LONGTEMPS DANS LA FOURCHETTE 50$-70$

L’Algérie n’est pas un grand acteur sur l’échiquier mondial du pétrole à cause de ses réserves et sa production modestes. Malgré une diplomatie économique très active au sein de l’OPEP, notre pays ne fait donc que subir les conséquences des actions prises par les grands acteurs.

1- Les Etats Unis

Depuis l’arrivée de Donald Trump à la maison blanche, homme d’affaire pragmatique avec sa devise «l’Amérique d’abord», la donne a changé en matière de politique américaine en ce qui concerne le prix du baril de pétrole.

Les états unis veulent par tous les moyens maintenir un équilibre entre un prix à la pompe acceptable pour les citoyens américains et un prix du baril acceptable pour les producteurs de pétrole de schiste américain qui a besoin d’un baril à plus de 50$ pour être rentable.

C’est pour ces raisons que les américains ne veulent pas d’un prix du baril supérieur à 70$ (pour maintenir un prix acceptable à la pompe) et ne veulent pas non plus d’un prix inférieur à 50$ (pour permettre aux compagnies américaines de continuer à produire le pétrole de schiste).

Comme on le voit, il y a une logique dans la démarche des Etats Unis

2- La Russie

Pour la même raison, la Russie veut maintenir un prix raisonnablement bas pour décourager la production américaine de pétrole de schistes. Toutefois, un baril à moins de 40$ nuit à l’économie de la Russie.

C’est pourquoi la Russie souhaite un prix entre 40$ et 50$.

Nous voyons ici aussi que la démarche souveraine de la Russie est cohérente.

3- L’Arabie Saoudite

Ce pays prend parfois des décisions d’augmenter sa production et réduire ses prix pour deux raisons principales:

- Tenter de mettre la Russie en difficultés économiques, souvent en exécution d’un l’agenda américain. Mais cette action a très peu d’effets sur la Russie qui sait maintenant s’accommoder de ces situations depuis l’embargo imposé par les USA, en plus de son économie qui n’est pas basée uniquement sur les hydrocarbures. De toute façon la Russie elle-même ne veut pas un prix de pétrole élevé comme on l’a vu plus haut.

- Empêcher le pétrole de schiste américain d’envahir les marchés car, à moins de 50 $ le baril le schiste américain n’est pas rentable et les producteurs cessent leurs activités ou les réduisent. Mais les autorités américaines rappellent souvent à l’ordre l’Arabie Saoudite sur ce volet-là.

Comme on le voit, et contrairement à la Russie et aux Etats unis, l’Arabie Saoudite n’est pas souveraine dans ses décisions et c’est pour cela que souvent elles semblent manquer de cohérence.

Il faut donc s’attendre qu’en situation normale les prix du baril resteront longtemps entre 50$ et 70$, à moins d’une situation conjoncturelle comme c’est le cas aujourd’hui à cause de la pandémie du coronavirus.

Comme nous le voyons, l’Algérie subit les conséquences de politiques des grands acteurs dans le domaine du pétrole et dans celui du gaz d’ailleurs.

Cela dit, il faut écarter la théorie du complot. Les actions de ces grands joueurs ne visent pas spécialement à nuire à l’Algérie. Ils sont, juste chacun à sa manière, en train de prendre les mesures qu’ils jugent le mieux appropriés à leurs intérêts nationaux. Les conséquences sur l’Algérie ne sont qu’un corollaire de ces mesures.

MOHAMED TEBANI

Director of Finances and Administration - SONATRACH

4 ans

L'Arabie Seoudite a été de tout le temps considéré comme le régulateur du marché pétrolier, en suivant les forces géopolitiques en place selon le contexte. L'Algerie a joué un rôle au sein des organisations, notamment non alignées, du fait des conditions historiques liées à son histoire récente. L'Algérie devrait s'émanciper des enjeux géopolitiques du secteur trop exposés médiatiquement. L'exposition aux risques peut être plus nuisible pour notre pays que les évolutions des prix.

Mounir Ferrani

Medilink int. Chief Medical officer

4 ans

Analyse très cohérente, on vous remercie Mohamed. Ceci dit, il n'est jamais trop tard d'apprendre de nos défaillances et promouvoir les secteurs hors hydrocarbures à l'instar de l'agriculture, le tourisme tout court et sanitaire, l'économie nationale se morfond dans des rouages moyenâgeux, bureaucratiques. Faut décider de passer le singe aux jeunes générations porteurs de projets et d'idées fructueuses. Notre si beau pays est gâté par la nature de par ses ressources humaines et naturelles. Il est temps de rendre à Cesar...

Moh Said Kahoul

Manager Consultant Master Business Administration MBA Université du Quebec à Montréal

4 ans

Un résumé qui nous pousse à réfléchir et garder pied sur terre.

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