POURQUOI L'URBANISME - COMMENT L'URBANISME #6

POURQUOI L'URBANISME - COMMENT L'URBANISME #6

Vous avez dit Expérience ?

« La méthode de la démocratie, c’est la méthode de l’expérience » John Dewey.

La mise en place d’un travail participatif, collectif, demande un temps de préparations minutieuses, de nombreux échanges d’ajustements avec le ou les commanditaires sur les objectifs et les moyens.

Derrière les mots usés de concertation, co-production, co-ceci, co-cela qui opacifient, au lieu d’expliciter, on doit, à chaque fois, faire cet effort de redéfinition contextualisée. Sinon, il s’agit d’une recette de cuisine sans cuisine ni ingrédients et peut-être sans convives.

J’ai observé, écouté, tenté de décrypter ce que je voyais et entendais ; j’ai participé à ma toute petite mesure, à de nombreuses entreprises de projet urbain, et je suis frappée par ces deux tendances contraires, à peu près toujours présentes : le goût d’essayer, de chercher, d’ajuster et  - par crainte viscérale ou par ennui - l’amour des certitudes, des modes d’emploi établis, procédures répétitives, définitivement fixées reposant sur je ne sais quelle prédétermination d’un matériau général, immuable, qui fige et essentialise rien moins que (ce qui fait) l’habitant, les espaces, le temps ou la société.

La difficulté présente est l’affichage de l’un pour maquiller la permanence entêtante de l’autre, auquel participe l’inflation grandissante, virale, de termes en vogue dont chacun feint de partager les significations.

Des expériences de participation/concertation/co-production faites, il me vient que, loin d'abandonner, parce qu’elles seraient imparfaites, parfois bâclées, il faut au contraire tenir bon sur la manière et la matière qui peuvent et doivent enrichir d’un geste critique, ouvert, le contenu du projet et ne pas en rétrécir, par peur, ni les expressions, ni les issues.

Être concernée par l’espace, le terrain, les personnes qui y vivent et le façonnent au quotidien, c’est questionner précisément les notions de façonnages, de projections, de programmation, de modèle(s) ; travailler sur, pour, avec, en vivant, en pratiquant, en confrontant.

C’est un travail manuel, un peu, pédestre beaucoup, d’imagination, de créativité ; collectif toujours. Il faut favoriser le commerce des autres (cf. Joëlle Zask), qui stimule l’imagination, rend à la fois fertile et permanente l’action de transformer ; d’aménager (quand cela sert la transformation). Le commerce, l’échange fait la ville, la vie sociale : les interactions. Celles-ci supposent l’expérience de soi, des autres, des lieux.

Inviter à prendre la parole, plutôt que donner la parole, en même temps que tenir parole(s). Paroles tendues.

Proposer une liberté d’expériences, libérer les situations d’expériences. Protéger les libertés d’expériences de chacun, c’est-à-dire de ce qui l'assure d’entrer en contact direct, sensible, sensoriel, avec ce qui l’entoure. Des questions telles que : Avec quoi je veux être en contact, à/en quoi, moi passant, habitant, pratiquant telle activité, citoyen je peux contribuer à façonner des espaces …. Seront ainsi détaillées, approfondies, nourries, objectivées par plusieurs bouts, par plusieurs confrontations ; c’est-à-dire, le plus intensément et intellectuellement honnêtement possibles, débattues.

Il faut donner des éléments qui obligent l’aménagement, le projet urbain, non pas à des formats pré- préconçus à répondre à tout/tous (et à n’importe quoi) mais bien plutôt, à imaginer des solutions, des incarnations formelles restant ouvertes à de nouveaux possibles sociaux, politiques, publics en un mot, urbains.



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