Pourquoi ne pas intégrer du « vivant » dans les évaluations d’entreprise ?

Pourquoi ne pas intégrer du « vivant » dans les évaluations d’entreprise ?

Nul n’existe sans laisser de traces et il en est de même pour les organisations et les entreprises.

Analyser les états financiers d’une société, c’est décrypter indices et empreintes à la manière d’un détective pour se demander quels types d’interactions sont identifiables à partir de l’observation des flux monétaires ou non (bilan et hors bilan).

A la différence avec la science des traces (ichnologie) qui peut nous amener à développer une approche philosophique quand y on associe la pratique de la sensibilité en sollicitant le primitif qui circule encore à l’intérieur (1) ; beaucoup d'entreprises se focalisent encore trop souvent sur la question du « comment » ce qui explique pourquoi leurs efforts se concentrent vers les processus à améliorer. Les questions qu’elles se posent concernent en premier lieu le "modus operandi" : comment optimiser la production, réduire les coûts, développer les ventes etc ...

Or à se focaliser essentiellement sur le « comment », ces entreprises courent un grand risque : celui de finir par perdre de vue leur raison d'être et de se vider de leur substance, car rien n’est plus fondamental pour une organisation, comme pour un être humain d'ailleurs, que de comprendre le sens de ses actions.

Avant d’explorer le « comment », la vraie question à se poser est donc celle du « pourquoi » : pourquoi mon entreprise s’est-elle engagée dans telle stratégie ? En effet, il n'y a rien de plus efficace ni de plus stimulant que de se poser des questions sur le sens de nos actions, car c’est un moyen puissant d’aller plus loin sans jamais perdre de vue son objectif premier. Avant toute décision posons-nous les bonnes questions, répondons aux « pourquoi », allons jusqu’à épuiser la chaîne des « pourquoi » avant de parler d'efficience et d’élaborer / optimiser les processus du comment !

A titre d’illustration, la photo du pont du Gard mise en miroir de celle de feu le pont de Gênes m’a profondément interpellé ! De mon point de vue la différence majeure entre ces deux édifices est que le premier avait été bâti pour répondre durablement à un besoin, l’autre aurait été conçu sous l'angle du "moindre coût" pour remplir les poches d’actionnaires sans scrupule et probablement férus d’obsolescence programmée !

Voilà pourquoi j’ai l’espoir de participer à faire évoluer les acteurs de mon métier vers une approche holistique de la comptabilité, intégrant le capital naturel et le capital humain en plus du sacro-saint capital financier.

Le comment pour répondre à ces exigences existe déjà partiellement dans certains rapports RSE des grands groupes, mais il demande à être adapté pour être implémenter durablement dans l’ensemble des organisations.

En effet, se lancer dans une adaptation nécessaire des méthodes d’évaluation de nos activités permettrait ainsi d’ajuster les orientations stratégiques et alimenterait avec pertinence les démarches qualité qui fleurissent un peu partout !

Inutile de vous dire que c’est un combat de tous les instants, à l’issue incertaine car il met en avant le pourquoi (l’intérêt général entre autre) et se fait poser les questions du comment qui font appel à l’innovation et à nos capacités d’adaptation qui nécessitent souvent de sortir du cadre. (2)

Enfin et pour conclure, tant que l'empreinte de notre économie globale dépassera la capacité de notre Planète à régénérer ses ressources naturelles, nous serons tous responsables indirectement de cet échec. Car tant que nous n'aurons pas divisé notre empreinte environnementale par 3 (pourquoi ? : pour espérer limiter les impacts du dérèglement climatique) ; rien ne sert de se lamenter étant donné qu’il faut d'abord agir en se posant la question de comment atteindre un niveau jugé raisonnable de 3 tonnes d'équivalent Co2 / habitant / an, contre 10 tonnes / an pour les pays de l'OCDE ? (3)

Que la force, l'audace, l'espérance soient durablement avec nous !

(1)   « Apprends à observer. Chaque matin, la nature t’enseigne le retour de la vie. Chaque arbre est un objet de respect. Ne retiens pas les mauvaises pensées, les sentiments de colère, de crainte ou de culpabilité. Regarde les passer comme les oiseaux du ciel, sans laisser de traces. » Sagesse Amérindienne.

(2)   Illustration issue de DEMAIN le film - PARTOUT DANS LE MONDE, DES SOLUTIONS EXISTENT

« Il est plus économique de produire de manière écologique. » Tel est le leitmotiv du PDG de Pocheco, une entreprise du Nord-Pas-de-Calais spécialisée dans les enveloppes. Depuis vingt ans, il applique des principes « écolonomiques » à son activité, c’est à dire guidés par les trois piliers du développement durable : préservation de l’environnement, respect des salariés et du dialogue social, gains de productivité. En clair, il est devenu maître dans l’art de dépenser moins en étant plus vert, il réconcilie économies et écologie, ressources humaines et activité bénéficiaire. Emmanuel Druon est de ces patrons qui donnent envie d’aller travailler ! L’usine Pocheco ressemble à une vitrine de l’écologiquement correct : tout, ou presque, est recyclé, les déchets sont utilisés comme des ressources, papier, encre et électricité proviennent de sources renouvelables. La toiture végétalisée attire la biodiversité tout en isolant les ateliers. En récupérant les eaux de pluie, l’usine est devenue quasi-autonome en eau, elle est aussi surplombée de ruches et bordée par un verger. Pocheco consomme 10 500 tonnes de papier chaque année mais replante jusqu’à 110 000 arbres par an, au gré des commandes. Emmanuel Druon montre qu’une direction écologique et sociale et la participation de tous donnent du sens au travail de chacun et permettent une constante amélioration des relations humaines, donc de l’efficacité. Il est auteur d’un ouvrage paru aux éditions Actes Sud, Le syndrome du poisson-lune, sorte de manifeste d’anti-management dans lequel il relate son expérience.

(3) " Un sol riche en matière organique capte beaucoup plus de CO2 atmosphérique. D'où l'idée de faire de l'amélioration biologique des champs cultivés un moyen de lutte contre le réchauffement climatique. "

Boris PUYET

Social Hacker, Créateur/Formateur de sa méthode de Social Growth Hacking / Talent Digital Spécialiste Marketing internet

5 ans

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