Pris entre l’enclume et le marteau
Le marché chinois des véhicules électriques connaît une croissance fulgurante, surpassant désormais celui des voitures à moteur thermique.
Cette évolution réjouit les fabricants européens de semi-conducteurs, tels qu’Infineon, STMicroelectronics et NXP, qui dominent ce secteur grâce à la fiabilité et à la sécurité de leurs produits.
Dans une voiture traditionnelle à moteur thermique, le nombre de semi-conducteurs se situe entre 300 et 1 000, tandis que, pour une voiture électrique, ce chiffre dépasse facilement les 3 000. Selon les experts, la valeur des semi-conducteurs intégrés dans une voiture électrique atteignait 541 dollars en 2022 et devrait grimper à 912 dollars d’ici à 2028. C’est pourquoi les fabricants européens envisagent l’avenir avec optimisme, notamment sur le marché chinois.
Cependant, cet enthousiasme pourrait rapidement s’estomper à la suite des restrictions américaines sur l’exportation de semi-conducteurs vers la Chine. En décembre 2024, les États-Unis ont, en effet, instauré des mesures draconiennes limitant l’accès de la Chine aux semi-conducteurs avancés et aux équipements nécessaires à leur production.
En réaction, la Chine a décidé de restreindre ses exportations de gallium, un matériau clé pour la fabrication des semi-conducteurs de nouvelle génération. Parallèlement, les autorités chinoises ont réitéré leur demande aux constructeurs tels que BYD, SAIC, Geely, GAC et Chery de s’approvisionner à hauteur de 20 % à 25 % en semi-conducteurs produits par des fabricants chinois dès 2025. Un système de primes incitatives sera mis en place pour encourager les entreprises à dépasser cet objectif.
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Actuellement, la part des semi-conducteurs chinois dans les voitures électriques produites en Chine reste modeste, n’excédant pas 10 %. Avec l’application de ce quota, les entreprises européennes comme Infineon, STMicroelectronics et NXP risquent de devenir des victimes collatérales des sanctions américaines.
Les fabricants chinois s’efforcent de développer leurs propres semi-conducteurs. Cette volonté a porté ses fruits, puisque l’exportation de semi-conducteurs matures chinois atteindra 160 milliards de dollars fin 2024, soit une augmentation de 20,3 % sur un an.
Dans la compétition sino-américaine, les Européens se retrouvent pris entre l’enclume et le marteau, payant le prix fort de ce bras de fer technologique et géopolitique. Il est donc impératif pour l’Europe de réagir et de définir une stratégie claire afin de protéger ses intérêts économiques et industriels.
En ce qui concerne les semi-conducteurs, une option stratégique pourrait consister à lier l’accès des constructeurs chinois au marché européen des véhicules électriques à la poursuite des ventes de semi-conducteurs européens en Chine. Une telle approche permettrait de sécuriser les activités des entreprises européennes tout en favorisant un équilibre dans les relations commerciales entre les deux continents.
CEO ENEKA Partners - Senior Innovation Strategy Advisor- Photonics & Quantum Expert- BPIfrance Deeptech Expert- Photonics 21 member- EPIC member- Plateau de Saclay Business Angels member. IHEDN European session Auditor
2 moisEn somme, vous préconiseriez une révision du Chip Act européen, pour intégrer cette évolution politique américaine sur les semi-conducteurs, et la contre-offensive chinoise ?