Prix Femme architecte lauréate 2018 Nicole CONCORDET
pavillon de l'ARSENAL l 10 décembre 2018

Prix Femme architecte lauréate 2018 Nicole CONCORDET

Remise du prix Femme architecte 2018 à Nicole CONCORDET avec Sophie BERTHELIER lauréate 2017 du prix des femmes architectes, par Agnès Vince Directrice d'architecture et Nathalie CHOPLAIN ABF Ministère de la Culture.

Nicole CONCORDET

Après l'obtention de son diplôme d'architecture d'intérieur et de design à l'école Camondo en 1992, Nicole Concordet débute sa carrière auprès de Sylvain Dubuisson et au sein de l'agence Cobalt. En 1996, elle entreprend une collaboration avec Patrick Bouchain et Loïc Julienne, avec lesquels elle fondera Construire en 1998. Ensemble, ils réalisent de nombreux projets, comme le siège social de Thomson multimédia à Boulogne Billancourt (1998), Le Lieu Unique à Nantes (2000), La Condition Publique à Roubaix (2004), la piscine Les Bains à Bègles (2006). En 2004, elle obtient son diplôme d'architecte DPLG à l'ENS d'architecture de la ville et des territoires de Marne-la-Vallée.

Depuis 2008, Nicole Concordet vit et travaille à Bordeaux. Elle a créé sa propre agence et gère des projets aussi bien dans la métropole girondine qu'ailleurs dans l'hexagone, toujours en cherchant à faire de l'architecture un acte collectif et culturel. Elle a notamment réalisé le lieu de vie du Théâtre de Gennevilliers (2008), L’Atelier et La Galerie des Machines de l’île à Nantes (2011), Le Campement à Saint-Jacques-de-la-Lande pour la compagnie Dromesko (2012), Le Manège des mondes marins et La Déferlante à Nantes (2012), les expositions L’Arche des animaux et À table !, à l’Abbaye de Fontevraud pour Xavier Kawa Topor (2009 et 2010), la scénographie de Barbe Rousse au T2G pour John Malpede (2008), l’exposition Silences-propos de M.Karmitz pour M. Karmitz (2009), le lieu de vie de L'imaginarium à Tourcoing (2012), le rénovation du Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis (2013), les Aménagements du Bois de l’hippodrome au Bouscat (2013), le Hall d’About à la cité de l’Architecture (2014), Lu relu, nouveaux aménagements du lieu de vie du lieu Unique à Nantes (2014). La réhabilitation du Confort Moderne, Le Réconfort Moderne, espace culturel de diffusion de musiques actuelles et d'art contemporain à Poitiers (2017).

 

Nicole Concordet investit chacun de ses projets dans leurs globalités. Dès les phases d'étude, elle donne une grande importance aux moments de dialogue avec ce qu'elle appelle la maîtrise d'usage (les usagers, habitants), afin que le projet réponde au mieux aux attentes de chacun. La conception se fait ainsi à partir de ces usages, et à partir du contexte bâti, dans un esprit de conservation et de valorisation des éléments architecturaux existants, dans une démarche économique et écologique privilégiant le ré-emploi. Le respect de l'économie du projet entraîne des choix de matériaux simples dans leur mise en œuvre, et qui ne nécessitent pas ou peu de traitement de finition.

 Après avoir associé les usagers, le temps du chantier est ensuite l’occasion d’impliquer l’ensemble des corps de métiers et des publics. Nicole Concordet fait construire dès le début la cabane de chantier par ceux qui vont faire le bâtiment (artisans, techniciens du bâtiment, étudiants…) à partir de matériaux de récupération. Cet espace polyvalent est un lieu ressource pour la maîtrise d’ouvrage, un lieu de rassemblement et d’échanges pour l’équipe de maîtrise d’œuvre, les artisans, les chargés d’affaires... C’est aussi un espace de convivialité, de médiation, de concertation où tout peut être organisé ; du repas collectif aux manifestations fortuites. Le chantier devient un lieu et un moment ouverts à tous, culturel et pédagogique, favorisant les échanges et l'appropriation du projet par chacun. Transitoire et éphémère cette cabane accompagne la transformation du lieu et fédère lorsque le bâtiment est mis à mal lors de sa réhabilitation. La cabane de chantier accueille également la Permanence architecturale, investie par un architecte de l'agence de Nicole Concordet pendant toute la durée du chantier.

 Les lieux réhabilités par Nicole Concordet sont, pour la plupart, liés à l'art à la culture, elle passe donc aisément du statut d’architecte à celui de scénographe. Elle a à son actif de nombreuses expositions et événements culturels où elle crée des structures éphémères et légères allant du lieu de vie du théâtre de Gennevilliers aux constructions foraines sous les nefs des Chantiers de la Loire.

Aujourd'hui, Nicole Concordet travaille sur le projet de rénovation de 250 petites maisons d'une cité jardin des années 1950, Ensemble à Claveau, appartenant au bailleur social Aquitanis à Bordeaux. Ce projet, en site habité, se fera avec les habitants en favorisant le ré-emploi et en privilégiant l'auto-réhabilitation accompagnée.

1 La machine

aménagement des ateliers de construction et d’exposition de la Machine sous les anciennes Nefs Dubigeon sur l’île de Nantes. Pour François Delarozière et Pierre Orefice.

Surface / 4000 m² Année de conception / 2006-2007 Coût / 1.800.000 euros HT travaux Année de livraison / 2009

L’enjeu du projet est de démontrer qu’il est possible de construire à moindre coût et dans un court délai sans venir se fixer sur les structures existantes. En effet, une des conditions de la Métropole pour que la Machine s’installe sous les nefs était de rendre l’ensemble des installations facilement démontables et réversibles pour faciliter l’évolution du site… elle propose un ensemble de constructions autonomes, tels que le « rack à containers», les « serres d’exposition » », les « cabanes-boutiques », le « castelet », le « restaurant-belvédère », dont l’assemblage déterminait un espace dédié aux constructeurs et aux visiteurs invités à voir les créations et les sculptures de la Machine en court de construction avec un cheminement scénographique valorisant les nombreux savoir-faire de l’association (ébénisterie, soudure, peinture, mécanique, menuiserie, charpente, etc.).

Une maquette au 1/50 a été réalisée dans les Ateliers de la Machine. Chaque construction autonome a été réalisée dans sa globalité par une même entreprise. Le projet est donc un assemblage de plusieurs projets.


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2 le campement


 Saint-Jacques-de-la-Lande

Restructuration de la ferme du Haut Bois en résidence d’artistes : lieux de vie, chambres, atelier de construction, salle de répétition, VRD.


Surface / 1200 m²

Année de conception / 2010

Coût / 1.500.000 euros HT travaux

Année de livraison / 2012

Avec l’école primaire voisine, la compagnie Dromesko occupe une parcelle carrée de 120m par 120m au milieu du quadrillage défini par le projet de ZAC de la Morinais à Saint-Jacques de La Lande. A titre expérimental il a été décidé de conserver cette parcelle en l’état, une respiration dans ce projet de densification du territoire périurbain.

La Compagnie Dromesko occupe un ancien corps de bâtiment construit suivant les méthodes de construction traditionnelle d’Ile et Vilaine, en terre banchée (pisé) . Dans son campement elle y accueille des artistes en résidence et conçoit ses propres créations dans la « grande baraque » ou la « petite baraque » qui sont installées sur site lorsqu’elles ne sont pas en itinérance. Ils occupent des caravanes et des mobile-home, le corps de ferme très dégradé par des années de mauvais traitement (enduits ciments) n’est peu habitable.

Elle propose une réhabilitation dans le respect des techniques traditionnelles tout en créant des chambres dans les combles. La passerelle d’accès aux chambres protège de la pluie les façades en terre et leur assure une certaine pérennité. Le terrain (souvent inondé) a été assaini grâce à la mise en place de bâches enterrées et la réalisation d’un mélange terre-pierre pour tous les sols. Le projet intègre le déjà là. Les mobile-home et caravanes y ont toujours leur place…


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3 le confort moderne à Poitiers

Réhabilitation du confort moderne à Poitiers

Surface / 4079 m²

Année de conception / 2014-2015

Coût / 5.028.000 euros HT travaux

Année de livraison / 2012

" le regard de l’artiste est le prisme au travers duquel elle souhaite réaliser le projet. Que ce soit pour les musiques actuelles ou l’art contemporain, toutes les installations qu’ils ont pu voir pendant leurs recherches leur ont donné des indications, des idées pour l’usage du lieu et les imaginaires qu’il génère. Elle souhaite entrer dans la grande famille de ceux qui ont œuvré pour ce lieu.

Le Confort Moderne a subi beaucoup de mutations depuis sa création, mises aux normes, extensions (acquisition de nouveaux bâtiments). C’est un lieu en mouvement. Pour favoriser une nouvelle appropriation (liberté d’usage) des lieux par les utilisateurs actuels, elle propose une architecture non finie, en opposition à une architecture "fermée". Avec l’acquisition de nouveaux bâtiments, le Confort Moderne doit se redéployer.

L’enjeu du projet porte sur une requalification des bâtiments existants (confort garant de la sécurité), la réorganisation des espaces entre eux et la réappropriation des espaces extérieurs. Situé en milieu résidentiel, la question du traitement acoustique est primordiale. Elle travaille sur la base des existants sans opérer de modifications majeures. Le projet est conçu à l’économie.

Les fondamentaux :

1. Le Confort Moderne, fonderie, Confort 2000 puis lieu culturel, est une enclave industrielle dans le quartier du Faubourg du Pont Neuf.

2. C’est une enclave dans un vaste jardin (elle est entourée de jardin privés) dont le contour n’est pas visible.

3. C’est un site à échelle urbaine.

4. C’est un lieu de production et d’échange des activités artistiques.

5. Des espaces de liberté et d’appropriation : des espaces appropriables c’est-à-dire non surdéterminés.

6 elle propose une architecture non finie en opposition à une architecture définitive.

7. Le déjà-là est notre source d’inspiration.

8. Un projet généreux et modeste.

9. Un modèle économique : "l’économie de la débrouille"

10. Le respect de l’enveloppe budgétaire.

11. L’équipe du Confort Moderne doit rester présente sur le site tout au long du chantier et doit y maintenir une activité publique.

12. Un chantier ouvert au public, pas de "fermeture pour travaux" : un lieu qui traversera une saison artistique autour de la construction.

13. Le chantier "acte culturel" : c’est l’occasion de montrer et transmettre des savoirs.


Les partis pris architecturaux :

Respectant l’implantation actuelle des principaux éléments du programme, que ce soit la salle de concert, le club-bar, ou l’entrepôt-galerie, ces lieux “existent”.

Ce sont les points de départ de sa réflexion sur le projet, qu’elle s’applique à les respecter.

Seuls sont démolis, l’abattoir (bâtiment récemment acquis par la Mairie de Poitiers) pour une meilleure appropriation de la nouvelle parcelle et la frange de petits locaux sur cour (restaurant, transat, studios de répétitions, atelier de sérigraphie).

Au bout de la “rue du confort Moderne”, un accueil largement ouvert sur l’extérieur et en prise directe avec les diffusions Musiques actuelles et Art contemporain.

Un nouveau toit, 5ème façade du projet est l’élément de liaison de l’ensemble des bâtiments:

- il rend visible l’entrée du Confort Moderne et identifiable la salle de concert,

- assure l’étanchéité et l’isolation des bâtiments existants réhabilités,

- réduit les distances,

- améliore les usages (toit de la salle de concert est surélevé).

Pour l’Entrepôt-Galerie, la structure existante conservée devient support scénique.

L’ensemble des espaces publics sont de plain-pied.

Deux nouveaux bâtiments à l’ouest et à l’est sont construits en limite de propriété. Le premier orienté vers l’entrepôt-Galerie défini l’espace d’une nouvelle cour. Le deuxième accueille la “communauté” de confort moderne (plateau libre de bureaux avec cuisine et sanitaires mutualisés).

Les cours couvertes et l’union sont des espaces intermédiaires ou entre deux non programmés pour rendre la fluidité au lieu.

Les accès au jardin sont simplifiés.

Les résidences d’artistes sont conçues comme de petites cabanes individuelles.


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4 Les mondes marins à Nantes


Construction du manège des Mondes marins, d’un bâtiment avec locaux d’exploitation et d’exposition, d’ateliers et d’une guinguette.


Surface / 4000 m² + manège

Année de conception / 2010

Coût / 3.000.000 euros HT travaux

Année de livraison / 2012


Après le succès de l’Atelier et Galerie des Machine, l’association a obtenu de la Métropole Nantaise la construction du manège des Mondes Marins. Ce projet a été réalisé dans le cadre d’une Délégation de Service Publique qui a constitué un groupement dont nous avons fait partie.

Accompagnée par François Delarozière pour la conception (il s’agit d’un Etablissement Recevant du Public) et la mise en œuvre technique (génie civil) du Manège des Mondes Marins ils ont imaginé le bâtiment d’exploitation accolé au manège et faisant le lien avec la cale descendante. Initialement prévu au pied de la cale. La construction entièrement en bois et le Manège constituent un ensemble contextualisé : la grande hauteur de l’atelier naturellement tourné vers le manège et la petite hauteur pour les locaux du personnel loin du bruit des éléments de manège, tourné vers le jardin de la cale descendante vers la Loire.


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5 Le theatre Gerard Philippe à Saint DENIS

Réhabilitation de la salle Roger Blin, transformation des espaces d’accueil et du hall     d’entrée, création d’atelier de construction, de stockage et de nouvelles loges.

Surface / 3000 m²

Année de conception / 2011

Coût / 2.900.000 euros HT travaux

Année de livraison / 2013


C’est dans la continuité du projet global amorcé en 2000 alors qu’Alain Ollivier était directeur du TGP lui a demandé de repenser la salle Roger Blain. En 2000 elle a réalisé la transformation de l’ancienne salle de cinéma Ecran 3 en salle de répétition. Ce lieu de répétition est devenu la salle Mehmet Ulusoy. Dix ans plus tard le nouveau directeur, Christophe Rauck obtient de l’Etat un diagnostic sur les équipements scéniques et les conditions d’accueil des artistes et des publics. Ce diagnostic révèle que le théâtre ne peut accomplir ses missions en l’état.

C’est avec un budget relativement faible qu’elle propose un projet étendu à l’ensemble des équipements scéniques et aux lieux d’accueils. De salle des fêtes à scène nationale, intégrant au passage un bâtiment appartenant initialement aux pompiers, le théâtre avait subi plusieurs couches de travaux tendant à rendre le lieu illisible et difficile à pratiquer. Il fallait donc repenser l’ensemble des circulations et les limites entres les espaces publics et les espaces de travail. La salle Roger Blain a un nouveau gradin qui relie le rez-de-chaussée et le foyer de l’étage. Des loges individuelles et collectives sont créées en surélévation à proximité de la scène. Un atelier de stockage est construit dans la cour technique. Le confort de travail des techniciens est amélioré avec la simplification des accès aux espaces techniques (passerelles techniques, ascenseur). L’enjeu, comme pour beaucoup de ses projets est de valoriser, mettre l’accent sur la structure spatiale des bâtiments davantage que sur les finitions. Le non fini est un choix stratégique et économique laissant une plus grande liberté d’usage aux utilisateurs.                                                                     slide 93

Mot de conclusion par

Agnès VINCE Directrice de l’architecture au Ministère de la Culture

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Et par Madame Marie Pierre BADRE

Présidente du Centre Hubertine Auclert (Conseil Régional d’ile-de-France)Centre Francilien pour l’égalité




Azzedine BOUGANDOURA

Associé principal chez Agence Architecture Bougandoura

5 ans

Bonne continuation...

Antoine Daudré-Vignier

Gérant de la société d'architecture : Daudré-Vignier & &Associés. Enseignant à l’École Spéciale d'Architecture

5 ans

Il y a des prix sexistes maintenant…?! A quand le prix racial d’architecte noir, jaune etc…?

...Nice work Catherine...Bravo

Nadia AYADI

PDG ABN STRATEGY / Directrice associée ABN CONSEIL et PERFORM'ACTION

6 ans

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