Restructuration lourde: construire au présent en utilisant le passé
Conserver les plus belles parties anciennes d'un bâtiment, pour en faire la base d'une construction nouvelle : voici la véritable prouesse demandée à Bouygues Bâtiment Ile-de-France Rénovation Privée, aux équipes spécialisées en restructuration lourde. Une excursion à la Poste du Louvre permet de mieux comprendre les enjeux techniques d'un tel chantier.
Dans l’art de faire neuf en conservant l’ancien, on connaissait le façadisme. Cette technique, que les urbanistes ont largement développée à la fin du XXe siècle, consiste à démolir un immeuble en ne conservant que sa façade sur rue, pour des raisons d’harmonie avec son environnement architectural. La « restructuration lourde » telle que la met en œuvre Rénovation Privée sur plusieurs de ses chantiers, pousse le concept encore plus loin. Complexe, l’opération consiste à intégrer un bâtiment neuf dans un bâtiment ancien, tout en conservant une multitude d’éléments de ce dernier. Façades, mais aussi poutres, planchers, plafonds, sous-sols...L’architecte définit un certain nombre d’éléments à conserver, pour des raisons historiques, esthétiques ou simplement pratiques.
Le cas de la rénovation de la Poste du Louvre, vaste îlot situé entre les rues du Louvre, Etienne Marcel et Jean-Jacques Rousseau, dans le 1er arrondissement de Paris, est un exemple significatif de restructuration lourde. Propriété intégrale de La Poste, ce bâtiment en pierres de taille de 35 000 mètres carrés a été bâti entre 1880 et 1888, par l’architecte Julien Gaudet, contemporain et concurrent de Gustave Eiffel. Ses façades sont classées, certaines dépassent cent mètres de long. Derrières elles, on découvre une véritable cathédrale à l’ossature métallique, typique de l’architecture industrielle de la IIIe République : un patrimoine historique qu’il serait inconcevable de détruire. L’architecte Dominique Perrault l’a bien compris, c’est lui qui a été choisi par La Poste pour être le maître d’œuvre de la restructuration. Dans son projet,, il conserve donc les façades de la structure vieillissante, mais également une partie de l’ossature métallique. Des escaliers et planchers anciens, caractéristiques de leur époque, sont également préservés. A partir de ce squelette, il a imaginé un tout autre bâtiment, aux services multiples.
Le bureau de poste et son centre de tri historique sont conservés. Pour son usage, La Poste ajoute également un second parking en sous-sol, à 4,50 mètres sous le premier. Mais l’édifice sera surtout plus aéré, et accessible au grand public. Ainsi, il accueillera désormais un commissariat de police, des logements sociaux, des commerces, une halte-garderie, un espace de co-working. Enfin, le dernier étage doté de panneaux solaires sera surélevé d’une toiture panoramique ajourée. On y trouvera un hôtel haut de gamme avec restaurant et jardin terrasse de 2 300 mètres carrés. Dernier détail, et non des moindres : au rez-de-chaussée, le public pourra traverser le bâtiment de part en part, et se rendre en quelques pas de la rue du Louvre à la rue Jean-Jacques Rousseau sans avoir à contourner le bâtiment. Cet îlot aux allures de château fort vit donc une petite renaissance.
Avant les premiers coups de marteau piqueur, des recherches historiques sur les bâtiments sont systématiquement effectuées.
Il revient à Luc Grimbert, responsable du bureau d’étude d’exécutions, et à Thierry Charrière, responsable du gros œuvre, ainsi que leurs équipes de mettre concrètement ces plans à exécution. Passionnés par le patrimoine, les deux hommes travaillent ensemble depuis quinze ans. Avant les premiers coups de marteau piquer, ils font systématiquement des recherches historiques sur les bâtiments qu’ils ont pour mission de restructurer. En consultant des plans et des archives, ils tentent de se mettre dans la tête de ceux qui les ont construits, pour bien comprendre quelles méthodes ces derniers ont utilisées en leurs temps. Ainsi celles qu’ils mettront eux-mêmes en œuvre s’accordera au plus près de celles de leurs anciens. Pour ces bâtisseurs dans l’âme, l’expérience acquise au fil des chantiers est un atout essentiel. « En visitant un bâtiment ancien, on sent très vite s’il est sain ou non, confie Luc Grimbert. On ne prend pas les mêmes précautions avec tous les bâtiments ».
A La Poste du Louvre, ils saluent les prouesses techniques de leurs ancêtres. Cette dentelle de pierre et d’acier mérite que l’on préserve ses parties les plus belles. « A partir du cahier des charges qui nous est donné, nous devons réfléchir à la façon de démolir ce qui doit l’être, tout en veillant à faire tenir ce que l’on conserve, pour éviter que tout s’effondre !» explique Thierry Charrière. Et de préciser : « Cela implique beaucoup de réflexion en amont ». Pour y parvenir, ils doivent effectuer un travail en trois étapes, sans frontières véritables entre elles : détruire certaines parties du bâtiment, tout en maintenant les parties préservées et en reconstruisant autour. Cette prouesse les contraint à faire des constructions dites provisoires. Elles ont une fonction de transfert de charges. Imaginons ainsi qu’il faille supprimer les piliers d’un plancher que l’on souhaite préserver. Pour éviter qu’il ne s’effondre, il faudra poser pas à pas un soutènement provisoire, avec d’autres points d’appuis, avant de pouvoir construire une nouvelle structure générale qui prenne définitivement le relais de contrefort.
Il faut réinventer une construction avec à chaque fois de nouvelles règles.
Cet exercice s’avère d’autant plus complexe lorsqu’il s’agit d’imaginer des constructions provisoires pour des pans de toitures, des poutrelles coupées à certains endroits pour les raccorder plus tard, ou des sous-sols à creuser en repensant les fondations. « Le provisoire est le plus difficile à concevoir, mais aussi le plus intéressant » sourit Thierry Charrière, dont l’œil s’illumine lorsqu’il décrit les infinies astuces de ce jeu de château de cartes. En outre, les responsables doivent prendre en compte les caractéristiques des matériaux anciens et réfléchir aux moyens les plus fiables de les accorder avec les nouveaux, tout en les adaptant aux dernières normes de sécurité. Quelle peinture utilisera-t-on sur tel ou tel acier, pour qu’il résiste au feu ? Quel béton couler pour soutenir cette poutrelle d’acier du XIXe siècle ? « Chaque chantier de restructuration lourde est différent. Il commence par une phase de démolition intelligente. Puis il faut réinventer une construction avec à chaque fois de nouvelles règles. Cela implique beaucoup de bon sens. Nous cogitons sen permanence » souligne Luc Grimbert. Thierry Charrière renchérit, enthousiaste. « On se fait mal au cerveau…Et c’est ce qui nous plaît ! »
D’autant plus que sur ce type de chantier, rien n’est jamais figé. Au fur et à mesure du curage et de la démolition du bâtiment, les compagnons mettent à jour de nouvelles structures qu’il faut prendre en compte. Ainsi, à la Poste du Louvre, une majeure partie de l’architecture (80%) du rez-de-chaussée était cachée sous les faux plafonds ou les parois de plâtre. « C’est un travail de réadaptation permanent avec l’architecte » précise Thierry Charrière. La reconstruction sera pensée en utilisant ce qui a été conservé mais en ayant également intégré les ascenseurs, les escaliers et les gaines techniques. Soit ce que l’on appelle « les flux horizontaux et verticaux » (électricité, eau, gaz, mouvements de personnes, etc…). Selon les étages et les fonctions qui leurs sont attribuées, les normes de sécurité et les aménagements à inclure sont également très différents d’un espace à l’autre. On ne conçoit pas de la même façon un lieu de travail, un logement, un hôtel ou un commerce. Enfin, il faut veiller à ce que l’ensemble soit beau, en accord avec les plans de l’architecte. En même temps, comme sur tout chantier, les responsables doivent songer à la sécurité et à la cohabitation intelligente des compagnons et des engins, en co-activité. « On ne s’ennuie pas deux minutes ! » concluent en chœur ces deux bâtisseurs, qui ont appris à jongler quotidiennement avec l’impossible.
en retraite Le Caillebotis Diamond
6 ansmagnifique travail de restauration et de mise en valeur des constructions anciennes
Directeur Des services et de la clientèle
6 ansAu delà de la prouesse technique, la diversité des futurs usages et le réemploi d'un bâtiment classé forcent le respect et pourraient être érigés comme un exemple haut de gamme du développement durable.
FORMATEUR BTP Indépendant / Organisme de formation
6 ansJ'adore
maitre batisseur chez Bouygues Bâtiment Ile-de-France
6 ansUn magnifique chantier bouygues bâtiment île de France... où rep et opb en partenariat réalisé de belles prouesses techniques.
Avocat Fiscaliste Associé fondateur de Redutax
6 ansStéphane a parfaitement raison, la fiscalité peut être un super améliorateur financier pour les opérations dites de restructurations lourdes par exemple la TVA immobilière mais aussi les impôts locaux comme les dégrèvements de TF et TBDIF pendant la période de "reconstruction", déclaration dans les 90 jours de l'achèvement, analyse précise des natures des constructions et des surfaces, TEOM... Bref il est indispensable d'être conseillé pour économiser et gagner donc améliorer le résultat d'ensemble de chaque opération.