Problèmes de définitions

La "douleur chronique" suivant une blessure musculosquelettique est parfois définie comme une "douleur qui persiste malgré la guérison". Déjà, cela semble contradictoire. La contradiction ne fait qu'augmenter lorsqu'on explore la définition de "guérison" donnée dans le dictionnaire Larousse:

Guérison: Disparition totale des symptômes d'une maladie ou des conséquences d'une blessure avec retour à l'état de santé antérieur. [Dictionnaire Larousse]

Comment pourrait-il y avoir symptôme résiduel malgré une disparition totale des symptômes ?

Si on change la définition de "guérison" pour une qui soit davantage biomédicale, reflétant une évolution favorable d'un tissu lésé, la définition donnée de douleur chronique ne ferait toujours pas de sens, sauf si on précise qu'on ne parle que de la guérison des tissus directement lésés par l'accident (en ignorant la cascade de changements physiologiques aux autres systèmes corporels qui a suivi), que les tissus directement lésés soient effectivement guéris, et donc qu'on puisse exclure une contribution des nocicepteurs primaires. Bref, qu'on ait affaire à une douleur relevant purement du système nerveux central.

En dehors de ce contexte précis, et particulièrement si l'on regarde l'organisme dans son ensemble, la définition impliquerait qu'on fasse fi des changements biologiques qui entretiennent la douleur, ce qui est inacceptable.


Par ailleurs, "chronique" est employé pour dire "de longue durée", mais dans d'autres contextes est utilisé pour signifier "permanent/incurable".


Avec de telles définitions, pas étonnant que les patients qui se font dire qu'ils ont de la douleur chronique puissent être confus !


Si on veut décrire l'aspect temporel, par souci de clarté il est préférable de parler de douleur persistante, ce qu'on devra définir comme une douleur qui demeure présente au-delà du *temps attendu* de guérison.

La caractérisation d'une douleur comme persistante ne spécifie aucunement les mécanismes qui l'entretiennent. Si on souhaite décrire ces mécanismes, on parlera des contributions relatives des dimensions nociceptive, neuropathique, et nociplastique à la genèse de la douleur.

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