A propos du retour de l'autorité...et du rôle possible des entreprises qui se retrouvent avec un capital confiance inattendu

A propos du retour de l'autorité...et du rôle possible des entreprises qui se retrouvent avec un capital confiance inattendu

L'info, quand elle n'aide pas à comprendre, peut devenir terriblement angoissante. 

Alors, je crois que, comme média, nous devons jouer notre rôle de médiateur et faire une sorte de pédagogie, de décryptage parlé de ce qui se dit, se voit, d'images choquantes, de petites phrases. C'est un peu le sens de ces plateaux télé et radio. Et là on a parlé du général de Villiers sur LCI. Et de son succès (de librairie en tout cas).

Ce que la popularité du général de Villiers dit de la France et de l'aspiration à un leader réparateur

Le général de Villiers, c'est une sorte d'archétype français à maints égards : un leader réparateur, qui surgit pour rétablir la patrie en danger. C'est ainsi qu'il se présente. Et comme toujours, l'homme qui se veut providentiel vient avec quelques convictions unificatrices et des archétypes qui trainent dans l'imaginaire national

Là, c'est le rétablissement de l'autorité paternaliste, le mythe d'un pays à l'image de l'armée, où chacun aurait Sa place ( et y resterait biens sagement), sous un commandement éclairé, prêt à se sacrifier pour le collectif.

Le génie français enfin discipliné pour le meilleur. Et cela ne m'étonnerait pas que l'on reparle bientôt du service militaire, qui sera à nouveau présenté comme la meilleure politique d'intégration et de l'uniforme, comme l'outil contre le séparatisme...

Car il y a de la nostalgie dans ce Villiers là. C'est l'aspiration à un monde ordonné. Autorité et Amour. « Moi, je suis un homme d’ordre, d’autorité, au bon sens du terme, ce qui veut dire que je ne comprends pas que l’on ne soit pas ferme avec les jeunes et que je ne comprends pas qu’on ne les aime pas plus. Si ceux des banlieues ont le sentiment d’être considérés, respectés, que les règles sont claires, et que l’on donne le cadre, alors cela fonctionnera peut-être mieux » déclarait Pierre de Villiers dans Le Figaro

Le bon père ! Mais, tandis que les Français aspirent toujours à cette figure dominante qui unirait les tribus gauloises, ils manifestent chaque jour plus leur rejet de l'autorité et des institutions...Aspiration et rejet. Ce qui fait de Villiers cessera probablement d'inspirer dès qu'il entrera dans le réel.

Quant à l'autorité, c'est un sacré sujet.

Les statues sont tombées depuis pas mal d'années.

Pas déboulonnées. Plutôt discréditées. La «sécession des élites » décrite par Jérôme Fourquet dans son livre l'Archipel français (explosion des inégalités, exode fiscal, rupture des solidarités) a ainsi nourri le sentiment de déréliction qui obscurcit aujourd’hui l’avenir du pays » selon Jean-Pierre Chevènement. Ce que Eric Maupin révélait déjà en 2002 avec son enquête sur le " séparatisme social des riches" racontée dans le "Ghetto français" qui montrait le retranchement des élites, dans des quartiers huppés et fermés, autour des meilleures écoles... A ce séparatisme riche, vient répondre l'amertume des foules éduquées, qui ont elles aussi misé sur l'école et se sentent flouées, aussi bien par la crise économique qui ne leur permet pas de concrétiser l'aspiration à la prospérité, que le manque de sincérité du pacte politique Cela alimente un Processus de dé-civilisation des mœurs, de dislocation de la civilité (étudié par Norbert Elias à propos de la montée du nazisme en Allemagn).

Et qui se résume aujourd'hui dans ces chiffres du Cevipof

• 33% des Français (38% des moins de 35 ans) estiment que la démocratie n’est plus le meilleur régime politique

• 38% des moins de 35 ans déclarent envisager les bénéfices d’un homme fort au pouvoir, qui ne se préoccuperait plus ni du Parlement ni du vote • Ce ne sont plus les partis ni les syndicats qui sont au centre de la scène politique, mais des micro-réseaux nés ou cultivés sur les réseaux sociaux. Cette dés-institutionnalisation de la politique ouvre la voie aux mobilisations radicales

• La société française dans son ensemble est aujourd’hui encline à plus de radicalité qu’autrefois

• 48% des Français se déclarent en faveur d’un changement radical vs réformes progressives (contre 25% en 1980) • Un Français sur deux se déclare prêt à descendre dans la rue pour défendre ses idées

• Chez les jeunes, la citoyenneté se construit aujourd’hui par la protestation et non plus par l’adhésion à un parti ou à un syndicat

• Seuls 47% des 18-24 ans considèrent le vote comme un outil efficace pour exercer une influence politique (vs 61% des Français et 79% des 65 ans+)

• 35% considèrent la manifestation de rue comme un outil plus efficace que le vote

• 40% des jeunes de 18-25 ans ont déjà participé à une manifestation (cf. montée en puissance des mobilisations lycéennes)

• La majorité des jeunes se reconnaît dans une radicalité de protestation (abstention, vote pour les partis extrêmes, manifestations de rue). Un lycéen sur deux considère comme normal de bloquer l’accès à son lycée pour faire aboutir des revendications). Cette radicalité de protestation est en passe de devenir la norme.

• De manière plus extrême, 10 à 15% des jeunes adhèrent à une radicalité de rupture (passage à l’acte violent, renversement de l’ordre établi). Dans la tranche d’âge 15-17 ans, 7% déclarent avoir déjà affronté la police lors de manifestations, 26% déclarent qu’ils seraient prêts à le faire ; 7% déclarent avoir déjà détruit des biens dans l’espace public, 12% être prêts à le faire ; 3% déclarent avoir déjà affronté d’autres manifestants, 25% être prêts à le faire.

Si vous avez lu jusque là...C'est le moment de découvrir la montée en puissance de la figure de l'entreprise. De la petite et moyenne entreprise plus exactement. Comme institution à laquelle les Français font "le plus confiance". Qui l'eut cru ?

Et de suggérer qu'en maintenant un standard élevé de politesse et de qualité de relations, qu'en engageant des formes de management plus régénératives, c'est peut-être dans cette sphère que va se re-tisser une forme de contrat social...

Et là, moment, promo: c'est ce que nous essayons de faire avec notre Collectif Perma chez ETX Studio

#permanagement et c'est passionnant...

Mariette Darrigrand

Sémiologue, directrice de DES FAITS ET DES SIGNES

4 ans

Très intéressant Cécilia, merci de cet éclairage. Bien d'accord avec toi pour dire que les mots-balises dans la tempête sont plus importants que jamais. pour le meilleur comme pour le pire. Et que l'entreprise est une voix émettrice sur la sellette..

Cécilia Gabizon

VP Content and Artificial intelligence / Media executive / Board member /

4 ans

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