Propositions positives pour profiter de la période confinement
Le confinement n'empêche pas de nous accorder sur quelques modifications et innovations, à partir de l'expérience inédite que nous subissons, pour rester libres en face de cette contrainte, et créatifs.
La première proposition que nous faisons ici, est : des villes et des campagnes avec beaucoup moins de voitures. Je suis enchanté de la qualité de l'air, ici où je vis, dans une partie de la ville proche du centre ville, et d'un bois avec ses ruisseaux, oiseaux et papillons. Quelques abeilles, que j'ai croisées, doivent se réjouir de n'avoir plus à traverser les fumées des véhicules bruyants qui effraient nos chiens et chats, et davantage encore, nos enfants quand ils jouent au ballon ou au vélo. Enfant, je faisais une course de vélo avec mon petit frère sur les pavés du centre ville, quand une voiture a déboulé. Mon frère l'a heurtée. Il a fait un salto complet, n'est pas mort, et à la clinique, a été recousu de l'oeil droit. Est-ce que travailler, après le confinement, voudra encore dire rouler vite en voiture chaque matin pour aller loin, rouler vite sur les pavés d'un centre ville, ou d'une jolie route de campagne ornée de marguerites, et de jardins potagers ?
La seconde proposition tient à la vie de quartier. En quoi nos voisins sont-ils nos ennemis, pour que nous les invitions rarement, leur parlions si peu, les invitions quasi jamais, et ignorions leurs noms ? Combien de boîtes aux lettres n'ont pas le nom de la famille qui vit dans la maison ! Combien de résidences n'ont pas de boîtes à lettres accessibles sans la clef de la porte principale ! La richesse a toujours pour conséquence l'enfermement, et la clef, si elle est aussi le symbole de la pudeur, est trop souvent le symbole de la partialité dont l'égoïsme profite excessivement. La vie sociale est morose parce que nous avons cessé, avec les écrans, d'inviter des voisins chez nous à passer la soirée. Je le dis en tant que pianiste... de musique classique et de jazz.
La troisième proposition tient au système scolaire. En quoi les adultes n'ont-ils pas assez de compétences, pour devoir bâtir des lycées à 20km de villes déjà importantes ? Pourquoi ne pas augmenter le nombre de lycées, au lieu de demander à des centaines de jeunes adolescents, d'arriver si tôt (vers 7h45) le matin, à 20km ou plus de chez eux ? Savez-vous qu'aux USA, les études médicales ayant prouvé qu'un adolescent ne peut vraiment bien écouter que sorti du sommeil, vers 9h du matin, la plupart des lycées et universités commencent les cours vers 9h ? N'y a-t-il pas une violence et un rapport de sado-masochisme, dont les professeurs ne se rendent même plus conscients, quand ils confondent préparation du bacho et bourrage de crâne ? Certains psychologues ont provoqué la caste normalienne, dont je fais un peu partie, quand ils ont dit que les classes prépa sont fondées sur une relation sado-masochiste. Profitons du confinement pour penser la création d'établissements plus nombreux, et imitons les Ecoles Japonaises, qui donnent moins à retenir par coeur, et davantage de cours de morale ! Oui, si le Japon est à la mode, c'est peut-être parce qu'inconsciemment, nous avons un besoin profond de progresser dans l'art d'être honnêtes, bons, vertueux. Mettons fin à la distance entre diplôme et emploi : quand on a peiné 18 ans, ou 25 ans, pour obtenir un diplôme, c'est une atteinte à la dignité humaine, de recevoir un diplôme sans avoir aussi le droit de l'emploi et l'emploi lui-même, avec ce diplôme ! Enfin, puisque le niveau culturel est si bas, pourquoi continuer d'interdire aux professeurs de donner aussi des cours de soutien scolaire, et de donner ces cours à leurs élèves de lycée ? Est-ce une mesure de prudence justifiée ? Je ne pense pas ! Le professeur s'engage à être responsable de la qualité relationnelle qu'il conserve avec ses élèves. Or l'article 18 n'a toujours pas été abrogé, qui interdit le soutien scolaire donné par un professeur , par exemple de philosophie en lycée public.
Proposition troisième : si le respect est demandé de la part des non-croyants envers les croyants, et réciproquement, je ne pense pas que ce soit du respect, que de rendre impossible des temps de piété, et des espaces religieux, destinés aux élèves, aux professeurs, au personnel des lycées publics, ou des universités d'Etat. Le respect doit être concret ! Or, nous l'avons limité à l'attitude et aux paroles.
Proposition quatrième : le confinement nous apprend à respecter la nature et la religion, l'organisation du temps et la gestion de l'espace. Pourrons-nous à partir de là bannir la violence de notre rapport au savoir ? Je remarque en effet une réduction de la culture et de la connaissance scolaire, à l'acquisition d'argent, via le diplôme. L'Argent ne peut être le seul motif de l'action : c'est autrement un esclavage de l'homme, une violence à laquelle il consent, et qui le rendra triste, morose , déprimé, ou argurophile, cupide et avare. Notre société a inventé de s'habituer à la mendicité. Certes beaucoup moins que des pays pauvres où un système de castes le rend "normal". Mais bien trop, dit l'Evangile : quand un pauvre est là, il a des droits sur la richesse commune, et un droit à être soigné, tout d'abord. Comment soigner ? En évitant l'aggravation, d'abord. De façon négative, empêcher que s'aggrave le cas, c'est soigner. Puis, en donnant la dignité d'un quotidien qui a du sens. Lorsque la force du corps permet que le pauvre réalise des travaux d'intérêt public, alors il faut qu'une équipe assiste quelques clochards, ou jeunes mendiants, qui ont la force et le moral assez bon, pour l'action et ce travail. C'est la responsabilité des éducateurs spécialisés, avec quelques gens d'arme peut-être, ou certainement aussi, avec quelques psychologues ou psychiatres.
Le confinement n'est pas une "pause", mais un temps de recul pour agir ensuite autrement. Du moins, c'est ainsi que l'épreuve, expliquée d'abord par la médecine, reçoit un sens existentiel et philosophique, où la Sagesse a son mot à dire, sous la forme d'articles de philosophie.
Matthieu Cailliau, le 5 avril 2020, Finistère sud.