Prospective et anticipation dans notre monde en plein bouleversement: quels enjeux, quelles approches opérationnelles ?

L’anticipation a toujours été une source de besoins et de fantasmes, oscillant entre science-fiction et détection des signaux faibles du présent. Lors d’une récente conférence HEC Alumni, Mercedes Erra et Quentin Ladetto ont présenté deux approches complémentaires de cette thématique.

Plusieurs constats émergent de leurs interventions, illustrant combien nous, humains et organisations, restons souvent aveugles face à l’avenir, même proche. Nous nous précipitons fréquemment vers des conjectures sans avoir au préalable analysé et compris notre présent.

Dans un monde de plus en plus incertain et volatile, il est crucial pour les organisations de développer une intelligence prospective. Mieux encore, elles doivent contribuer à façonner l’avenir ou être prêtes à affronter des situations inattendues mais possibles.

Prédire l’avenir est l’une des tâches les plus complexes. Les technologies occupent une place majeure dans le paysage de l'innovation, mais comment repérer le brevet ou la technologie qui percera parmi des centaines, voire des milliers ? Quentin Ladetto souligne que « ce qui est disruptif, ce n’est pas la technologie elle-même, mais l’usage qui en est fait ». Nos choix et visions sont inspirés par des schémas mentaux, eux-mêmes nourris par un imaginaire hérité de notre passé. Mercedes Erra insiste sur l’importance de comprendre ces imaginaires pour créer des messages publicitaires efficaces. Il est essentiel de saisir les fondamentaux de notre présent, là où nous nous attardons trop souvent sur les détails. « Ce n’est pas la couleur de la robe qu’il faut choisir en priorité, mais le message que l’on veut porter », affirme-t-elle. Le message, bien que plus complexe à déterminer, repose sur ces fondamentaux qu’il faut identifier et adresser avec justesse. Trop souvent, nous négligeons ces invariants, pourtant essentiels pour des analyses prospectives pertinentes et robustes.

Ce travail nécessite une écoute et une observation active, en questionnant les panels d’influenceurs et en mesurant les évolutions fines, afin d’en déduire des tendances. Ces tendances, dans l’analyse des risques et opportunités, doivent être hiérarchisées et priorisées en fonction de leur probabilité d’occurrence. Mercedes Erra note que « nous avons perdu l’art d’écouter les gens ».

Et si l’art de la prospective reposait sur les fondamentaux de notre humanité ? Écouter, assurer la mixité des idées, instaurer des débats croisés… Il est certes crucial de ne pas écarter les données, mais de n’en conserver que la partie exploitable, en laissant l’humain pleinement responsable des analyses profondes.

Merci à Jean-Christophe Long, Christian Lemaire et au club HEC Stratégie de l'entreprise pour cette conférence inspirante.

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