Proust, amateur d'art
A l'occasion du Printemps Proustien, MesSortiesCulture a souhaité comprendre le rapport que l'écrivain entretenait à l'art pictural. Pour ce faire, nous avons questionné Luc Fraisse, Professeur de littérature française à l'Université de Strasbourg et spécialiste de Proust.
Mes Sorties Culture : Proust avait-il des écoles, des périodes de prédilection ? À quoi cela correspond-il à son époque ? Étaient-ce là des goûts originaux, ou au contraire très classiques, bourgeois ?
Luc Fraisse : Proust avait une culture picturale très étendue. Il n’a pas été formé à l’École du Louvre, formation qu’il prête à Swann, mais le panorama de ses références est considérable, avec plusieurs pôles privilégiés : les Préraphaëlites anglais étudiés au voisinage de Ruskin, la peinture hollandaise en rapport avec son voyage en Hollande d’octobre 1898 et la peinture italienne en lisant encore Matinées à Florenceet les autres ouvrages de Ruskin et lors de son séjour à Venise d’avril-mai 1900. Ce n’est donc pas la peinture académique qui retient son attention : le romancier s’appuie volontiers sur la peinture impressionniste, plutôt exposée dans le « salon des refusés » !. Les noms de Giotto, Carpaccio, Vermeer ou Renoir et Monet dominent sous sa plume.
MSC : Était-il ami avec certains peintres ? Que sait-on de leurs relations ?
L.F : Proust ne fréquentait pas des ateliers comme divers contemporains tel Apollinaire. Il était un ami de jeunesse de Jacques-Émile Blanche qui a laissé de lui un portrait devenu célèbre (à titre exceptionnel exposé à Illiers-Combray, dans la Maison de tante Léonie, à l’occasion du Printemps Proustien). Il a un peu connu Paul Helleu. Il était en revanche entouré de grands amateurs d’art, dont plusieurs ont été fondus dans le personnage de Swann. L’essentiel de sa connaissance vient indirectement de ses demandes de renseignements et de ses lectures. On a même remarqué que les références à la peinture dans son roman se conformaient plutôt aux illustrations des livres qu’il avait consultés, et ce même quand il avait lui-même vu les toiles originales.
MSC : Comment les passages de la Recherche consacrés à des tableaux ou des détails de tableaux s'articulent-ils avec la narration ? Quelle est leur fonction ?
L.F : C’est la question essentielle. Le romancier ne fait jamais intervenir la peinture, et notamment des descriptions de tableaux, pour son seul plaisir.
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Pianiste, concertiste, professeur mélodies et lieder conservatoires de Paris
5 ansÀ découvrir les portraits de peintres du compositeur Reynaldo Hahn et des poésies de Marcel Proust que nous donnerons ce samedi 11 Mai dans le cadre des Musicales en Luberon mais aussi le 15 octobre prochain au musée de Montmartre : Pierre-François Lamiraud, baryton, Jean-Marc Pont Marchesi, piano Ce sont des poésies déclamées que Proust a écrit sur ses tableaux favoris du musée du Louvre, Cuyp, Potter, Van Dyck, Watteau