« Psychopraticien », kezako ?
« Psychopraticien », kezako ? Extrait d'une fiche métiers ci-dessous :« Pour devenir Psychopraticien, le suivi d’une formation n’est pas obligatoire mais conseillée. En effet, le métier n’est pas réglementé. »Pour résumer donc, un « professionnel de l’accompagnement » de l’humain « au pied levé »…
Quel désastre ! Ainsi disqualifié, bradé, ce terme est définitivement exsangue.
Historiquement, il avait été retenu il y a une dizaine d’années pour désigner, dans la suite de la loi sur l’usage du titre de « psychothérapeute » (2010, décret d’application 2012),ceux qui à l’époque étaient nommés les « ni-ni-ni » : ni psychiatres, ni psychologues, ni psychanalystes, les 3 métiers qui pouvaient, suite à cette loi du titre de « psychothérapeute », en user directement ou quasi
Les « ni-ni-ni » s’étaient organisés d’avec leurs principales organisations professionnelles (FF2P, SNPPsy, AFFOP) pour définir 5 critères validant la qualité de la formation initiale et continue de leurs membres adhérents figurant sur leurs annuaires et usant de la dénomination de « psychopraticien » :
1/ Une psychothérapie ou psychanalyse personnelle approfondie;
2/ Une formation théorique et pratique de haut niveau ;
3/ Une supervision professionnelle systématique et continue de leur pratique professionnelle;
4/ Le respect d’une charte de déontologie en adhérent à une organisation professionnelle, ce qui instaure pour le client/patient comme pour le thérapeute un tiers extérieur au "duel" de l'espace psychothérapeutique;
5/ Une reconnaissance de la qualité professionnelle par des pairs
Pour la professionnelle psychologue clinicienne et psychothérapeute (et dans le sens de la loi et dans le sens de ces 5 critères) que je suis, ces 5 critères étaient et sont plus exigeants, pertinents et garanties pour les clients/patients qui consultent en liberal, que
- tout autant la formation initiale des psychologues, formation universitaire qui ne permet pas de travailler et intégrer une posture d’accompagnement psychothérapeutique (et ce n’est pas une critique, c’est un constat lié au contexte de formation ; l’université forme aux savoirs, pas aux savoirs-être et -faire ; ces derniers s’acquièrent, en France en tous cas, dans des écoles et instituts privés, ce qu’en atteste le « devenir psychanalyste » depuis de longues années, par exemple)
- ce que la loi sur l’usage du titre de « psychothérapeute » exige (une formation approfondie à la psychopathologie est certes indispensable pour recevoir en sécurité en psychothérapie, mais est totalement insuffisante pour travailler et accompagner les clients/patients en cabinets / libéral).
Les mouvements depuis quelques mois de récupération et mise sous tutelle administrative et médicale des psychologues (voir ici par exemple le Manifeste des Psychologues cliniciens et des Psychologues psychothérapeutes et autres publications s’inquiétant et se mobilisant autour de cette question et celle de la structuration de l’accompagnement de la santé mentale en France) laissent augurer non seulement un danger pour eux, mais aussi et plus largement pour toute cette profession qui exige formation initiale sérieuse, post-formation permanente, adhésion à une déontologie, supervision et travail approfondi, pour les professionnels qui s’en réclament.
Dont les psychopraticiens.
Et, in fine, pour les clients / patients en souffrance morale qui viennent consulter.
Mobilisons-nous. Ensemble.