Quadra, 1 nouveau diplôme, beaucoup d'enseignements
Si vous vous interrogez sur le fait de suivre une formation , après une ou des expériences professionnelles, je vous invite à prendre connaissance de ces quelques lignes.
Je viens aujourd’hui de soutenir ma thèse dans le cadre d’un programme Executive Master Finance à HEC, point d’orgue à un peu plus d’un an d’études (ré) entreprises à 42 ans. Et autant dire qu’au delà de l’enrichissement technique lié aux matières suivies lors du cursus et délivrées par des enseignants hors du commun dans leur capacité à transmettre un savoir somme toute pas forcément glamour au premier abord, la richesse se trouve en grande partie ailleurs. Je retiens plusieurs enseignements majeurs de ma décision de suivre ce cursus après une début de carrière professionnelle relativement aboutie et hétéroclite, entre grandes multinationales et entreprenariat de TPE.
On apprend mieux ce qu’on choisit d’apprendre : pour la première fois, j’ai décidé de mes études. Ah bon ? et bien oui, si on y réfléchit, les « premières études » ne semblent pas complètement choisies. Evidemment cela n’engage que moi, mais je le constate encore en regardant ma fille de seconde s’interroger sur son orientation. On va vers les études qui semblent le plus adaptées à nos capacités, avec c’est vrai un penchant pour telle ou telle matière, compétence qui des matières scientifiques, qui des matières littéraires ; avec le temps et les études qui passent, cela s’affine et on fait « au mieux » ou on se rapproche le plus possible de ses capacités et de « bonnes études ». Mais qui peut se vanter de se dire très tôt, je veux absolument faire des études de commerce ou d’ingénieur, je veux exercer telle profession, ce choix se fait souvent (pas toujours) plus tard. De fait, en étudiant un peu « par défaut », on est moins passionné, moins attentif à la valeur de l’enseignement, à la chance que représente cette accumulation de savoirs. On le fait en partie parce qu’il faut bien avoir un diplôme pour se lancer dans la vie. Et encore, en sachant que ce n’est pas un sésame passe partout. Nombreux sont ceux qui se dirigent finalement vers des professions très différentes de leurs études d’origine et c’est souvent pour le meilleur car ils suivent enfin leur voie. J’ai découvert au travers de cette année d’étude la force que procure des études réellement choisies, pensées, réfléchies. C’est relativement incroyable. Encore une fois c’est un témoignage, un ressenti et je n’entends pas en faire une vérité. Mais j’ai l’impression d’avoir partagé ce sentiment avec mes camarades de promotion : l’implication de tous était très forte, la volonté de bien faire, au delà de la maturité de chacun (moyenne d’âge 38 ans) et de l’investissement financier personnel que cela représentait pour certains. Chacun avait choisi d’être là et a travaillé dur, en parallèle de responsabilités professionnelles importantes et souvent en situation de famille demandant de l’attention (quelques bébés sont nés pendant la formation !).
On apprend mieux lorsque l’enseignement est « empathique » : pour ma part, je trouve que l’enseignement français et son système de notation dès le plus jeune âge (j’ai une fille en CM2 et une autre en seconde) sont relativement « punitifs ». J’entends par là que de manière consciente ou inconsciente, une note donnée à un élève et ce qu’il en retiendra concerne plus ce qui n’est pas su que ce qui est su. Un 13/20, c'est plus 7 points de moins que 20 que 13 points gagnés finalement (j'espère me faire comprendre). J’ai cette impression encore aujourd’hui qu’un enfant apprend pour avoir une bonne note plus que pour connaître quelque chose et le retenir, être content de le savoir. Evidemment, cela tient aussi à la qualité de l’enseignant qui peut transmettre plus ou moins la richesse que représente la connaissance, mais c’est encore assez rare. Lors de cette année, je n’ai été confronté qu’à de l’enseignement que j’appellerai « empathique », à savoir qui s’intéresse de près à l’enrichissement de l’élève, à la progression de sa valeur, à faire en sorte qu'il en ressorte le meilleur. L’accent est surtout mis sur ce qui est bien fait, et ce qui manque est plus présenté comme une manière de faire « encore mieux » que comme une lacune. Et de fait, j’ai ressenti naturellement cette volonté partagée de tous de bien faire, de faire mieux, de le comprendre, de ne pas être déçu par une note « moyenne » mais de prendre ce qui manque comme un appel à s’améliorer.
On apprend mieux collectivement : notre promotion, composée d’environ 45 femmes et hommes d’une tranche d’âge relativement homogène, mais avec des parcours souvent différents, dans des secteurs et des postes différents a été amenée tout au long du cursus à travailler ensemble, que ce soit sur les travaux de groupe, ou même sur les travaux individuels. Une sorte de « Tetris » des compétences s'est mise en place, les uns soutenant les autres selon les moments et les situations, mais tous voulant franchir la ligne d’arrivée ensemble. Et c’est peut être l’aspect le plus incroyable de cette expérience. Alors que de mon côté, j’étais assez inquiet, dans une promotion composée de personnes qui pouvaient considérer déjà avoir réussi, avoir eu des responsabilités importantes dans des sociétés non moins importantes, d’avoir à faire face à une sorte de nivellement. Il n’en fut rien tant l’humilité de tous face à l’enseignement et l’esprit de groupe qui s’est rapidement instauré a considérablement enrichi l’apport académique. Chacun apposant son expérience au moment opportun de l’enseignement, ce dernier a été démultiplié par ces travaux collectifs et de rendre plus pertinent l’adage qui veut que " tout seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin ".
Il y aurait encore beaucoup d’autres choses à dire sur le sentiment d’accomplissement qu’il ressort d’une telle expérience, du fait notamment qu’on peut concilier apprentissage sérieux et extrême bonne humeur, voire humour, qu’on ressort d’une telle période comme après une grosse séance de sport, avec une fatigue agréable et un peu fier de l’effort. Bien entendu, je me sens très privilégié d’avoir pu suivre une telle formation dans un établissement prestigieux, mais j’ai encore envie d’apprendre. A l’heure où l’environnement économique est très compliqué, où le savoir se diffuse de manière plus démocratique par les MOOCS et autres tutoriels en ligne, apprendre est désormais plus qu’une nécessité pour qui veut s’épanouir et faire progresser sa vie professionnelle. Qu’elle que soit votre envie, et si vous en avez l’opportunité, il ne faut surtout pas hésiter à se rendre en formation, à apprendre. Les entreprises regorgent de budgets de formation non utilisés et donc perdus, il faut en profiter.
J'invite enfin mes camarades de promo, tous responsables de la très grande satisfaction que je ressens à la sortie de cette formation , de compléter ce témoignage à leur guise
En poste
8 ansExcellent article que je recommande à ceux qui seraient tentés par ce type de formation après 40 ans, bravo
Avocat à la Cour
8 ansBel article qui devrait donner envie à tous ceux qui hésitent à se lancer, et qui vient conforter ceux qui ont fait le même choix ! Bon vent dans cette nouvelle aventure et savoure ta victoire !
CEO @ PROVA North America
8 ansBravo Cyril pour cet excellent article. je partage tes points de vue, il n'est jamais aisé de concilier vie professionnelle, vie familiale et reprise d'étude (qui plus est a 6000kms !), mais quelle expérience si enrichissante ! merci pour ces bons moments partagés avec vous !
Ingénieur commerciale Santé et Prévoyance collective
8 ansToujours positive, Bravo
FINANCE ACCOUNTING DIGITAL TRANSFORMATION
8 ansMerci Cyrille pour ce témoignage et pour la source d'inspiration que tu as été pour moi... "Apprendre à oser" c'est vraiment cela HEC, il faut oser cette experience humaine unique...meme à 40 ans!