Qualité de vie, conditions de travail et marque employeur : quels liens ?
Face au contexte économique actuel, les recruteurs rencontrent de plus en plus de difficultés pour rester attractifs auprès de candidats en recherche d’emploi ou encore des personnes en poste mais à l’écoute du marché. Face à la diversité des plateformes de recrutement et de propositions d'emploi (avec notamment la survenue de la grande démission suite à l'épidémie de la Covid-19) capter l’intérêt d’un candidat est devenu un véritable défi. Une question centrale se pose alors : la qualité de vie au travail et les conditions de travail peuvent-elles représenter un nouveau levier pour améliorer l’attractivité et attirer les talents ?
Tout d’abord, rappelons brièvement la notion de qualité de vie au travail et de conditions de travail. Le concept de Qualité de Vie au Travail (QVT) est apparu en France dans les années 1970. En 1994, l’OMS a défini la qualité de vie au travail comme " la perception qu'a un individu de sa position dans le contexte de la culture et des systèmes de valeurs dans lesquels il vit et en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes. Il s’agit d’un concept très vaste, affecté de manière complexe par la santé physique, l’état psychologique, les croyances personnelles, les relations sociales et les liens qui unissent avec les caractéristiques marquantes de l’environnement".
Cette notion englobe alors plusieurs déterminants : l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt au travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, un droit à l’erreur; une reconnaissance et une valorisation du travail effectué.
Quelques décennies plus tard, la QVT a également été l’objet d’un accord national interprofessionnel (ANI) du 19 juin 2013 et constitue un thème qui doit être abordé dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire (NAO).
La QVT doit être abordée dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire (NAO)
Les conditions et le contenu du travail, avant les cours de yoga
Depuis le 31 mars 2022, l’expression « qualité de vie au travail » (#QVT) est remplacée dans le Code du Travail par la notion de « qualité de vie et des conditions de travail » (#QVCT). Un nouvel acronyme, créé dans le cadre de l'ANI sur la santé au travail du 9 décembre 2020, puis entériné par la loi du 2 août 2021 « pour renforcer la prévention en santé au travail ». L'objectif étant d’amener les employeurs à se recentrer sur la notion de travail relative à son contenu, à sa tâche, en vue de mettre un peu à distance les actions périphériques dites de QVT telles que le yoga et autres bars à smoothies.
La QVCT est ainsi centrée sur les pratiques managériales, le maintien durable dans l’emploi, les trajectoires professionnelles, la conduite des transformations, et les relations interpersonnelles. Il s’agit notamment d’agir, en matière de prévention primaire, sur la qualité du contenu du travail, de l’environnement physique, des relations de travail, du dialogue social et des modalités de mise en œuvre de l’organisation du travail. Le travail est ainsi replacé au cœur de la QVCT.
Ainsi, ne plus parler de QVT mais de #QVCT permet de clarifier le discours et de recentrer les actions de prévention sur le travail et son organisation : l’amélioration de la qualité de vie au travail des salariés s’inscrit dans une série d’actions reliées de manière directe à celle des conditions de travail.
Parler de QVCT inclut par ailleurs d'aborder les notions de prévention des risques. Brièvement, la prévention des risques consiste à anticiper des phénomènes risquant d'entraîner ou d'aggraver des problèmes de santé physique ou mentale chez les individus en situation de travail. Dix-sept risques sont recensés par l'INRS, qui doivent être identifiés, évalués et faire l'objet d'un suivi, notamment dans le Document Unique #duerp et le Programme Annuel de Prévention des Risques Professionnels et d' Amélioration des Conditions de Travail #PAPRIPACT (loi santé 2021) pour en citer quelques uns: physiques, chimiques, biologiques, le risque électrique, les risques liés au tabac, les risques psychosociaux, la chute de plain-pied, la chute en hauteur, les risques liés à la charge physique de travail..
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Les entreprises sont donc tenues selon le Code du Travail (art 4121-1) à une obligation de santé sécurité, dans cet objectif, elle doivent mettre en œuvre les 9 principes généraux de prévention, à savoir :
La prévention des risques et les conditions de travail, un facteur d'attractivité ?
Les départs des salariés ou les ruptures de contrat s’expliquent en partie par des conditions de travail difficiles, des relations au travail dégradées, un manque d’écoute du management, des horaires de travail difficiles à prévoir... Améliorer les conditions de travail, cela veut dire s’intéresser aux conditions réelles dans lesquelles le travail est réalisé, prendre en compte les remontées des opérationnels sur le terrain, favoriser la recherche collective de pistes de solutions avec les salariés.
La qualité de vie au travail comme véritable marque employeur
Davantage encore, si l'on s'en réfère à l'OIT (Organisation Internationale du Travail) et à la publication de son dernier guide paru fin novembre portant sur les formes de violences au travail, les pratiques discriminantes, la violence et le harcèlement (Does, Gundemir et Shih 2018) ont des conséquences pour la réputation de l’entreprise qui peuvent être très coûteuses, certaines organisations ont enregistré une baisse significative du chiffre d’affaires, une baisse du cours des actions, voire une perte d’activité.
Les avantages d’une bonne réputation sont avérés. Selon l’étude Global Pulse 2009 menée par le Reputation Institute, les entreprises qui bénéficient d’une bonne réputation fondée sur des stratégies de gestion de la réputation sont mieux placées pour s’améliorer, notamment dans la capacité d’attirer de meilleurs talents; le fait de présenter une plus grande valeur ajoutée aux yeux du public, la fidélisation de la clientèle. L’intensification des efforts visant à garantir un lieu de travail sûr et sain, exempt de violence et de harcèlement, est indispensable à la mise en place de stratégies d’entreprise visant à renforcer l’image de marque et à réduire les risques de réputation négative.
Selon l’ANDRH, les actions efficaces en faveur de la QVCT qui favorisent une bonne réputation doivent « porter sur l’organisation du travail», la flexibilité des horaires au télétravail, la déconnexion, la répartition de la charge de travail et des responsabilités partagées, en passant par la « clarté du sens du travail », les primes variables, la « polyvalence des rôles », et la « refonte des espaces ». La QVCT doit ainsi s’inscrire dans une stratégie d'entreprise marque employeur favorisant l’amélioration continue axée sur 6 champs spécifiques à la QVCT sur lesquels les entreprises doivent travailler :
Catherine NEROT, Consultante & Formatrice QVCT, RPS, Santé au Travail
Formatrice-Coach ✨Bien-être au travail ✨Communication globale et Marketing digital. J’accompagne les entreprises, organisations publiques, clubs d’entreprises et centres de formation. 🎖️Référencée CCI Prestataires
1 ansTrès bon article 👌
Responsable Communication Interne chez Baker Tilly 🌸 Égalité Femmes/Hommes 💪 Bienveillance 🪴
1 ansSuper article de fond, merci Catherine ! D'ailleurs, proposer une politique parentalité en entreprise est une action concrète et simple pour améliorer la qualité de vie au travail côté salariés et favoriser l'attractivité côté entreprise 😉