Qualité des soins centrée sur l’expérience-patient

Qualité des soins centrée sur l’expérience-patient

J'ai eu le plaisir de participer la semaine dernière aux travaux de la 17ème conférence arabe sur la Gouvernance des services de santé, organisée au Caire, par une présentation sur la mesure de la performance, en tant qu'élément clé d'une gouvernance centrée sur l’expérience-patient. Ci-joint l'abstract en français de ma contribution

 Abstract

L'année 2018 coïncide avec l'aboutissement d'un nouveau mouvement pour la qualité des soins initié depuis le milieu des années 1990. Ce mouvement place le patient au cœur de toute évaluation de la qualité des soins et considère la qualité comme un enjeu majeur du renforcement des systèmes de santé. En effet, cette année a été marquée par la publication de trois rapports mondiaux[1] sur la qualité, recommandant l'intégration de la qualité en tant que composante essentielle des systèmes de santé et appelant à une révolution de la qualité centrée sur les patients. Ces rapports proposent à la communauté mondiale et aux décideurs politiques de tirer parti du programme des ODD et de l'avènement de la couverture sanitaire universelle (ODD3 cible8) pour relever le défi de l'accès universel à des services de santé de qualité axés sur la personne.

Le succès de ce mouvement se justifie également par les déficits systématiques de la qualité des soins qui auraient pu nous épargner entre 5,7 et 8,4 millions de décès chaque année dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFM) et une perte de productivité de 1,5 billion de dollars. Actuellement, 60% des décès sont dus à des soins de qualité médiocre, tandis que les autres décès résultent du manque d’accès aux soins de santé. La qualité des soins deviendra un facteur encore plus important de la santé de la population à mesure que l'utilisation des systèmes de santé augmentera et que le fardeau de la maladie évoluera pour devenir plus complexe. (Kruk & al. 2018). Ce nouveau mouvement de la qualité met le jugement de la qualité et de l'efficacité entre les mains des patients. Les mesures des résultats déclarés par les patients (PROM) et les mesures des expériences déclarées par les patients (PREM) sont, à ce titre, des indicateurs de plus en plus utilisés dans les pays développés pour saisir ce qui compte vraiment pour la population.

Dans ce contexte, il est inconcevable d’envisager une évaluation de la performance des systèmes de santé en dehors d’une centralité sur la qualité et sur les patients. Le premier impératif de toute évaluation de la performance consiste à mettre en place un cadre conceptuel rigoureux et à concevoir un portefeuille optimal d’instruments de mesure. À ce titre, de nombreuses initiatives de mesure des expériences déclarées par les patients (PREM) ont été entreprises au cours des décennies précédentes, souvent inspirées par le travail de l'institut américain de médecine (OIM) et du Picker Institute. Pour les mesures des résultats déclarés par les patients (PROM), la comparabilité entre les pays est encore plus limitée que celle des PREM. Cela ne donne aux décideurs qu'une compréhension superficielle des résultats des soins de santé.

De plus, malgré la pertinence de ces récents développements en matière de gouvernance de la qualité et de conception de la performance des systèmes de santé, leurs approches et outils restent inaccessibles à la majorité des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFM). Une telle ambition nécessitera une modernisation des processus de soins et des systèmes d’information et un leadership du plus haut niveau. Il convient également de considérer cette évolution dans le contexte d’une capitalisation des réalisations des systèmes de santé de ces pays. Quoi qu'il en soit, la gouvernance de la qualité doit être ouverte aux patients en tant que porteurs de droits (d’accès aux soins), en tant que consommateurs de services de santé et en tant qu'acteurs de l'évaluation de la performance du système de santé.

[1] Delivering quality health services A global imperative for universal health coverage (WHO, WBG, OECD, 2018); High-quality health systems in the Sustainable Development Goals era: time for a revolution (The Lancet HQSS, 2018); Crossing the Global Quality Chasm: Improving Health Care Worldwide (The National Academies Press, 2018).



Adel hedhli

PMP® Certified, Directeur d'hôpital, Expert en Stratégie hospitalière

5 ans

Bonjour quand à la participation du patient dans le processus complet de l'offre de soins il y a des modèles qui détaillent les modalités de cette participation à linstart du modèle canadien. Pour ce qui concerne les projets qualité seulement 20 % nécessite des financements, mais à nôtre sens il est judicieux pour nos pays d'avoir une stratégie axée sur la prévention plutôt que seulement sur les soins et adopté une analyse critique sur les apports tangibles des nouvelles technologies et thérapeutiques.

Hamid Allalou

Doctorate in Medecine. IMG, MPH, B.Ed. Public Health and Education Consultant

6 ans

Certes que la contribution du malade est pertinente pour l'amélioration des résultats et du processus de sa prise en charge. Le malade est un client qui est de plus en plus exigeant et cela pourrait engendrer une augmentation faramineuse des coûts de santé à la population avec l'utilisation des technologies de plus en plus coûteuses. Ces coûts affectent grandement le système de financement des pays en développement qui seront dans l'obligation de demander plus de $ pour seulement une petite portion de qualité. D'autant plus que le niveau de la santé de leur population est à déplorer ainsi les contribuables ne peuvent subvenir à ces coûts additionnels. La question est quelles limites ou Normes acceptables devant les exigences du patient et les décisions rationnelles tout en considérant les coûts? Comment le patient participera à l'utilisation des services dans ce nouveau contexte et prouver son partenariat pour la durabilité du système?

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