Quand devrions-nous nous méfier de nos choix ?

Quand devrions-nous nous méfier de nos choix ?

Plus un choix a été rapide, facile, réactif, radical ou effectué seul, plus il est probable qu’il soit erroné.  A l’inverse, nos bons choix ont souvent été lents, difficiles, complexes, proactifs, de compromis. Pourquoi ? A notre insu, l’un ou l’autre de nos six systèmes de traitement de l’information peut se mettre à fonctionner en mode dégradé, à son niveau le plus bas d’intelligence. Il va alors au choix le plus rapide, le plus simple, le plus radical. Se décider sur un slogan qui tient sur une petite affiche est souvent une mauvaise idée. Les explications avancées par les modèles cognitifs les plus récents sont décrites dans l’article ci-dessous

Comment notre intelligence fait ses choix ?

Extrait du séminaire « Direction d’équipes et d’organisations ». P. Georges. Collège des Ingénieurs, Paris. 2017

En résumé

Nous devrions nous méfier de nos choix

1.     Quand nous les avons faits pour parer au court terme

2.     Quand nous les avons faits vite

3.     Quand nous les avons faits facilement

4.     Quand nous les avons faits à un moment de tension, d’incertitude

5.     Quand ils nous ont semblé simples, évidents, sans compromis, non négociables.

6.     Quand nous les avons faits seuls, sans débats, sans méthode

Nous connaissons tous quelques bons choix rapides, simples, radicaux. Ils sont rares : ce sont des exceptions qui confirment la règle. Pourquoi ?

Des explications techniques

Notre intelligence peut être assimilée à un producteur de choix utilisant six systèmes de traitement de l’information. Nos mauvais choix peuvent être catégorisés en ceux qui nous gardent soit dans la pauvreté, soit dans l’insignifiance, soit dans l’ignorance, soit dans la souffrance, soit dans l’isolement ou encore dans la violence. Nous disposons de six systèmes intellectuels conçus pour nous sortir de chacune de ces situations.

Le système 1 dit de guidage, dirige notre vie. Il nous fournit en objectifs qui peuvent aller d’objectifs annuels à des objectifs à la journée. Plus les objectifs que ce système nous fournit sont à long- terme, moins nous faisons d’erreurs de parcours. Nous nous dirigeons plus surement si nous regardons au loin que si nous regardons à nos pieds. Le choix de petites récompenses immédiates, au lieu de plus grands bénéfices plus tardifs, nous garde pauvres.

Le système 2, dit de résolution de problème, prend nos décisions. Il nous fournit en décisions qui peuvent aller de raisonnables à préjugées. Ce système met beaucoup plus de temps pour produire une décision raisonnable, adaptée, qu’une décision toute faite. Nous faisons plus d’erreurs quand nous choisissons vite. Les choix par préjugés nous gardent insignifiants.

Le système 3, dit d‘apprentissage, nous fournit en savoirs, en connaissances. Elles peuvent aller de neuves, issues du présent, à anciennes, issues du passé. Ce système nous fournit des savoirs neufs plus difficilement, il doit les créer, que des savoirs passés, qu’il n’a qu’à aller chercher dans ses mémoires. Nous faisons plus d’erreurs quand le choix nous a semblé facile. Les choix basés sur des savoirs passés, sur des habitudes, nous gardent ignorants.

Le système 4, dit de conscience, nous fournit en attention. Si elle nous est fournie focalisée, elle nous apporte de la certitude. Si elle est dispersée, elle apporte de l’incertitude. Nous faisons moins d’erreurs quand nous sommes concentrés que quand nous sommes dispersés. Les choix pris en stress nous gardent souffrants.

Le système 5, dit de conceptualisation ou de compréhension, nous fournit en fictions, en concepts prédictifs. Elles peuvent aller de fictions complexes comme les sciences, à des fictions simples comme les croyances. Les fictions complexes prédisent généralement mieux ce qui va se passer que les fictions simples. Nous faisons plus d’erreurs si nous faisons des choix qui nous ont paru simples à décider, sans compromis, non négociables. Les choix radicaux nous gardent isolés.

Le système 6, dit d’action, nous fournit en résultats, en réalisations. Ces réalisations peuvent être obtenues seules, par la force, ou avec les autres et les outils. Nous sommes plus efficaces, la qualité des réalisations augmente, si elles sont effectuées à de nombreuses personnes, avec beaucoup d’outils. Nous faisons plus d’erreurs si nous prenons des décisions seuls et sans recettes. Les choix forcés nous gardent violents.

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