Quand il faut y aller !

Pour la version audio, c'est ici.

J’étais accrochée à la barre de la porte de l’avion, à l’extérieur, à mille mètres au-dessus du sol. Il faisait beau, le ciel était bleu, c’était l’automne. Au-dessous de moi s’étendaient des champs, verts et bruns. Je portais un parachute qui allait s’ouvrir automatiquement une centaine de mètres plus bas.

Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Il y avait juste un petit problème : j’ai peur du vide.

Mes souvenirs sont à la fois clairs et lointains. Peut-être parce que c’était il y a longtemps, mais surtout parce que j’étais spectatrice de ce qui m’arrivait. J’étais incapacitée par ma peur.

C’était dangereux d’ailleurs, plus dangereux d’être accrochée à l’extérieur que de sauter. Le moniteur a décroché un à un mes doigts de cette barre.

J’avais envie d’y aller, je l’avais décidé. Je m’étais levée tôt pour faire le trajet de Toulouse à Pau avec mes camarades, j’avais soigneusement écouté les consignes, enfilé le parachute, était entrée dans l’avion. Mais à l’instant T, j’étais là, accrochée à l’avion. Je ne pouvais pas.

Une fois décrochée de l’avion, je ne me souviens pas de la chute. Mon parachute s’est ouvert comme il le devait. Je me souviens de la décélération. Puis, accrochée et protégée par cette étendue de tissu, j’ai pu profiter de la balade verticale. Et, grâce aux instructions du moniteur dans le casque, je me suis posée comme une fleur au milieu du champ.

On m’a proposé de sauter à nouveau. J’ai décliné poliment.

Après, j’étais assez heureuse de l’avoir fait, même si la réalisation finale de l’ambition a été permise par le moniteur. C’était la satisfaction de ne pas me laisser dominer et enfermer par ma peur.

Vu d'aujourd’hui, je suis plus mitigée. Je sais pourquoi j’ai fait ce choix. C’était une opportunité pour moi, mais aussi une étape de l’intégration dans le groupe des étudiants de l’école que je venais de rejoindre. Et c’est important l’intégration.

Mais j’ai peur du vide. J’ai le vertige. Hitchcock en a fait un film. Au quotidien, ce n’est pas un problème. Et quand j’ai occupé un bureau au 29è étage d’une tour de la Défense, la fenêtre et moi avons réussi à trouver une relation apaisée.

Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire, à laquelle je n’avais pas repensé depuis bien longtemps ?

Je cherchais à écrire sur la difficulté à faire, quand bien même la décision est prise. Et, tournant en rond sur le sujet, belle illustration du sujet en question _ un prochain thème sera d’ailleurs la procrastination, attendez-vous à un retard de publication _ donc, tournant en rond, je cherchais une image qui m’inspire et j’ai vu cette belle image de parachutistes, qui m’a renvoyée à ma propre expérience.

Car même quand la décision est prise, la concrétisation, le fait de faire, peut s’avérer difficile.

Il y a plusieurs raisons possibles à cela, et les comprendre permet d’accepter cette difficulté et d’y faire face.

Il se peut que la destination ne soit finalement pas la bonne, ou pas tout à fait celle-là. Mais même si la destination est la bonne, le chemin est généralement à construire. Il s’agit donc de le concevoir, pas à pas, puis de l’emprunter. Il peut faire peur, ou susciter l’enthousiasme. Il comprend une part d’inconnu et d’inconfort. Il n’est pas toujours nécessaire de sauter en parachute, mais parfois si. Et peut-être serez-vous galvanisé.e par l’expérience. Ou peut-être déciderez-vous que ce saut-là n’est pas pour vous, et vous trouverez alors une autre solution.

Je crois qu’il existe toujours un chemin praticable pour vous, il est plus ou moins facile à trouver et à construire. Et accepter que ça puisse être difficile, voire, qui sait, accueillir le challenge, ça aide.

--------------------------------------------------------------------

Vous voulez recevoir le prochain article, un petit click sur suivre ou follow, et l’affaire est conclue.

A bientôt.