Quand les supermarchés militent pour ouvrir les jours fériés

Ouvrir les jours fériés, pour répondre à la demande ? Mais dans ce cas pourquoi attirer le public par des réductions exceptionnelles ? Est-ce un projet économique ou politique ?

https://blogs.mediapart.fr/philippe-wannesson/blog/150822/quand-les-supermarches-militent-pour-ouvrir-les-jours-feries

Je passe à la caisse. La caissière me tend un bon de réduction, valable la journée du 15 août. C'est la deuxième fois cet été que je reçois un bon de réduction pour un jour férié.

La situation me questionne. Si pour les supermarchés ouvrir les jours fériés répond à une demande, pourquoi ont-ils besoin d'attirer le chaland en offrant des réductions ? Certes il y a des frais engagés, notamment de personnel, pour chaque jour supplémentaire ouvert, et il est important d'attirer l'attention de la clientèle pour qu'elle vienne ces jours-là.

Mais quand même. Si la consommation est en berne, ce n'est pas en raison d'une amplitude trop restreinte de l'ouverture des magasins. On peut même se dire que ce qui sera acheté le 15 août ne le sera pas le 16. On n'est pas à l'approche des fêtes de fin d'année, pendant laquelle il y a effectivement une augmentation de la consommation, l'augmentation du temps d'ouverture pouvant alors permettre de mieux gérer l'afflux de client.es. Mais quand la consommation est étale, ouvrir plus longtemps augmente les coûts sans forcément augmenter les recettes. On peut se dire aussi qu'un magasin qui ouvre les jours fériés a un avantage compétitif par rapport à ses concurrents, mais si cet avantage devient significatif, les autres aussi ouvriront les jours fériés. Bref, si les coûts sont certains, les profits le sont moins.

L'intérêt est-il donc d'abord économique ? Ou relève-t-il d'abord d'une conception politique (biopolitique ?) Les limites à la disponibilité des salarié.es (ou des salarié.es des entreprises sous-traitantes, ou des autoentrepreneur.ses) serait une frontière à sans cesse repousser, vers une disponibilité toujours plus large des corps au travail. Et peut-être que dans le système croyances qui anime cette extension du pouvoir sur les corps, celle-ci doit à la fin rapporter de l'argent. Mais ce n'est pas certain.

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