Que reste-t-il de la puissance française ?
Que reste-t-il de la puissance française ? Cette question devrait, en toute logique, apparaître dans l'actualité comme l'un des points-clés de l'actuelle campagne présidentielle. Sans surprise, et malheureusement, il n'en est rien. Fort opportunément, Pascal Gauchon a choisi d'en faire le fil d'Ariane du n°13 de l'excellente revue Conflits qu'il dirige de main de maître et qui vient de sortir en kiosque. Derrière les procès en sorcellerie, guignolades médiatiques et autres faux débats sur des questions subsidiaires pour ne pas dire dérisoires, se profile une question majeure pour le devenir de notre pays : quid de la France face à la mondialisation ? Toutes les études de fond et un tant soit peu sérieuses le prouvent : "les relations de la France et du monde passent au premier plan des préoccupations de l’opinion. Une question éminemment géopolitique", note Pascal Gauchon. Or énoncer cette question, c'est poser implicitement celle du devenir de la puissance française. Qu'en reste-t-il ? Doit-on se contenter d'une nostalgie désuète à son endroit ? Ou, au contraire, saisir la chance que nous fait courir le plus extrême péril – celui de notre possible disparition – pour rebondir et unir nos forces en vue d'une renaissance ?
Ancien ministre des Affaires étrangères et géopoliticien averti, Hubert Védrine ouvre le débat et plaide pour un retour à la Realpolitik. Passionnément amoureux de la France mais lucide sur ses défauts, il note : "La realpolitik consiste à prendre en compte toutes les facettes de la réalité. Il faut pour cela s’abstraire de ce que j’ai appelé l’irrealpolitik. Ce sont toutes les croyances, les convictions, les postures, les réactions instantanées de l’Occident bavard et imbu de sa supériorité dans lesquelles nous baignons. Vous savez, les formules du genre "les-valeurs-qui-sont-les-nôtres". Une sorte de diplomatiquement correct. Ces postures se sont beaucoup répandues après la chute de l’URSS quand nous avons cru que nous allions vivre dans une "communauté internationale" selon nos conceptions. Mais cela ne marche pas, ou pas encore, parce que le monde n’est pas peuplé que de gentils Européens. Cette irrealpolitik a échoué." Et Hubert Védrine de constater : "Nous adorons les grandes formules abstraites sans prise avec le réel, nous préférons les théories aux faits. En même temps nous avons longtemps été un pays un peu vantard qui passait son temps à donner des leçons aux autres, et à rêver un peu. Moins maintenant où nous sommes dans un état semi-dépressif, ce qui n’est guère mieux"… C'est alors qu'Hubert Védrine pointe les influences néfastes qui ont contribué à la perte de puissance de notre pays. "Le paradoxe tient à ce que l’influence de la pensée des néoconservateurs en France (des occidentalistes, en fait) s’est accrue sur notre diplomatie au moment même où, avec l’arrivée d’Obama, ils perdaient le pouvoir politique à Washington. L’influence de ces néoconservateurs occidentalistes résiduels a progressé chez nous sous Sarkozy, puis sous Hollande elle est restée forte, ainsi que dans les médias."
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