Que retenir de la réunion de la Fed ? - Une baisse de taux "sans engagement", une banque divisée & une domination du dollar consolidée
Service minimum de la part de la banque centrale américaine qui a hier, comme l'espérait grandement les marchés, réduit son taux directeur de -25pbs (couloir de fluctuation désormais de 1,75%-2,00%) pour la 2ième fois consécutive.
Cette baisse de taux, comme la précédente d'ailleurs, s'inscrit selon la banque non pas comme une étape d'un cycle d'expansion monétaire mais plutôt comme une "garantie" pour soutenir le cycle d'expansion actuel face aux vents contraires ciblés par la banque, à savoir le ralentissement de l'économie mondiale et les turbulences commerciales. Un acte donc de sagesse plus qu'une réelle conviction ? Possible à en croire les nouvelles projections monétaires de la banque (Dot Plot) qui suggèrent un maintien des taux inchangés jusqu'à la fin d'année 2020.
S'appuyant sur de nouvelles projections de croissance révisées à la hausse par rapport à juin (+0,1% pour les proj. 2019 et 2021), la Fed en a profité pour renouveler son optimisme à l'égard des perspectives de l'économie américaine et marquer son refus à suivre "une ligne toute tracée" en matière de taux.
Faut-il prendre ces annonces au pied de la lettre ? Là encore difficile à dire car jamais la Fed n'a semblé aussi divisée sur la question. Le choix d'opérer une nouvelle baisse de taux en septembre s'est fait dans la douleur et souffert de la contestation de trois membres exécutifs sur dix, un rapport de force qui n'avait encore été vu sous le mandat de Jerome Powell. En matière de projections monétaires, si le consensus suggère un statu quo jusqu'en 2020 on dénote néanmoins 7 membres du comité directeur et directeurs d'antennes régionales de la Fed sur un total de 17 qui tablent sur une nouvelle réduction monétaire d'ici la fin d'année. Il n'y a donc plus de consensus au sein de la banque centrale américaine d'où une impression de flou qui émane après cette réunion monétaire.
En refusant de se projeter et de s'inscrire dans une course effrénée en faveur d'une réduction agressive des taux directeurs, la réserve fédérale américaine indirectement nourrit et appuie la domination du dollar sur les marchés des changes. Profitant à la fois de la résilience de l'économie américaine, de taux de rendement parmi les plus attractifs proposés actuellement au sein des économies développées mais également, il ne faut pas le nier, de la contre-performance et du peu d'attractivité de ses pairs comme l'euro, la livre sterling ou encore le dollar australien, la devise américaine apparaît toujours ; même après la baisse de taux d'hier; comme l'un des actifs qui offre actuellement le plus de garantie dans le marasme économique actuel.
Si l'EUR/USD s'est évité un nouveau plongeon sous $1,10 hier, sa valorisation n'en reste pas moins dégradée et son potentiel haussier très réduit au regard des fortes divergences monétaires existantes entre les Etats-Unis et la Zone Euro. Si celles-ci ne sont pas accrues en septembre, elles ne se sont pas pour autant réduites. Au regard de la fragilité économique de (craintes de récession en Allemagne) et d'incertitudes politiques toujours très importantes en Zone Euro qui pourraient s'intensifier en octobre (Brexit initialement prévu le 31 octobre, nouveau test pour la "Grande coalition" en Allemagne via l'élection régionale en Thuringe le 23 octobre, remise à Bruxelles des premières ébauches de budget du nouveau gouvernement italien "Conte II" avant le 15 octobre, préparation de nouvelles élections anticipées en Espagne le 10 novembre), couplé à cela au peu d'attractivité offert par des taux européens très négatifs, il se pourrait que l'EUR/USD reste contenu dans un couloir étroit de fluctuation de $1,08-$1,14 (plafond au T2) pendant plusieurs mois.
Source: Reuters