Que se passe-t-il dans le secteur des paiements ?

Que se passe-t-il dans le secteur des paiements ?

Voici 7 idées et informations pour dépasser les apparences. En synthèse de la passionnante matinée du Payment club de l’ACSEL.

Nous payons tous chaque jour sans trop nous soucier de ce la machinerie derrière la transaction. Après tous… cela fonctionne ! pourquoi s’en préoccuper ? Pour celles et ceux qui voudraient passer de l’autre côté du miroir...


1/ Le cash émis par les banques centrales continue de croître. Evidemment, nous utilisons tous de moins en moins de billets au quotidien. Et pourtant… les billets et pièces en circulation en Europe continuent d’augmenter de 5% chaque année. En 2024, la BCE compte environ 29 milliards de billets de banque en circulation d’une valeur totale de 1500 milliards d’euros. Comment est-ce possible ? La banque de France estime de 40% de ces billets se trouvent hors zone euro, que 40% se trouvent sous les matelas de particuliers et que seuls 20% circulent.

 

2/ L’euro numérique de la BCE est en réflexion avancée. Les banques centrales ont pour rôle d’assurer la résilience du système économique et financier. Aujourd’hui sous forme de monnaie papier qui a cours légal. Demain aussi sous forme numérique dans un format qui aurait cours légal, serait gratuit, permettrait le paiement peer to peer, resterait confidentiel jusqu’à un certain montant et serait résilient… donc qui fonctionnerait même sans réseau wifi télécom. Comme des billets de banque, mais en format digital. Ce projet de la BCE concurrence en partie celui d’EPI…

 

3/ Wero (EPI) arrive enfin. Wero fonctionne en Allemagne depuis le 1er juillet 2024 et Paylib en France prendra bientôt son nom pour lui donner un départ lancé. Il s’agit de la marque commerciale d’EPI (European Payment Initiative). Après avoir renoncé en 2022 à créer un schéma de carte européen (i.e. un concurrent direct de VISA ou Mastercard), EPI se concentre sur la France, l’Allemagne et le Benelux pour amorcer son développement d’un moyen de paiement européen.

 

4/ CB (Carte Bancaire, pas Carte bleue !) affiche innovation et souveraineté. Le discret logo au dos de toutes les cartes de paiement française continue sa campagne pour ne plus être le grand inconnu malmené du secteur. Presque tout le monde écorche son nom (c’est Carte Bancaire ! carte bleue n’existe plus depuis des décennies), presque personne ne sait que c’est l’alternative française à VISA ou Mastercard et seuls les initiés savent que c’est 10 fois moins cher pour les commerçants. CB a renforcé ses innovations, s’est doté d’un logo bleu-blanc-rouge et a initiés une campagne de communication. Renseignez-vous !

 

5/ La fraude se dirige vers la manipulation humaine. Frauder le système devient de plus en plus difficile. Les demandes d’authentification forte, les algorithmes de détection et la sophistication technologique font que les fraudeurs se concentre à présent sur le maillon faible du paiement : l’humain. Phishing, Spoofing et arnaques remarquablement bien montées sont en forte augmentation et ne concernent pas que les individus dits fragiles. Personne n’est à l’abri d’une belle mise en scène. Les banques jouent la prévention et communiquent largement sur ce qu’elles ne feront jamais. Par exemple vous demander votre code ou mot de passe par téléphone…

 

6/ L’autonomie stratégique des paiements s’organise. C’est-à-dire détenir une alternative sous contrôle local en cas de coup dur (autonomie défensive) et détenir les moyens de mettre en place une stratégie collective (autonomie offensive) sans dépendre d’un ensemble d’acteurs aux intérêts pas toujours alignés. On paie toujours une dépendance ! Notons qu’on préférera parler d’autonomie stratégique plutôt que de souveraineté qui laisse souvent penser que chacun devrait ou pourrait tout réaliser tout seul tout le temps. Le secteur européen des paiements souhaite accueillir tous les rails et toutes les innovations… sans naïveté déplacée.

 

7/ Le secteur européen des paiements est encore peu organisé. Il n’est pas toujours reconnu comme un secteur en tant que tel est souvent vu comme un sous-sous-secteur des services financiers. Les principales agences de lobbying référencées à Bruxelles sont en fait étrangères. Peu de personnes portent un projet européen transnational et ces projets européens se heurtent souvent à des intérêts ou spécificités nationales. Il reste beaucoup à créer à l’échelle européenne.

 

Un grand merci notamment à Martina Weimert, Philipe Laulanie, Gilles Grapinet, Vincent Duval et Erick Lacourrège. Les 7 points précédents proviennent de leur intervention. Et évidemment un grand bravo à Laurent Nizri pour l’organisation.

Hélène Pot

Partenariats stratégiques et Business Development | Contract Management | Projets

5 mois

Merci Jeremy. Jean-Luc Van Ginder Deuren intéressant pour toi aussi.

Laure Lemaignen

Partner, Financial Institutions Practice at PMP Strategy | Strategy Consulting | Corporate & Investment Banking | Retail Banking | Asset Management | Fintech | Independent Board Member

5 mois

Merci Jérémy! Comme toujours, très intéressant et clair!

Eric SOARES

Formateur et Consultant en performance commerciale #keyaccountmanagement #negociation #executivecoaching

5 mois

Merci Jeremy Borot pour cet éclairage très instructif !

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