Quel Avenir pour l'éducation ?

Quel Avenir pour l'éducation ?

C’est ce vaste thème qu’il m’a été donné d’aborder lors de la dernière édition de la Maddykeynote #MK17 dont l'ambition était de comprendre en quoi et comment des technologies innovantes peuvent répondre aux grands enjeux de demain. Bien que représentant #HPE je ne saurai résumer l'éducation à la seule transition numérique. Il convient d'évoquer également l’innovation pédagogique et la façon dont elle s'insère dans le monde qui sera le nôtre demain.

L’impact des technologies 

Le numérique est bien entendu nécessaire mais également inhérent à notre quotidien, il ferait presque partie de l’air que nous respirons. 80% des français sont d’ailleurs favorables au développement du numérique à l’école, selon la chaire Economie du Numérique de l’Université Paris Dauphine. Pourtant nous sommes 70% à estimer que les formations reçues ne permettent pas de mieux appréhender cette révolution. L’effort qu’il reste à accomplir est donc conséquent.

Les technologies du digital permettent l’accessibilité du savoir à beaucoup et depuis quasiment tous les endroits de la planète, revisitant complètement les notions d’espace et de temps. Elles favorisent, en théorie, la diminution des disparités en matière d’accès au savoir et d’utilisation de ce dernier. Des sujets de cours et des cas pratiques aux formes multiples deviennent facilement exploitables à des coûts extrêmement réduits. De nouveaux acteurs pourront mettre à disposition des enseignements qui portent sur des domaines pointus ou inattendus, contribuant ainsi à apporter plus d’innovation et de disruption dans la façon dont les cursus seront conçus. Le cas de l#Ecole42, tout récemment reconnue meilleur école de codage au monde par la start up codingame, en est un exemple très concret. L’admission à l’Ecole 42 a la particularité de ne requérir aucun diplôme et l’établissement ne dispense aucun cours magistral.

Toujours au regard de l’innovation, l’intelligence artificielle (#IA) apporte déjà son lot de réponses immédiates et d’informations qu’il n’est plus nécessaire d’avoir à retenir. Le Machine Learning, c’est-à-dire l’apprentissage automatique ou statistique par itérations permettra à des machines – au sens large- d’évaluer en continu l’évolution des élèves dans un cursus. En mixant #BigData et algorithmes, l’adaptative learning apportera des réponses plus personnalisées, combinant théorie, pratique et fréquence des étapes de validation des acquis. Dans tous les cas de figure pour développer ces solutions, les infrastructures et solutions informatiques sont indispensables : capacités de calcul puissantes, solutions logicielles, conditions d’accès aux réseaux solides et sécurisées …

Avec ce voyage dans un futur qui a déjà débuté, nous mesurons bien l’importance du numérique dans l’éducation de demain. Cependant il n’est pas encore suffisamment présent dans les projets proposés par le monde politique et dans les investissements réalisés. Même si en France 70% des collèges sont connectés en haut débit et que le plan France Numérique s’intéresse aux MOOC, notre compétitivité sur la scène internationale nécessite encore de nombreux efforts pour concrétiser et favoriser l’innovation dans l’enseignement.

Et l’innovation pédagogique alors ?

Si les technologies apportent l’accès à toutes sortes de réponses, c’est sur la façon dont ces connaissances disponibles seront exploitées qu’il est important de mettre l’accent.

Au-delà des cours magistraux délivrés dans des classes formelles ou à travers des médias vidéos, qui ne sont suivis jusqu’au bout que par 4% des élèves, les enseignants exploitent déjà des formats de type #MOOC. Les MOOC sont des modules relativement courts (entre 20 et 30 mns en général) pensés et conçus pour être suivis en ligne et favoriser les interactions.

L’apprentissage classique des connaissances peut-être réalisés avant le cours lui-même. Ce dernier devient un lieu d’échanges et de travail collaboratif. C’est le principe de la classe inversée ou flipped classroom pratiquée à Harvard et dans bien d’autres universités déjà. La classe inversée propose un environnement flexible entre classe et laboratoire, avec une culture de l’apprentissage en amont qui responsabilise l’étudiant, un contenu intentionnel préparé à l’avance sous un format digital réutilisable et une intervention pédagogique professionnelle structurée et adaptée aux étudiants.

Les élèves sont ainsi guidés dans l’acquisition de compétences sociales et collaboratives, ils travaillent leur capacité de tolérance et l’évolution de leur maturité. Cet apprentissage immersif n’est bien entendu pas la résultante des seules technologies mais le fruit du travail des enseignants qui guident les élèves dans leur quête d’innovation et leurs apprennent qu’après tout rien n’est peut-être impossible.

Dans le même temps, c’est le monde lui-même qui devient une salle de classe. Le rôle des examens évolue vers moins de formalisme et plus de points de passages qui mesurent toutes les formes d’apprentissage : cursus en ligne, qualité des échanges en séances interactives, apprentissages professionnels et même associatifs. L’ensemble des compétences acquises au fil du temps s’inscriront dans un cursus déroulé pendant toute une vie.

Dans quel monde demain ?

Entre technologies et éducation, ce sont pourtant bien les élèves et le corps professoral de demain qui dessineront le visage de l’éducation du futur.

Les attentes des nouvelles générations font évoluer l’ensemble de nos propres attentes. 73% des élèves issus des digital native ont déjà appris à exploiter le numérique à travers des jeux. Les technologies ont facilité le travail collaboratif en mode projet. Avec l’aide d’outils de travail collaboratifs et le support des infrastructures réseaux et logicielles adéquates, des groupes rassemblant des compétences variées se forment selon les missions à accomplir. Au sein de Hewlett Packard, sur le programme de #Marketing digital que je conduis, des équipes pluridisciplinaires provenant de différent pays sont amenées à partager leurs résultats à travers des visio-conférences et des sites de partage de contenus. Le prochain projet verra se former une autre équipe rassemblant d’autres compétences humaines. La notion de structure hiérarchique est complètement revisitée, elle passe de pyramidal à horizontale. Ce n’est plus tant l’autorité managériale qui compte que la capacité à être un leader reconnu et informel. Les générations futures nous aident à pratiquer la réactivité et la collaboration au quotidien. L’intergénérationnel apporte la structure et l’expérience indispensables à la réalisation de ces projets.

Comprendre et savoir utiliser le numérique n’est pas une option pour continuer à apprendre. Ce n’est plus l’érudition seule qui ouvre les portes des cursus réussis, mais plutôt toutes les nouvelles formes de curiosité. Car les technologies elles-mêmes évoluent très vite, rappelez-vous que l’introduction de la radio, puis la TV et des PC dans les programmes éducatifs a été très vite dépassée par l’arrivée des tablettes. Les hologrammes frappent déjà à la porte ! Il sera donc facile d’acquérir des compétences dans des domaines très variés.

Les parcours se construiront à la carte, abattant les silos entre les disciplines. Pourtant, paradoxalement, à l’heure du savoir disponible à la plus grande masse, il se peut que ceux qui sortent du système tôt et n’en maîtrisent plus suffisamment les codes, soient incapables de le rejoindre un jour.

Autre bémol dans ce tableau, celui de la délégation des tâches automatisables aux robots qui doit amener à réfléchir à l’avenir de tout un pan de formations. Et dans ce contexte, que dire de l’évolution du contrat de travail ? Demain nous fournirons fort probablement nos compétences de projets en projets de manière plus flexible. En parallèle de celle de l’éducation, la structure du contrat de travail est appelée à évoluer.

Il nous faudra apprendre à apprendre et être en apprentissage continu. Mais tant qu’il y aura des espaces de travail, quelles que soient leurs formes, l’éducation sera présente.

En synthèse, les technologies, incontournables, apportent à l’éducation un flot continu d’innovations qu’il est important d’intégrer rapidement. L’innovation pédagogique permet de travailler au-delà de l’acquisition des connaissances sur l’acquisition de compétences interpersonnelles indispensables dans le monde de demain, à la fois prometteur et incertain. Nous devons être en mesure de comprendre et d’appréhender ces changements, c’est en tout cas ce que je demande tous les jours à mes équipes.

Une chose demeure cependant : l’Université au sens où l’entendait les latins est toujours d’actualité. Il s’agit d’un véritable lieu d’échanges entre élèves et enseignants. C’est ainsi que l’éducation apprend et apprendra plus encore dans le futur ce qui ne vient pas naturellement : la sagesse.



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