Quel bilan pour la première décennie d’existence de l’Institut Supérieur des Sciences de la Mer de Nouadhibou (1/7) ?

L’Institut Supérieur des Sciences de la Mer est une entité de l’Académie Navale, créée en octobre 2014. Il est localisé à Nouadhibou. Le décret de création de l’Académie Navale en date du 24 octobre 2014 dans son article 16 Titre IV stipule que « l’Institut Supérieur des Sciences de la Mer est chargé de la formation des cadres et agents des administrations publiques et privées du secteur maritime et de la recherche appliquée ».

 De par notre mission régalienne, nous sommes donc mandatés par les pouvoirs publics à développer un double dispositif de formation :  initiale et continue. Cette spécificité de l’Institut, chargé à la fois de la formation supérieure initiale et la formation de base qualifiante, est très rare pour être signalée. Elle représente deux atouts principaux :

-       Formation professionnelle supérieure initiale pour répondre aux besoins de l’administration des pêches, de la recherche scientifique, du contrôle et de l’inspection de l’hygiène et de la qualité des produits de pêche pour accompagner une économie bleue en plein essor. Au niveau halieutique, le nombre d’unités industrielles dépassent les 150 usines localisées principalement à Nouadhibou (90 unités), nécessitant des ressources humaines hautement à moyennement qualifiées.

-       Une réponse à une demande sociale de réintégration professionnelle des jeunes déscolarisés pour les qualifier pour un métier lié au secteur maritime (ouvriers dans les usines de pêche, mareyeurs, classificateurs de poissons, spécialistes, de nettoyage industriel des usines, de luttes contre les nuisibles et agents de laboratoires d’inspection sanitaire….);

 L’objectif ici est de faire un bilan succinct de l’expérience de l’Institut en matière de formation et de recherche scientifique depuis sa création.

 Cette première livraison cherche à contribuer à stimuler une réflexion collective et constructive sur les divers aspects des réformes universitaires mauritaniens propres au système Licence Master Doctorat à la lumière de notre courte expérience à l’ISSM. Plusieurs questions ont émaillé notre parcours dont en particulier :

-       Comment concevoir et mettre en œuvre un programme de formation de qualité pour le secteur stratégique des pêches ?

-       Comment les orientations des pouvoirs publics mauritaniens vers plus de professionnalisation se traduisent dans les pratiques pédagogiques et les politiques de développement de l’ISSM ?

-       Comment assurer une évaluation efficiente, transparente et contradictoire de nos étudiants ?

-       Comment porter un regard plus qualitatif sur les modalités d’évaluation ?

-       Comment traduire les connaissances en compétences et ces dernières en performance ?

-       Comment mesurer la valeur de nos diplômes ?

-       Comment améliorer en continue l’offre de formation en licence professionnelle ?

-       Faut-il autoriser des enseignants-chercheurs à enseigner des matières pour lesquelles ils n’ont pas été formés afin de remplir leur charge horaire globale ?

-       Comment résoudre des problèmes de développement de demain quand les cadres et agents seront formés sur la base des approches pédagogiques usées, pour des compétences d’hier ?

-       Quelle est la qualité de l’enseignement et de l’encadrement à l’ISSM par rapport aux institutions similaires dans la zone nord-ouest africaine ?

-       Comment aligner les priorités de la recherche scientifique à un ensemble d’objectifs et d’attentes urgents, très diversifiés et non hiérarchisés de la Société mauritanienne et par ricochet à ceux des pouvoirs publics ?

-       En matière de recherche quelles communautés ou groupes d’utilisateurs considérées de façon prioritaire ?

-       Comment savoir si un programme de recherche donné sera plus important qu’un autre ?

-       Comment ériger la méritocratie en mode de gouvernance au sein de l’Institut ?

 Pour répondre à ces interrogations, nous passerons en revue les différentes étapes depuis la conception des programmes, basée principalement sur l’expérience anglosaxonne jusqu’à la mise en œuvre du système LMD au sein de l’ISSM en mettant l’accent sur les forces et les faiblesses.

 Il sera aussi question de pilotage et d’orientation et d’implication des opérateurs économiques dans la formation et l’encadrement des étudiants mais aussi en matière de recherche et d’innovation en promouvant des collaborations plus étroites avec les entreprises de pêche. Les résultats de recherche et d’innovation en interne ont servi à alimenter et à contextualiser nos enseignements. Ce qui a permis à son tour d’ouvrir de nouvelles opportunités d’emplois pour nos diplômés.

Pour l’ISSM, l’enseignement supérieur a trois missions complémentaires : formation, recherche et développement. Au niveau formation deux aspects sont considérés : former aux métiers d’aujourd’hui et préparer aux métiers de demain. Sinon il n’y aura plus d’emplois qualifiés dans les prochaines années. Il faut donc être à l’écoute de l’essentiel des nouvelles pratiques pédagogiques performantes et des besoins du marché de travail, les traduire dans des programmes de formation pertinents et novateurs et les transmettre aux étudiants avec efficacité. C’est ce qui explique la portée de notre devise : écouter l’avenir.

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